Disgracieux et imprévisibles, les boutons d’acné ont traumatisé plus d’un adolescent. De fait, quelque 80% des garçons en souffrent après leur puberté, en pleine période de bouleversement hormonal. Les filles du même âge ainsi que les adultes ne sont pas toujours épargnés.
Pour faire disparaître une acné sévère, les traitements homéopathiques ou à base de crème et d’antibiotiques ne suffisent pas toujours. Certains médecins font alors appel à un puissant médicament: le Roaccutan. Ces cachets contiennent une substance active appelée «isotrétinoïne», dérivée de la vitamine A. Ses effets secondaires – assèchement de la peau, des lèvres, des yeux et de la muqueuse – la placent régulièrement sous le feu de la critique et interdisent toute grossesse pendant la durée du traitement.
Brûlures et décollements
Swissmedic, Institut suisse des produits pharmaceutiques, s’est récemment fendu d’une nouvelle mise en garde: «L’utilisation de Roaccutan peut occasionner des réactions cutanées sévères.» Connus sous les noms scientifiques d’«érythème exsudatif», de «syndrome de Stevens-Johnson» ou de «nécrolyse épidermique toxique», «ces effets indésirables peuvent être graves et entraîner une hospitalisation, une invalidité, des états potentiellement mortels, voire un décès».
Chez les personnes touchées, la peau rougit, se boursoufle et tombe en lambeaux, comme après une brûlure. De larges décollements de l’épiderme peuvent également survenir, mettant en jeu le pronostic vital. Plus de 60 cas ont été rapportés jusqu’à présent à l’échelle mondiale.
L’apparition de démangeaisons, par exemple au pli du coude ou sous les aisselles, est un premier indice. Elles se manifestent généralement dans les deux semaines qui suivent le début du traitement. Il faut alors arrêter ce dernier et consulter immédiatement un médecin.
Pour rappel, il y a huit ans, le Roaccutan avait déjà été dénoncé pour ses méfaits d’ordre psychique: agressivité, colères soudaines, état dépressif, etc. Dès l’apparition de ces symptômes, la médication doit être stoppée sur-le-champ.
Notices modifiées
Alors que le groupe pharmaceutique Roche, fabricant du Roaccutan, a activement contribué à la mise en garde de Swissmedic aux professionnels de la santé, il nuance le message en évoquant l’extrême rareté des réactions épidermiques: «Durant les 25 années écoulées depuis la mise sur le marché de Roaccutan Capsules, ce médicament a été prescrit à près de 16 millions de patients dans le monde entier.» Et Martina Rupp, porte-parole, d’ajouter que la notice dans l’emballage a été renouvelée, tout en précisant que le lien entre le Roaccutan et la dépression n’a pas été prouvé. Selon elle, un traitement couronné de succès pourrait, au contraire, en diminuer le risque.
Teva, Spirig, Mepha et Pierre Fabre, qui fabriquent des génériques du Roaccutan, ont également annoncé ce printemps la prochaine modification de leur notice. Ils insistent cependant sur la responsabilité du médecin traitant, qui ne devrait réserver ce médicament qu’à de très fortes acnés.
Ines Vogel / fob
CONSEILS PRATIQUES
Pour limiter les dégâts
Dans de nombreux cas, une acné forte et persistante aboutira à un traitement à base d’antibiotiques ou d’isotrétinoïne. Mais certains réflexes quotidiens permettent de limiter les dégâts causés par les acnés moyennes et légères (lire BàS 10/2009).
- Nettoyer la peau matin et soir pour minimiser le risque d’infection, en privilégiant des produits antibactériens ou des savons doux.
- Utiliser des crèmes solaires et hydratantes peu grasses.
- Limiter l’utilisation de maquillage et préférer des fonds de teint pour peaux acnéiques.
- Utiliser des gels ou lotions antiseptiques, disponibles sans ordonnance.
- Ne pas toucher, gratter ou manipuler les boutons.