L’uranium appauvri est utilisé dans l’armement, pour la fabrication de bateaux et d’avions, mais il ne touche guère les gens dans leur vie quotidienne. Sauf ceux qui détiendraient de la vaisselle orange fabriquée en France...
C’est ce qui découle d’une enquête de L’Hebdo parue au début février, qui a inquiété l’une de nos lectrices: «Comment savoir si l’on possède de la vaisselle radioactive?», se demande-t-elle.
Interdit en Suisse
En Suisse, l’usage de l’uranium appauvri dans les objets dits usuels, comme la vaisselle, est interdit depuis longtemps. Et les laboratoires cantonaux, chargés du contrôle, n’en ont pas détecté depuis de nombreuses années dans la céramique, affirme l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), qui centralise les données. Certes, il y a environ douze ans, des catelles
à l’uranium appauvri fabriquées en Suisse avaient été retirées du marché, mais depuis, plus rien.
Contrôles sporadiques
Les laboratoires cantonaux n’effectuent toutefois que des contrôles sporadiques. «Il n’est en effet pas exclu que des pièces en provenance de France contiennent de la substance radioactive», reconnaît Werner Zeller, de la division de radioprotection à l’OFSP.
La Cogema, qui produit le nucléaire français, n’a décidé qu’en février 2000 d’interrompre ses ventes d’uranium appauvri aux cristalleries et aux fabricants d’émaux. «Il est possible que les entreprises concernées recherchent de nouveaux fournisseurs, en France ou à l’étranger», déplore la CRIIRAD, une commission française réputée pour ses recherches sur la radioactivité. Et les stocks des magasins n’ont peut-être pas été épurés en l’espace d’un an.
Pour les consommateurs que nous sommes, il n’est donc pas déraisonnable de s’interroger sur la provenance de l’éventuelle céramique de couleur jaune-orange à orange foncé que nous détiendrions. Les inquiétudes sont également légitimes pour les bijoux comportant de l’émail de cette gamme de couleurs. «Il faut surtout suspecter les pièces – vaisselle ou bijoux – fabriquées de manière artisanale, remarque Corinne Castanier, directrice de la CRIIRAD. Le niveau de risque est faible, mais ce n’est pas un risque zéro. Il est inadmissible de banaliser ainsi une matière radioactive.»
Alors, que faire de sa vaisselle ou de son émail orange? Les laboratoires cantonaux sont à disposition du public pour des analyses, mais souvent contre rétribution. Et l’OFSP, de son côté, propose les services de sa division de radioprotection. Chacun peut s’y informer en composant le (031) 322 96 03, et faire contrôler sa vaisselle, gratuitement!
S. Pr