Les lentilles optiques journalières débarquaient l’an dernier avec fracas: plus besoin de procéder au nettoyage et à la conservation, puisqu’on les jette chaque soir après usage! Cette formule n’a cependant pas séduit les myopes helvétiques. D’abord à cause de son coût élevé: plus de 900 fr. par année, contre 400 à 500 fr. en moyenne pour des verres de contact habituels (y compris les produits d’entretien). Mais il est vrai que les opticiens eux-mêmes ne recommandent souvent la version «Kleenex» que pour des usages occasionnels, comme les vacances ou le sport.
Les myopes ne s’en détournent pas pour autant, mais ils optent pour une durée de vie plus longue: ils sont toujours plus nombreux à opter pour les verres de contact à jeter une fois par mois (plus rarement une fois tous les quinze jours), suivant ainsi les conseils des opticiens. «C’est comme pour le prêt-a-porter, commente l’un d’eux. Quand ça va, c’est très bien. Mais dans la moitié des cas environ, ça ne joue pas.»
Lentilles mensuelles
Les lentilles mensuelles sont vendues sur le marché en deux «tailles» différentes (s’adaptant aux courbures d’un œil standard), excluant des défauts particuliers, comme un fort astigmatisme.
Leurs avantages:
• Une plus grande propreté. Le nettoyage d’une lentille souple traditionnelle est parfois laborieux et les résidus peuvent troubler la vision ou provoquer des irritations. Mieux vaut, du point de vue de l’hygiène, passer chaque mois à un nouveau modèle.
• L’usage limité dans le temps permet de réaliser des verres plus fins, donc plus confortables.
• Un verre de contact égaré ou abîmé? Ce n’est que 15 fr. de perdus, au lieu de 170 fr. (prix moyen) pour une lentille traditionnelle! Les sportifs et les ados, particulièrement, apprécient.
Leurs inconvénients:
• Un prix annuel plus élevé: 600 fr., contre 400 à 500 fr. pour les lentilles souples ordinaires.
• Moins de matières à choix: les yeux nécessitant une importante oxygénation ne les supportent pas.
• Ce genre de lentilles pousse les gens à se passer de con- trôles de la vue. Certains les achètent sur la base de la correction indiquée pour leurs lunettes, alors qu’elle peut être différente pour les verres de contact. Il est même possible de commander ses lentilles aux Etats-Unis par Internet...
Mensuel ou non, c’est bien le verre de contact souple qui tient la vedette! La version traditionnelle (à changer tous les deux ans environ) peut s’adapter à des corrections toujours plus compliquées, réduisant ainsi l’avantage des lentilles mi-dures (ou flexibles). Pourtant, ces dernières sont généralement moins chères (elles restent valables souvent plus de deux ans) et sont plus faciles à nettoyer que les souples. Mais c’est au chapitre du confort qu’elles sont battues à plate couture: la période d’adaptation est en effet plus longue et la sensation de corps étranger dans l’œil peut persister.
Suzanne Pasquier
MARCHé STAGNANT
Et les lunettes?
Malgré tous les progrès techniques réalisés, le marché des verres de contact stagne depuis plusieurs années. 4 à 5% seulement des personnes souffrant d’un défaut de la vue sont conquis, essentiellement pour des raisons d’esthétique ou de confort (les lunettes gênent souvent les sportifs).
Pourquoi tant de réticences? Les lentilles viennent s’ajouter aux lunettes, dont il n’est pas possible de se passer complètement (une simple irritation de l’œil peut parfois empêcher la pose du verre de contact). Pour certains, tout cela revient trop cher. Et si l’assurance de base se montrera plus compréhensive envers les lentilles dès l’an prochain, elle ne versera toutefois pas plus de 200 fr. tous les cinq ans (tous les ans jusqu’à 15 ans), pour les deux méthodes de correction confondues!
Finances mises à part, nombreux sont ceux qui ne supportent pas l’idée de se mettre quelque chose sur la cornée, ou qui renoncent aux lentilles la quarantaine venue: à cet âge, la sensibilité de l’œil augmente et la presbytie fait souvent son apparition. Autant, alors, posséder une paire de lunettes corrigeant tout à la fois. Il existe pourtant des verres de contact pour presbytes, mais ils sont nettement moins performants que les besicles. Seules les personnes très soucieuses de leur apparence les utilisent.
S. Pr