«Quelles sont les règles à suivre pour optimiser la vente d’une obligation», nous a récemment demandé une lectrice. La question est pertinente, car, si choisir une valeur requiert du discernement, la céder est également tout un art!
Envisager de vendre une obligation – une reconnaissance de dette émise par un Etat ou une entreprise – est par ailleurs légitime: les taux d’intérêt offerts sont actuellement très bas. Cela s’explique par le jeu de l’offre et de la demande: du fait de la crise européenne, les investisseurs ont tendance à préférer des valeurs sûres, comme les obligations. Du coup, les émetteurs de ces dernières n’ont aucun avantage à offrir un taux d’intérêt élevé (ou coupon), sachant que leurs titres trouveront preneur quoi qu’il arrive. Ils vont donc mettre sur le marché des obligations faiblement rémunérées, à condition bien sûr que leur capacité de rembourser soit sans faille, comme celle de la Confédération, par exemple.
Profiter de la fluctuation des cours
Les obligations sont cotées en Bourse, donc sensibles aux variations du marché. Les titres déjà en circulation et offrant une bonne rémunération sont ainsi très recherchés, ce qui fait monter leur cours (valeur ou prix). La règle est donc la suivante: quand les taux du marché obligataire baissent, le cours des obligations augmente. A l’inverse, quand les taux montent, les prix diminuent.
Concrètement, pour vendre à bon compte, l’investisseur a intérêt à céder son titre obligataire lorsque le cours de celui-ci est supérieur au prix d’achat. C’est logique: un titre payé à l’époque 1000 fr. (100% à l’émission, dit aussi «au pair»), alors qu’il vaut aujourd’hui 1050 fr. (105%), permet de réaliser une plus-value à la vente. Tout l’art consiste dès lors à choisir le bon moment, juste avant que les taux remontent. Or, selon les experts, ces derniers ne devraient pas augmenter avant l’année prochaine.
Trop risqué? Pas de panique: l’investisseur peut choisir la sécurité et conserver son titre jusqu’à l’échéance. Si l’émetteur reste fiable, il aura alors la garantie de récupérer l’entier de sa mise, tout en touchant un intérêt fixe depuis l’achat.
Traitement fiscal
Pour peu qu’il accepte le jeu de la fluctuation des cours, l’investisseur peut être gagnant sur un autre tableau, celui du fisc. Les gains en capitaux n’étant pas imposés, la plus-value réalisée (les 50 fr. de notre exemple) est ainsi exonérée.
Mais ce n’est pas le cas du coupon, qui est imposé comme un revenu. Lorsqu’on s’apprête à vendre son obligation, il peut donc être préférable de la céder avant la date de distribution du coupon, car celle-ci fait foi aux yeux du fisc. L’investisseur récupérera alors les intérêts prorata temporis sans que ceux-ci soient taxés. Par exemple, un coupon annuel de 30 fr. offert par une obligation de 1000 fr. à 3% et dont la distribution s’effectue le 1er novembre sera imposé à hauteur d’environ 20% à 40% (en fonction du revenu et de la commune) si l’obligation est revendue après le 1er novembre. Mais, si l’obligation est cédée un mois plus tôt, les intérêts (27.50 fr.), versés en plus du prix de vente par l’acheteur, ne seront pas taxés!
Limiter les frais
Bien sûr, les frais bancaires (achat/vente, droits de garde, etc.) ne doivent pas être négligés, car ils rongent tant la plus-value que le coupon. Dès lors, mieux vaut passer par internet: cette solution revient moins cher que de téléphoner à son banquier. Parmi la dizaine de sites de boursicotage disponibles (lire «Boursicoter en ligne: la salade des tarifs», TCF 7/2009), le plus avantageux est Keytrade.
Une autre manière de limiter les frais est d’attendre l’échéance. Lorsque l’obligation est remboursée, seuls sont prélevés d’éventuels frais de virement, sur un compte épargne par exemple. En revanche, si l’on cède son titre, il va falloir payer, en plus, les frais de l’ordre de vente.
Nicolas Zeitoun