La maladie de Crohn est une affection grave et incurable. L’inflammation chronique de la paroi de l’intestin provoque chez le malade des douleurs au ventre, de la fièvre et de la diarrhée avec du sang.
Une lectrice de Bon à Savoir, Michèle Burnand (nom d’emprunt), est atteinte de cette maladie à un degré particulièrement grave, ce qui l’a déjà obligée à de nombreux et longs séjours à l’hôpital, suivis de périodes de convalescence tout aussi longues. Elle est bien sûr dans l’incapacité de travailler et touche donc une rente d’invalide complète de l’Etat. Peu de chose en fait: l’AI verse 1799 fr. par mois et la caisse de pension 479 fr. Total: 2278 francs. En fait, Michèle Burnand n’arriverait pas à nouer les deux bouts sans l’aide régulière de ses parents (1000 fr. par mois).
Elle ne peut s’empêcher de se poser la question: qu’arrivera-t-il si son père perd son travail? Et que font des gens dans la même situation qui ne peuvent pas compter sur un soutien familial?
La solution: une assurance perte de gain privée, qui correspond à une rente d’invalidité supplémentaire. Elle entre en vigueur lorsque l’assuré malade ne peut plus espérer guérir et qu’il est déclaré invalide, ce qui correspond bien à une incapacité de gagner sa vie. De nombreuses compagnies parlent donc d’une assurance incapacité de gain.
Chère maladie
Première constatation: les personnes accidentées sont mieux assurées que celles devenues invalides suite à une maladie. Dans le premier cas, grâce à l’assurance accident, l’assurance invalidité et la caisse de pension, l’invalide touchera, la plupart du temps, 90% de son dernier salaire. En revanche, si l’invalidité est due à la maladie, les prestations généreuses de l’assurance accident tombent, et il ne reste que l’AI et la caisse de pension, avec des prestations extrêmement limitées, comme celles de Michèle. Or, l’invalidité suite à une maladie est dix fois plus fréquente que l’invalidité suite à un accident!
Il vaut donc mieux prendre sa destinée en main et – peut-être – contracter une assurance incapacité de gains complémentaire. En tel cas, il faut d’abord estimer la somme que l’on toucherait en cas d’invalidité.
Sommes assurées
Côté AI, les choses sont claires: la rente individuelle maximale se monte, en 1998, à 1990 fr. par mois (2010 fr. dès 1999). Mais seules les personnes qui ont toujours cotisé et qui ont bénéficié d’un salaire moyen (pour l’heure, environ 70 000 fr. par année) y ont droit. Les parents reçoivent encore une rente (max. 796 fr.) pour chaque enfant à charge. Il est plus difficile de s’y retrouver avec la caisse de pension. Certaines caisses n’assurent en effet que le minimum légal, d’autres se montrent nettement plus généreuses. Grosso modo, une personne bénéficiant d’un salaire moyen touche entre 25 et 50% du salaire assuré, mais cela dépend aussi de l’âge. Le montant de cette rente invalidité doit être mentionné sur votre certificat d’assurance. Dans le cas contraire, posez la question à votre employeur. Les parents, là aussi, ont droit à une (modeste) rente supplémentaire pour chaque enfant à charge.
Si l’addition de ces différentes rentes vous semble insuffisante par rapport à votre salaire actuel, il faut contracter une assurance complémentaire.
Notre comparaison
Dans notre comparaison, nous avons demandé une offre permettant à des personnes âgées entre 30 et 47 ans de toucher, en cas d’invalidité, une rente de 2000 fr. par mois jusqu’à la fin du contrat, qu’il faut faire coïncider avec l’âge de la retraite. Nous avons également retenu un délai de carence de 24 mois, ce qui veut dire que le malade est couvert pendant cette période par l’assurance de son employeur ou par une assurance indemnité journalière qu’il a lui-même contractée.
- Choisissez une compagnie d’assurance bon marché. Mais prêtez aussi attention au tableau d’appréciation des prestations (page suivante). La notation est basée sur une évaluation complète des conditions générales de l’entreprise. Elle a été effectuée par la société VZ Vermögens-Zentrum, à Zurich.
- N’assurez que le montant dont vous avez effectivement besoin. D’ailleurs, la compagnie d’assurance refusera d’assurer une somme qui dépasse de loin votre revenu actuel. Contrôlez de temps en temps votre couverture, en particulier si votre revenu augmente.
- Adaptez le délai de carence en fonction de la période durant laquelle vous êtes couvert par une assurance perte de gains, collective ou privée.
