C’est en Tunisie, l’été dernier, que Claude Mermier réalise l’une des plus mauvaises affaires de sa vie. Le jour de son arrivée à l’hôtel, le directeur d’un musée du tapis est présenté aux vacanciers. Il leur propose de participer à une excursion pour découvrir l’artisanat local. Cette auditrice s’inscrit, pour le plaisir des yeux, car a priori elle n’a pas l’intention d’acheter quoi que ce soit.
Un vrai crève-cœur
Or, elle tombe sous le charme d’un tapis pure soie, orné de fleurs de jasmin bleues. Il n’est pas donné certes, mais elle réussit à négocier un petit rabais: le prix définitif est fixé à 8000 fr. Il est alors convenu qu’elle recevra la marchandise à domicile, à condition qu’elle verse un acompte de 4000 fr. sur place – ce qu’elle fait immédiatement – le solde devant être réglé à la réception du paquet.
Et en effet, à son retour de vacances, Claude Mermier déballe son nouveau tapis. Mais, grosse déception, il ne correspond pas du tout au modèle qu’elle avait tant admiré en Tunisie. Celui-ci a des couleurs ternes et, vu son apparence, elle doute fortement qu’il puisse être en soie.
Elle s’empresse donc d’écrire au «Musée du tapis». Le directeur lui répond qu’il s’agit bien du modèle en soie qu’elle a choisi sur place. Peu convaincue, elle prend alors contact avec Serge Zehntner, un expert qui vient examiner le tapis. Résultat de l’expertise: la chaîne et la trame sont en coton, mais le tissu lui-même est bien en soie. Mais impossible de dire s’il s’agit du même tapis. En revanche, une chose est sûre: sa valeur ne dépasserait pas 4000 fr.! Cette auditrice a donc payé le double du prix qu’on lui aurait demandé en Suisse.
Difficile d’agir
Et, malheureusement, elle ne peut pas faire grand-chose. Difficile, en effet, d’entamer une procédure de poursuite à l’étranger. Et le marchand concerné, que Histoire d’en parler a tenté de contacter à maintes reprises, n’a jamais rappelé. Seule consolation: le tapis est bien en soie. «Même si, en réalité, il a été fabriqué à partir de résidus et non d’une soie de première qualité», explique Serge Zehntner.
Cet expert, qui a examiné le tapis de Claude Mermier, est aussi le président de l’Association pour un commerce loyal du tapis d’Orient: «Nombre de touristes, qui ont acheté un tapis en Turquie, au Maroc ou en Tunisie découvrent une fois en Suisse qu’ils l’ont payé beaucoup trop cher. Et même parfois, qu’il n’a pas été fabriqué dans le pays!» Avant de partir à l’étranger et de faire une folie, renseignez-vous donc sur les prix.
Eric Jaquier