Un oiseau vient s’écraser contre l’une de vos fenêtres et gît sur le sol du balcon, inanimé. Que faire? Allez au plus vite à la Vaux-Lierre* à Etoy (VD). Là, l’oiseau blessé sera examiné, palpé et même – si nécessaire – radiographié, anesthésié et plâtré. Après une période dans une cage individuelle aux «soins intensifs», il sera déplacé dans une volière avec d’autres congénères. Puis, une fois la forme totalement retrouvée, il sera relâché.
Mais si la Vaux-Lierre est un centre unique de par les possibilités de soins qu’il offre, on ne s’acharne pas et on respecte toujours l’animal. «Notre objectif est de sauver les oiseaux sauvages ayant
subi des traumatismes, pour la plupart à cause de l’homme, via des baies vitrées, des voitures, etc., explique Jean-Charles Daiz, fondateur de La Vaux-Lierre. Mais nous n’allons pas à l’encontre de la nature. Seuls les animaux qui ont toutes les chances de survivre seront remis en liberté.»
Jean-Charles Daiz est un passionné d’ornithologie.
L’enseignant en biologie, qui s’est formé en gardien d’animaux, a créé La Vaux-Lierre en 1986 avec sa femme, Marianne. Elle partage sa passion, tout comme leurs trois enfants. Tous participent, avec l’aide de quelques autres bénévoles, au secours des volatiles. L’accueil se fait tous les jours, week-ends et soirées inclus. Les volières – qui ne se visitent pas pour préserver le calme des oiseaux – se dressent sur un terrain derrière la maison familiale.
Les époux Daiz collaborent avec des vétérinaires et sont également connus des zoos. Leur aventure a notamment été rendue possible grâce au soutien de la Société vaudoise de protection des animaux (SVPA) qui participe à raison de 50 000 fr. au budget annuel (80 000 fr.), par ailleurs financé par des dons.
En onze ans, plus de 8 000 oiseaux de quelque 140 espèces ont passé à La Vaux-Lierre. «45% sont relâchés, explique Mme Daiz. Les autres sont endormis ou placés dans des zoos pour la reproduction.» Comme cet aigle blessé – «le deuxième qu’on nous apporte en onze ans» – trouvé à Rossinière et qui servira de géniteur à un zoo français.
Au gré des saisons
De mai à juillet, le centre accueille jusqu’à trente oiseaux par jour. «On les amène de toute la Suisse romande, y compris du Valais et du Jura», raconte M. Daiz. L’automne et l’hiver sont des saisons plus calmes: «Nous avons par exemple eu beaucoup de buses blessées par des voitures en janvier dernier. Elles se rapprochent des autoroutes, où les vieux talus non labourés et vite déblayés de la neige sont riches en petits animaux», explique le spécialiste.
Enfin, sachez que La Vaux-Lierre s’occupe exclusivement d’oiseaux sauvages. «D’abord, nous ne voulons pas prendre des clients aux vétérinaires. De plus, les gens ont des liens trop affectifs avec leurs perruches, canaris, etc. Et c’est parfois déjà assez difficile de faire comprendre à quelqu’un que l’oiseau qu’il nous amène ne lui appartient pas, mais qu’il fait partie de la nature. D’ailleurs, sourit Marianne Daiz, en soignant les animaux, nous avons également appris à connaître beaucoup mieux les êtres humains.»
Ellen Weigand
*La Vaux-Lierre, 1163 Etoy, % et fax: (021)/808.74.95. Sur Internet: http//www.jardin.ch/LaVauxLierre.html donne des conseils et informations de saison sur les oiseaux sauvages.
COMMENT S’Y PRENDRE?
Savoir voler au secours
Marche à suivre lorsque vous trouvez un oiseau blessé ou malade:
• pour l’attraper et le manipuler, placez-le dans un morceau de tissu, il sera plus calme et vous serez protégé;
• mettez-le dans un carton percé, jamais dans une cage;
• ne lui donnez pas à manger (ni médicaments);
• ne le forcez pas à boire
(il risque d’étouffer);
• si vous ne pouvez pas l’amener vous-même, expédiez-le par poste, par exprès, en mentionnant sur le carton troué et pas trop spacieux (pour éviter le stress): «animal vivant».
• déposez-le dans un endroit calme, tempéré en attendant de l’amener à une station de soins;
• Comment les nourrir en hiver? Ne nourrissez les oiseaux sauvages qu’en cas de gel ou de neige. Evitez de donner du pain (il gonfle sans nourrir) et privilégiez les graisses végétales, les graines, les noix et les fruits secs.