A l’achat d’un appareil électroménager ou électronique, beaucoup se laissent convaincre par le vendeur de conclure une extension de garantie, surtout si le prix paraît raisonnable. Il est toutefois impératif, au préalable, de lire attentivement les conditions générales. Et d’identifier les limites de la couverture. Car les surprises peuvent être de taille, comme le montre le témoignage de notre lecteur Pierre Conus.
En 2019, le Vaudois achète une machine à laver 550 fr. chez Mediamarkt pour sa fille Fanny. «Sachant qu’elle allait beaucoup l’utiliser en tant que maman de deux enfants, nous avons complété la garantie légale de deux ans par une prolongation de trois ans», confie-t-il. Prix de cette extension GPlus de Helvetic Warranty: 119 fr.
«Dommage total» pas si total
Cet été, constatant que le tambour ne ferme plus, la famille prend contact avec Helvetic Warranty. Par courriel, l’assureur répond que le sinistre est couvert, mais ajoute – sans avoir vu l’appareil – qu’«une réparation n’est économiquement pas rentable».
Les Conus recevront donc un bon d’achat Mediamarkt non remboursable de 110 fr. Le courriel précise: «Nous n’avons pas besoin de votre appareil défectueux, vous pouvez vous en débarrasser gratuitement dans n’importe quelle filiale Mediamarkt.»
Cette réponse stupéfie nos lecteurs, mais elle est conforme aux conditions générales (CGA) du contrat. Ces dernières stipulent qu’en cas de «dommage total», l’assuré reçoit un bon d’achat correspondant à la valeur de l’appareil au moment du sinistre (valeur vénale).
Selon les CGA, le dommage est considéré comme total non seulement lorsqu’une réparation est impossible, mais aussi «lorsqu’elle n’est pas rentable». Soit: quand le coût de l’intervention dépasse la valeur vénale de l’appareil. Et la courbe de dépréciation fixée dans le contrat est abrupte: la valeur vénale est de 60% du prix d’achat la première année, puis de 40% l’année d’après et de 20% au cours de la troisième. Selon cette échelle, le lave-linge des Conus valait 110 fr. lors du sinistre (20% de 550 fr.). Helwetic Warranty a estimé qu’une réparation coûterait davantage et a donc classé l’affaire en dommage total.
Réparations illusoires?
Selon Stella Zeco, porte-parole de Mediamarkt, «la réparation d’une machine à laver coûte, en règle générale, entre 300 fr. et 400 fr., mais cela dépend fortement du fabricant, de la disponibilité des pièces de rechange et du réseau de service du fabricant.»
Autrement dit, la garantie GPlus signée par les Conus exclut quasiment toute intervention d’un technicien pour les appareils bon marché! Pour preuve, la valeur vénale de leur lave-linge était de 330 fr. (60% de 550 fr.) la première année de couverture et 220 fr. la deuxième (40%), soit des montants qui risquaient déjà d’être inférieurs au coût d’une réparation.
Intérêt limité en entrée de gamme
Mediamarkt conteste que la GPlus soit sans intérêt pour l’entrée de gamme, d’autant plus que les valeurs vénales ont été augmentées en 2020 à 80%, 60% et 40% et que le prix a été baissé à 99 fr. Stella Zeco fournit un exemple: «Une machine, achetée 550 fr., tombe en panne la première année de prolongation et le technicien intervient (réparation: 280 fr.). Elle connaît à nouveau une panne la troisième année et le client reçoit un bon de 220 fr. L’assureur a pris en charge un coût de 500 fr. alors que le client a payé une prime de 99 fr.»
Pierre Conus n’a pas eu cette chance puisqu’il a reçu un bon d’achat de 110 fr. pour une couverture payée 119 fr. Heureusement, la famille est parvenue à résoudre elle-même le problème en limant le crochet du tambour.
Nos conseils:
- Lire les conditions générales, prendre en compte les limites de la couverture.
- Ne signer le contrat que si le coût de l’assurance se justifie par rapport au prix d’achat et au risque de panne.
- Vérifier si l’appareil bénéficie d’une garantie du constructeur plus longue que les deux ans légaux. Une extension est alors inutile.
Sébastien Sautebin
Hors garantie, gare au devis
Une lectrice genevoise a amené un casque audio dont la garantie était échue chez Fust pour réparation. Le vendeur lui a demandé 98 fr., qu’elle a compris comme étant «une avance sur réparation». L’appareil étant irréparable, elle s’attendait à recevoir son argent en retour, mais l’enseigne lui a remis un bon d’achat. Fust se défend en précisant que les 98 fr. constituent des frais de devis, qui ne devaient pas être remboursés. Une pratique légale, lorsque le client en a été informé au préalable. Chez Fust, le prix du devis est indiqué sur l’ordre de réparation signé par le client.
Nos conseils:
- Vérifier si l’objet est couvert par une garantie du constructeur plus longue.
- Demander si le devis est gratuit ou payant. Savoir aussi ce qu’il advient lorsqu’on refuse la réparation de l’appareil envoyé à l’atelier (en raison d’un coût trop élevé ou quand l’entreprise affirme qu’il est irréparable).
- Ne pas forcément s’adresser à l’enseigne qui a vendu l’objet. Penser aux amis bricoleurs de génie, aux réparateurs indépendants moins chers ou aux repair cafés.