Le fameux tourisme économique, de nombreux Helvètes s’y livrent chaque week-end, notamment en prenant d’assaut les hypermarchés qui nichent juste de l’autre côté de la frontière. Mais, dès lors qu’il s’agit d’acheter une voiture à l’étranger, cette expérience tient plus du grand raid aventureux que des paisi-bles vacances balnéaires. Et pourtant, faire le déplacement peut rapporter gros.
Tout, en effet, est affaire de taxes, lesquelles ne seront pas perçues si la marchandise achetée quitte le territoire. Dans des pays où les montants exigés sont nettement plus élevés que la TVA qu’il faudra payer en entrant en Suisse, acheter une voiture est donc synonyme
de substantielles économies, même après déduction des frais inhérents à l’importation.
Ces avantages financiers ont du reste été relevés par la Commission européenne de la concurrence qui, dans son rapport bisannuel sur le prix des voitures neuves paru en début d’année, encourage les consommateurs à se rendre dans d’autres pays de l’Union européenne pour acheter leur véhicule. Mais, bien souvent, rien que l’idée des démarches administratives à entreprendre effraie le consommateur, qui préfère s’en remettre à son garagiste habituel.
Economie de 22%
Un de nos lecteurs a cependant tenté l’aventure en Allemagne. Et il est rentré ravi de son achat, un Renault Espace qu’il a payé 22% de moins qu’en Suisse. Certes, Ralf Schafhirt maîtrise l’allemand, ce qui est un avantage non négligeable dans le cas présent. Toutefois, il n’a pas trouvé que paperasserie était synonyme de tracasserie. Mais il faut, bien sûr, prendre le temps de faire les choses pas à pas et se renseigner à l’avance sur les formalités à entreprendre (lire encadré).
Et notre lecteur s’est aussi offert une aide intéressante en passant par un intermédiaire. La société Jütten & Koolen s’est chargée de lui trouver le véhicule qui l’intéressait. «Je dirais qu’il s’agissait plus d’une aide à l’achat, confie notre lecteur, visiblement staisfait du service. Je n’ai jamais eu l’impression qu’on me poussait à la consommation ou quoi que ce soit de ce genre.» Une fois le choix arrêté, la vente a été conclue par contrat et réglée par un leasing via une banque suisse. Si l’intermédiaire s’est chargé de quelques démarches, c’est Ralf Schafhirt qui a dû aller chercher lui-même sa voiture auprès du concessionnaire en Allemagne.
Mais, depuis, Jütten & Koolen a ouvert une agence à Niederhasli, dans le canton de Zurich. Du coup, moyennant 700 euros de plus pour le transport et le service, la société importe elle-même la voiture et c’est en territoire suisse que le client peut dès lors en prendre possession.
Au tarif détaxé
Pour l’instant, les vendeurs-importateurs de ce genre ne sont encore pas très nombreux, mais la situation pourrait évoluer sensiblement dès le 1er janvier 2005. En effet, à partir de cette date, un concessionnaire étranger aura théoriquement le droit d’ouvrir une succursale en territoire suisse. Et il pourra y écouler ses voitures au tarif hors taxes en vigueur dans son pays. Reste à voir si les constructeurs continueront à pratiquer des prix qui varient en fonction des taxes de chaque pays, ou s’ils édicteront alors un tarif unique.
Jacqueline Favez
démarches à entreprendre
Bien se préparer pour éviter quelques surprises
Si vous devez aller chercher vous-même votre voiture à l’étranger, voici les points auxquels faire attention, selon l’expérience faite par notre lecteur, Ralf Schafhirt.
• Prendre contact avec la douane suisse et se faire envoyer à l’avance les formulaires qu’il faudra remplir, puisque certains devront être munis de la signature du vendeur. Profiter de demander aussi une liste de tous les documents à présenter, ainsi que les emplacements des douanes qui peuvent procéder à ces formalités (toutes ne le font pas) et les horaires d’ouverture de ces bureaux.
• Demander à son assureur un contrat comprenant, si vous la désirez, la casco complète dès le jour de pri-se en charge du véhicule dans le pays d’origine. Sinon, votre véhicule ne sera couvert que par la RC liée aux plaques temporaires.
• Passer au Service des automobiles avec la carte grise du pays d’origine et la facture ou le contrat de vente, documents qu’on se sera fait envoyer à l’avance par le vendeur. Ceux-ci permettront d’obtenir des plaques temporaires. Mais attention: c’est une démarche à entreprendre juste avant d’aller chercher la voiture, les plaques temporaires n’étant délivrées que pour un délai assez court.
• Après les formalités d’achat, vérifier que le vendeur vous a remis le certificat de conformité et le certificat d’origine, pour le passage en douane. De même, on doit vous fournir le carnet de garantie, muni du tampon du garagiste étranger.
• Munissez-vous d’argent liquide car, à la douane, c’est du cash qui vous sera réclamé. Pour ne pas être pris de court, calculer à l’avance le montant de la taxe d’importation (4%) que vous devrez payer et ajoutez-y les 7,6% de TVA.
• Une fois en Suisse, il ne reste plus qu’à rendre les plaques temporaires et demander une immatriculation normale. Pour ce faire, une expertise sera exigée, ainsi qu’un contrôle antipollution.