«Verre après verre, l’eau vive des Alpes apporte à votre organisme tous les bienfaits
de sa minéralisation équilibrée pour régénérer vos cellules et purifie votre organisme.» Cette petite phrase élogieuse figure sur les étiquettes des bouteilles de Cristalp. Cette eau minérale n’a pourtant décroché que la mention «satisfaisant» lors du test mené avec notre partenaire alémanique K-Tipp. En cause, une teneur élevée en acétaldéhyde provenant de la bouteille en PET (polyéthylène téréphtalate) ainsi qu’en urane, un métal radioactif provenant de la croûte terrestre.
Substances néfastes
Pour mener à bien notre test, nous avons acheté 13 eaux minérales suisses et étrangères. Nous les avons confiées au laboratoire Simec, à Zofingue (AG), afin que ses spécialistes recherchent la présence des substances suivantes:
1 Antimoine – On retrouve cet élément dans la fabrication du PET. La valeur de tolérance en Suisse se situe à 5 microgrammes par litre d’eau. L’antimoine est susceptible de passer du PET à l’eau minérale. Le Cen-
tre international de recherche sur le cancer l’a classé comme possiblement cancérigène pour l’homme.
2 Urane – Ce métal radioactif provient de la roche. On le retrouve donc en quantités différentes dans les eaux de source selon leur provenance géographique. Il se fixe dans le corps et peut occasionner des cancers, endommager les organes et le patrimoine génétique. Malgré cela, aucune valeur limite n’a été fixée en Suisse. L’Office fédéral allemand de l’environnement a publié une valeur directrice de 10 microgrammes par litre d’eau. Celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 15 microgrammes par litre. Certains experts estiment toutefois que des quantités plus basses d’urane dans l’eau sont susceptibles de provoquer des problèmes de santé.
3 Acétaldéhyde – Cette substance est utilisée notamment dans la fabrication des bouteilles en PET. Comme l’antimoine, l’acétaldéhyde peut se transmettre du PET à l’eau minérale. La loi suisse indique que l’emballage ne doit pas modifier la saveur d’une denrée alimentaire. Or le goût de l’acétaldéhyde est perceptible dans l’eau à partir de 15 microgrammes par litre, et même moins pour les gourmets.
Deux mauvaises notes
Cinq eaux minérales de notre assortiment décrochent la mention «bon» et six autres sont jugées satisfaisantes. En revanche, deux marques récoltent une appréciation globale insatisfaisante à égalité de points: l’Aproz Classic et la San Pellegrino.
L’Aproz Classic contient les plus fortes teneurs en urane et en acétaldéhyde des eaux testées, deux substances présentes également en quantité importante dans la San Pellegrino.
Néanmoins, les résultats globaux de notre test rassurent puisque toutes les valeurs mesurées sont inférieures aux limites officielles. Il est par contre possible de faire encore mieux.
Michael Krachler de l’université d’Heidelberg, en Allemagne, souligne que le Japon a, par exemple, largement renoncé à l’utilisation d’antimoine. Une idée d’autant plus pertinente que les conditions de stockage de l’eau peuvent avoir de mauvaises incidences: «Plus l’eau reste longtemps dans la bouteille en PET, plus la teneur en antimoine est élevée. La lumière et la chaleur accentuent le processus», précise Michael Krachler.
Dès lors, faut-il s’inquiéter? Bien que l’antimoine soit soupçonné d’être cancérigène, les quantités trouvées dans les bouteilles testées ne présentent aucun risque, estime l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR).
Le BfR émet le même point de vue rassurant par rapport aux quantités d’acétaldéhyde que nous avons décelées. Cette substance, à l’instar de l’antimoine, passe plus facilement dans l’eau sous l’effet de la lumière et de la chaleur.
Le désagrément, pour cette substance, est donc avant tout gustatif, puisque l’acétaldéhyde peut changer le goût de l’eau même en petites quantités. On peut contourner ce risque en achetant son eau minérale dans des bouteilles en verre ou en buvant tout simplement l’eau du robinet.
Trop d’urane
Les eaux Aproz, San Pellegrino et M-Budget possèdent les plus fortes teneurs en urane de notre test. Les avis divergent quant à la dangerosité de l’urane. Bien plus sévère que l’OMS ou l’Etat allemand, qui recommandent respectivement une quantité maximale de 15 et 10 microgrammes par litre, l’expert Ewald Schnug, de l’Institut fédéral allemand de pédologie et de nutrition des plantes, considère qu’une présence de 2 microgrammes d’urane par litre doit à peine être considérée comme acceptable. Or, dans notre test, pas moins de huit eaux minérales dépassent cette quantité.
Les fabricants rétorquent qu’ils respectent les normes en vigueur. Nestlé et Migros affirment que les concentrations d’urane dans la San Pellegrino et l’Aproz ne sont pas dangereuses pour la santé. C’est la raison pour laquelle Migros précise n’avoir rien entrepris de particulier à ce sujet.
Beat Camenzind / séb
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Critères du test
Nous avons confié à l’institut allemand ipi, d’Esslingen, le soin de mettre à l’épreuve huit centrifugeuses, selon deux types de critère:
1 Extraction du jus – Les experts ont préparé des jus d’orange, de raisin et de légumes afin de mesurer la quantité de jus obtenue et le temps nécessaire à l’extraction.
2 Simplicité d’utilisation – Les experts se sont aussi penchés sur la simplicité d’utilisation des appareils. Objectif: déterminer la facilité avec laquelle on peut introduire les fruits dans l’appareil, examiner si les récipients à pulpe et à jus peuvent être vidés aisément et si l’appareil se laisse démonter et nettoyer sans problème. La sécurité et l’intensité sonore ont également été prises en compte.
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