- Des personnes à très haut revenu, avec une assurance accident particulièrement élevée, peuvent exclure le risque accident de l’assurance invalidité, ce qui permet d’économiser environ 15% de la prime. Les mères aux foyer et les étudiants se garderont d’agir de la sorte.
- Les primes évoluant d’une manière linéaire, il est possible de calculer le montant pour une rente plus ou moins importante. Pour une rente de 1000 fr. par mois par exemple, se fonder sur la moitié de la prime demandée dans notre tableau.
- Prenez garde au délai de résiliation (pas plus d’un an!): l’expérience montre que de nombreux assurés souhaitent arrêter leur assurance avant terme.
- Optez pour des primes garanties, surtout si vous pensez devoir rester assuré longtemps. Certaines compagnies offrent en effet des primes relativement avantageuses, mais se gardent le droit de les augmenter pendant la durée du contrat.
- Deux compagnies d’assurance (La Suisse et Züritel) offrent un bonus final si aucune prestation n’a été versée. Un moyen de garder les clients jusqu’à la fin du contrat, car ce bonus n’est versé qu’à ce moment-là...
- Remplissez avec soin le questionnaire concernant votre santé. Des informations incomplètes ou fausses peuvent avoir de graves conséquences. Les personnes âgées ou désirant assurer une rente élevée se verront certainement imposer un contrôle médical, payé par la compagnie d’assurance.
- Toutes les compagnies retenues dans notre test ne paient une rente (partielle) qu’à partir d’un degré d’invalidité de 25%. Elles ne verseront une rente complète qu’à partir d’un degré d’invalidité de 66,6% (Züritel à partir de 85%). Le degré d’invalidité est déterminé par l’assurance invalidité.
- Lorsque la compagnie d’assurance paie des prestations, le client ne doit plus payer de primes. Mais dans un délai qui varie selon les compagnies (voir tableau). Lors d’une rente partielle, la libération de prime est fixée au prorata. A la Bâloise, l’assuré est aussi libéré du paiement des primes en cas de chômage, mais seulement pendant deux ans et contre un supplément de prime!
- Toutes les compagnies n’offrent pas la possibilité d’augmenter la rente assurée en cours de contrat (voir tableau ci-dessous). En tel cas, il faudra établir un nouveau contrat, avec des primes évidemment plus élevées puisque le client a pris de l’âge...
- Aucune compagnie ne paiera une rente pour une invalidité causée par une tentative de suicide ou une automutilation intentionnelle. La Bâloise et la Bernoise se gardent aussi le droit de refuser une rente aux personnes dépendantes de médicaments, drogues ou alcool. Züritel va encore plus loin: elle ne paie pas de rente lorsqu’un chômeur tombe psychiquement malade à cause de son statut et est déclaré invalide par ce fait.
- Si vous changez de profession ou si vous commencez à pratiquer un sport considéré comme dangereux pendant la durée du contrat, vous n’êtes en principe pas obligé de le signaler. Il n’y a, une fois encore, que Züritel qui exige d’en être informé.
- Lorsque vous avez accepté une proposition d’assurance, vous pouvez vous rétracter dans un délai de 7 à 14 jours selon la compagnie, mais jusqu’à réception du contrat à la Bernoise.
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré ci-contre.
De grandes différences pour une même protection
Le premier chiffre (à gauche) sur la barre correspond à la prime de la première année. Ce chiffre est mentionné sur les propositions des compagnies. Il indique donc l’ordre de grandeur des primes payables chaque année, mais elles peuvent changer pendant la durée du contrat (voir tableau de la page suivante). Certaines compagnies n’encaissent plus de primes durant les dernières années du contrat.
Le deuxième chiffre (servant de référence à notre classement) correspond à la prime totale nette pour toute la durée du contrat. Nous avons même déduits les intérêts que vous aurait rapportés cette somme placée sur un compte d’épargne à 4%. Seul ce chiffre permet de comparer correctement les compagnies d’assurance, puisque certaines d’entre elles demandent des primes plus élevées au début ou en fin de contrat. Il n’est cependant pas tout à fait fiable, puisqu’il contient aussi des excédents et des paiements de bonus qui dépendent du résultat financier de l’entreprise, et qui ne sont donc pas garantis.
Le tableau démontre que les hommes paient plus que les femmes et les personnes âgées plus que les plus jeunes. Et que les différences de primes entre les compagnies d’assurance sont parfois considérables!