L’herpès génital est une maladie qui peut toucher tout le monde. Et depuis quelques années, le nombre de cas est en hausse. Aux Etats-Unis, la situation devient carrément alarmante: 30% d’augmentation au cours des treize dernières années, selon une étude publiée dans le New England Journal of Medicine. Le nombre de cas a même quintuplé chez les adolescents américains! «En Suisse, l’évolution n’est pas aussi grave, rassure le professeur Stanislaw Büchner, dermatologue à l’Hôpital cantonal de Bâle. Reste que chez nous aussi, on recense une hausse du nombre de cas, sans toutefois disposer de chiffres exacts.
A l’ère du sida et du préservatif, ce développement s’explique par divers facteurs.
- L’emploi du préservatif est insuffisant lorsque l’herpès s’étend au-delà des zones génitales.
- On peut aussi s’infecter lorsque les petites cloques caractéristiques ne sont pas visibles, ont constaté des chercheurs de l’Université Washington (Seattle): deux tiers des femmes examinées étaient contagieuses sans présenter de symptômes.
- L’herpès labial, en soi plus anodin, peut aussi se transmettre aux organes génitaux. Et quelque 80% de la population suisse souffrent de ces boutons de fièvre.
Fièvre et éruption
L’herpès génital se transmet aussi, mais plus rarement, sans rapports sexuels, par exemple par contact avec un siège de W.C. Car le virus peut survivre dans l’eau ou sur des surfaces humides chaudes. Et il a d’autres pouvoirs malfaisants, telle la faculté de se terrer longtemps dans l’organisme avant de faire sa première apparition désagréable (primo-infection). Si votre partenaire en souffre soudain, cela ne signifie donc pas qu’il vous a trompé. D’ailleurs, seul un porteur sur dix verra la maladie se manifester.
La primo-infection s’accompagne souvent de symptômes plus violents que les récidives: fièvre, douleurs dans la région génitale et éruption plus étendue. Tout épisode s’annonce par des picotements, des démangeaisons localisées – chez l’homme sur le fourreau de la verge, le prépuce et la muqueuse du gland; chez la femme sur la vulve et le col de l’utérus. Puis apparaissent de petites vésicules. Parallèlement, les ganglions lymphatiques peuvent gonfler au niveau de l’aine. Rapidement, les petites cloques éclatent, faisant place à des ulcérations très douloureuses. C’est alors que le risque de contagion est le plus élevé. Enfin, les lésions se muent en croûtes qui tombent.
Chez l’homme, les crises durent environ dix jours, chez la femme jusqu’à deux semaines. Selon la personne, elles peuvent être plus ou moins fréquentes (p.ex. mensuelles ou seulement deux fois par an). La récidive est notamment favorisée par le stress, les chocs émotionnels, une autre infection, la menstruation ou des vêtements trop serrés.
Pas de guérison définitive
Actuellement, on cherche toujours un vaccin contre l’herpès génital. Car aucun des nombreux traitements existants n’empêche les récidives ou guérit définitivement. Ils peuvent uniquement atténuer la douleur, raccourcir la crise et limiter l’étendue de l’irruption.
Enfin, les complications sont rares chez l’adulte. En revanche, un nouveau-né contaminé pendant l’accouchement risque une méningite herpétique ou une encéphalite mortelle. Le danger de contamination mère-enfant est notablement accru en cas de primo-infection de la femme en fin de grossesse. C’est pourquoi, les médecins préfèrent alors procéder à l’accouchement par césarienne.
Bibliographie: Questions de femmes, Dr Anne de Kervasdoué, Editions Odile Jacob, Paris, 1996 (dernière édition); Questions d’hommes, Dr Jean Belaïsch, Dr Anne Kervasdoué. Editions Odile Jacob, Paris 1996.
CONSEILS PRATIQUES
Prévenir la contamination
- Les rapports sexuels avec préservatif: diminuent considérablement le risque de contamination.
- Lors de vésicules d’herpès sur les parties génitales, mieux vaut éviter tout rapport sexuel jusqu’à ce qu’elles soient totalement cicatrisées.
- En cas de boutons de fièvre, éviter les rapports bucco-génitaux, car l’herpès labial peut également provoquer l’infection génitale.
- Ne partagez ni serviette
de bain ni lavette durant les crises. - Et dans tous les cas, dès les premiers symptômes, consultez rapidement un médecin.