Saucisses, Coca-Cola, fromage fondu… Les phosphates se cachent un peu partout, sans qu’on le sache vraiment. Utilisés comme conservateurs, exhausteurs de goût, stabilisants ou régulateurs d’acidité, ils se traduisent sur les emballages par des codes E (lire encadré). Il est donc difficile de les repérer et peu de consommateurs sont conscients de leurs effets sur la santé, pourtant non négligeables.
Des risques sanitaires
Cinq médecins allemands ont passé au crible quelque 30 articles et études scientifiques sur la concentration de ces additifs et mettent en garde: il s’agit d’un problème de santé publique jusqu’ici sous-estimé. Selon ces spécialistes, les phosphates qui s’accumulent dans le sang sont dangereux, car ils sont susceptibles de calcifier les vaisseaux et les organes, d’accélérer le vieillissement et de faciliter l’ostéoporose et les crises cardiaques. Jusqu’à récemment, les médecins estimaient que les phosphates pouvaient surtout nuire aux patients en insuffisance rénale. Et pour cause: les reins endommagés éliminent moins bien les phosphates qui, du coup, s’accumulent dans le corps. Or, les chercheurs ont constaté que les personnes en bonne santé, soit avec un niveau de phosphates encore «normal», encouraient, eux un risque élevé de maladies cardiovasculaires.
Où ils se cachent
A qui la faute? Aux industries alimentaires, à la restauration rapide et aux produits finis qui contiennent une concentration élevée en phosphates. On en trouve par exemple dans les saucisses et la viande sous forme de stabilisant. Mais également dans les produits en poudre (le café au lait Nescafé E 339). Chez Migros, il y en a dans le fromage d’Italie en morceaux (E 450), dans les saucisses de Saint-Gall Olma (E 450 et E 452) et dans les Knackerli M-Classic (E 450, E 451 et E 452). Et, chez Coop, dans le jambon de derrière Naturafarm (E 450 et E 451).
Dans le fromage fondu, ces additifs sont utilisés en tant que sels de fonte, comme dans La vache qui rit (E 341, E 450 et E 452).
Dans les boissons fruitées et sucrées, les phosphates servent de régulateurs d’acidité. L’exemple le plus connu est sans aucun doute le Coca-Cola (E 338).
1000 mg au maximum
Depuis les années 1990, la consommation quotidienne de phosphates a doublé, pour passer de 500 milligrammes (mg) à 1000 mg! Pour Matthias Ried, nutritionniste, 1000 mg de phosphates par jour est la limite absolue. En mangeant un hamburger avec du fromage et un demi-litre de Coca, celle-ci est déjà dépassée. On peut dès lors supposer que les personnes qui mangent régulièrement des produits tout faits ont trop de phosphates dans le sang.
Mais comment le savoir? Difficile à dire, regrette Matthias Ried. On ne s’en rend compte que plus tard, en raison du durcissement des artères, d’une tendance plus marquée pour les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le vieillissement de la peau. Et pour ceux qui veulent limiter les risques? Là aussi, les informations sont insuffisantes. Sur les emballages, la quantité de ces additifs n’est pas précisée et leur présence est masquée par des numéros difficiles à décoder.
Face à ces reproches, l’Office fédéral de la santé publique estime qu’il n’y a pas de raison d’entrer en matière, compte tenu du manque de preuve qui permettrait d’établir un lien entre une consommation élevée en phosphates et une mortalité accrue.
Sabine Rindlisbacher / mt
DANS LE DÉTAIL
Les codes E en un clin d’œil
L’outil développé par Bon à Savoir, accessible sur notre site ou, en tout temps depuis son smartphone, permet de décoder ces additifs phosphatés et de discerner leurs potentiels dangers pour la santé. Prenons l’exemple du E 450: en entrant simplement son code à trois chiffres, on apprend qu’il s’agit d’un diphosphate disodique qui, à fortes doses, peut provoquer de nombreux dysfonctionnements du métabolisme (surtout ostéoporose, dépôts calcaires, diminution de l'absorption de certains minéraux), des risques d'allergies, d'asthme, d'hyperactivité et de troubles digestifs.
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