Nous mangeons trop de sucre, souvent sans nous en rendre compte. Avec 110 grammes par jour, la population suisse en consomme en effet deux fois trop par rapport aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Conscient de ce problème de santé publique, le conseiller fédéral, Alain Berset, vient de fixer avec plusieurs fabricants et détaillants de nouveaux objectifs de réduction de la teneur en sucre des yogourts et des céréales pour le petit-déjeuner. Ces produits, pourtant présentés comme sains, font partie de ces aliments très transformés qui en contiennent beaucoup trop.
Concrètement, les teneurs en sucre diminueront d’ici à 2024 de 10% dans les yogourts et de 15% dans les céréales. Selon l’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV), les yogourts renfermaient, en 2018, en moyenne 8,8 grammes de sucre ajouté pour 100 grammes. Dans les céréales, la quantité de sucre atteignait 15 grammes pour 100 grammes. C’est beaucoup trop! Les objectifs fixés apparaissent dès lors bien modestes.
L’intervention des pouvoirs publics pour tenter de freiner l’épidémie d’obésité est à saluer, de même que la volonté d’intégrer l’industrie agroalimentaire dans les discussions. Reste que ces efforts sont trop légers. «Pas de taxes, ni de sanctions, ce n’est pas notre ADN politique», clame Alain Berset. Les engagements volontaires ne suffisent pas, la branche cherchant à tout prix à éviter des mesures contraignantes.
Le seul argument de la responsabilité individuelle est en tout cas irrecevable, alors que 41% de la population adulte est en surpoids. D’autres mesures sont nécessaires pour obtenir de véritables résultats. Il est indispensable de limiter le marketing agressif des aliments et des boissons destinés aux enfants. L’amélioration de l’étiquetage alimentaire, par le biais du Nutri-score, par exemple, est un autre cheval de bataille. Quant à l’introduction d’une taxe sur les boissons sucrées – une mesure prise par une trentaine de pays, mais qui ne convainc pas en Suisse – elle mérite d’être reconsidérée.
Alexandre Beuchat
