Notre bon vieux portefeuille est voué à disparaître. C’est du moins le pari de nombreuses entreprises qui se sont lancées sur le marché des paiements mobiles (lire encadré). Jusqu’à peu, la dématérialisation de l’argent était un phénomène qui excluait les échanges courants entre particuliers. En dessous d’un certain montant, l’e-banking est en effet rarement utilisé: on ne prend pas le temps de demander le numéro IBAN d’un ami auquel on doit 20 fr. On préfère rembourser cash. Mais serait-ce encore le cas si un transfert d’argent en ligne était aussi rapide que l’envoi d’un message instantané?
Dans certains pays, comme le Danemark, les paiements mobiles entre particuliers sont déjà largement utilisés. En Suisse, plusieurs banques, des opérateurs et des start-up ont développé de tels outils. Nous avons retenu trois applications gratuites, disponibles sur iOS et Android, en français et fonctionnant sans publicité.
• Paymit (UBS Paymit)
Lancé, en mai dernier, par SIX, UBS et la Banque Cantonale de Zurich (ZKB), Paymit a récemment été rejoint par la Banque Cantonale Vaudoise (BCV), de Genève (BCGE), de Lucerne (LUKB) et Raiffeisen. Actuellement, les trois instigateurs du projet proposent, chacun, leur version de l’application, et les autres banques devraient suivre. Au jeu de la comparaison, c’est la mouture de UBS qui gagne par sa simplicité et sa volonté d’accueillir le plus grand nombre d’utilisateurs possible.
Un compte en banque et une carte de crédit suisses sont nécessaires (sauf, dans ce dernier cas, pour ceux qui ont un compte UBS). Une fois qu’on est inscrit, l’écran d’accueil propose simplement d’envoyer ou de recevoir de l’argent. Après avoir indiqué le montant, on sélectionne le destinataire dans ses contacts téléphoniques, qui reçoit alors une notification sur son smartphone pour confirmer la transaction. Le versement se fait en temps réel pour les clients UBS, mais demande un délai de quelques jours pour les autres.
• Mobino
Mobino est un véritable porte-monnaie mobile. Il faut commencer par charger de l’argent (virement bancaire, bulletin de versement ou prélèvement direct sur un compte grâce à une autorisation de prélèvement). Pour la suite, l’interface est aussi simple et intuitive que Paymit: sélection du montant, du destinataire et confirmation.
Point fort: l’utilisation n’est pas limitée à la Suisse. On peut, en effet, aussi envoyer et recevoir de l’argent avec des amis vivant dans la zone euro. Petite contrainte: si l’on souhaite reverser le solde de son porte-monnaie mobile sur son compte en banque, il faut, pour l’instant, écrire un petit courriel à Mobino. Toutefois, cela sera possible en pressant simplement sur un icone prévu à cet effet d’ici à quelques mois.
• MobilePay P2P
Développée par la Banque Migros, MobilePay P2P nécessite, elle aussi, un compte en banque et une carte de crédit suisse. En s’inscrivant, il faut donner des informations sur sa carte de crédit ou son compte PayPal. Comme avec les deux autres applications, on choisit dans ses contacts le bénéficiaire du transfert qui reçoit, ici, un SMS permettant de clore la transaction. Point fort: celui qui reçoit l’argent ne doit pas nécessairement installer l’application sur son smartphone. A la réception du SMS, il peut, en effet, simplement confirmer le remboursement en indiquant le numéro IBAN du compte à créditer.
Bernard Utz
Marché en mouvement
Le paiement mobile définit les transactions faites à l’aide d’un smartphone, notamment un paiement à la caisse d’un magasin (P2M) ou le transfert d’argent de particulier à particulier (P2P).
Plusieurs acteurs suisses du marché P2P ont déjà disparu, comme Tapit ou Klimpr. Alors que d’autres, tel Twint (qui propose déjà le P2M), vont prochainement l’intégrer. Des géants internationaux risquent également de s’intéresser à la Suisse, à l’instar de Google Wallet ou d’Apple Pay.