Germes, uranium, arsenic: 12 eaux minérales non gazeuses sur 25 analysées par le magazine saldo sont insatisfaisantes.
Récemment, Bon à Savoir, en collaboration avec l’émission On en parle (RSR-La première), a analysé des échantillons d’eau potable prélevés dans 14 ménages romands ainsi que 6 eaux minérales vendues dans le commerce. Les résultats ont montré que certaines eaux sont loin d’être pures (lire BàS 5/2011 : «L’eau est le miroir du monde où nous vivons»).
Inspirés par notre enquête, nos collègues alémaniques du magazine saldo ont acheté 25 eaux minérales non gazeuses qu’ils ont envoyées en laboratoire afin de déceler l'éventuelle présence d’uranium et d’arsenic (ils se trouvent naturellement dans la roche, mais une quantité trop élevée dans l’eau peut nuire à la santé et même provoquer des cancers), ainsi que de germes. Certains sont en effet dangereux, comme les Escheria coli et les entérocoques, mais d’autres sont inoffensifs, comme les germes aérobies mésophiles, qui peuvent toutefois témoigner d’un problème d’hygiène.
Les résultats des analyses sont impressionnants: 6 eaux seulement sur 25 sont impeccables selon les critères de saldo et obtiennent ainsi l’appréciation globale «bon» (voir tableau). Elles ne contiennent ni germes, ni uranium, ni arsenic en quantités importantes. Mais pas moins de 12 eaux sont, en revanche, «insatisfaisantes». Des quantités plus élevées d’uranium et/ou de germes aérobies mésophiles ont été mesurées dans ces dernières. Bonne nouvelle toutefois: le laboratoire n’a pas décelé de germes dangereux pour la santé dans les 25 eaux analysées.
Confrontés aux résultats, les distributeurs ou fabricants des produits jugés insatisfaisants se prévalent de l’absence de valeurs limites en Suisse et affirment que leur eau est inoffensive pour la santé. Coop précise que le nombre de germes trouvés dans ses bouteilles dépend de la durée et de la température de stockage et n’a aucun lien avec un quelconque manque d’hygiène. Et evian n’y va pas de main morte, affirmant que la présence de germes en quantités importantes dans son produit prouve «qu’il s’agit d’une eau 100% naturelle».
Dans notre pays, en effet, il n’existe pas de valeur limite concernant l’uranium dans l’eau en bouteille. saldo s’est donc basé sur les valeurs limites allemandes. En ce qui concerne l’arsenic, la Confédération a fixé une valeur limite de 50 µg/l alors qu’elle est de 10 µg/l dans l’Union européenne, limite retenu par saldo pour ses calculs. Pour les germes aérobies mésophiles enfin, la loi suisse définit une valeur de tolérance pour l’eau dans le réseau de distribution (max. 300 UFC/ml) mais étonnamment pas pour l’eau en bouteille. La loi précise seulement que la valeur de tolérance ne doit pas dépasser 100 UFC/ml pour l’eau au captage.
Sébastien Sautebin