La crise n’y a rien changé: les Suisses voyagent beaucoup. Leurs destinations de prédilection? L’Europe et ses pays limitrophes comme l’Egypte, la Tunisie ou encore la Turquie. Un pépin de santé, pourtant, peut rapidement transformer votre séjour – et votre retour en Suisse – en un parcours du combattant. Deux exemples vous renseignent sur les prestations auxquelles vous avez droit.
En vacances culturelles à Paris, Mme Bourquin doit consulter un médecin pour une angine tenace.
Dans un Etat de l’Union européenne ou de l’AELE (Islande, Liechtenstein et Norvège), les traitements d’urgence relèvent de l’accord sur la libre circulation des personnes, en vigueur depuis 2002. En présentant sa carte d’assuré européenne, fournie gratuitement par toutes les caisses maladie, Mme Bourquin prouve son droit aux mêmes prestations et tarifs que les habitants du pays où elle séjourne.
En France, la participation aux coûts atteint 30% pour une consultation médicale, 40% pour des analyses de laboratoire prescrites par un médecin, 30% pour un traitement hospitalier ambulatoire, jusqu’à 20% pour un séjour hospitalier et peut atteindre 85% pour les médicaments prescrits sur ordonnance. Mais des variations importantes existent entre les pays. En Allemagne, par exemple, la participation de l’assuré ne dépasse jamais 10% des frais médicaux ou 10 ? de taxe forfaitaire par jour d’hospitalisation.
Remarque importante: comme notre vacancière aura déjà supporté la participation prévue par le système français, elle ne devra s’acquitter ni de la franchise ni de la quote-part imposées en Suisse.
Salarié dans une entreprise suisse, M. Mottet se casse le poignet durant un séjour de détente sur les plages tunisiennes.
Ce cas de figure présente deux différences essentielles par rapport à celui de Mme Bourquin. La première, c’est qu’il se produit en dehors de l’espace européen. Les frais de soins sont alors pris en charge jusqu’à concurrence du double des coûts qu’un tel traitement aurait entraînés dans le canton de domicile de l’assuré.
Généralement, le remboursement est versé à l’assuré après déduction de la franchise et de la quote-part (maximum 700 fr.). Pourtant, et c’est la deuxième différence, M. Mottet ne devra rien payer. La raison? Sa mésaventure correspond à un accident non professionnel, contre lequel tout salarié travaillant plus de huit heures par semaine en Suisse est obligatoirement assuré par son employeur. Autre avantage de l’assurance accidents par rapport à l’assurance obligatoire des soins: la couverture, pour plus de 25 000 fr., d’éventuels frais de rapatriement.
Pour les indépendants, par contre, ou ceux qui travaillent moins de huit heures par semaine auprès du même employeur, les accidents sont pris en charge par leur caisse maladie aux conditions de cette dernière. A moins d’avoir contracté une assurance accidents privée.
Frank-Olivier Baechler
Ce qu’il faut savoir
Quelques points à prendre en considération avant le départ à l’étranger:
- La carte d’assuré européenne se trouve généralement au verso de la carte d’assuré suisse (lire en p. 34). Elle vous fait défaut? Demandez un certificat provisoire à votre caisse maladie ou présentez-lui factures ainsi que reçus clairs et complets dès votre retour en Suisse. Un conseil valable à chaque fois qu’une participation financière vous est réclamée.
- Seuls les soins administrés en urgence par un prestataire public sont couverts par l’assurance de base. Si l’hôpital le plus proche est une clinique privée, le remboursement du double tarif prévaut (comme dans un pays hors UE/AELE). Dans le cas où l’assuré s’est délibérément fait soigner par un prestataire privé, la prise en charge des frais n’est pas garantie. Le tourisme médical, qui consiste à se faire soigner à moindre coût dans un pays étranger, n’est pas remboursé.
- La conclusion d’une assurance complémentaire offre deux avantages: elle prend en charge le dépassement du double tarif assuré par les assurances maladie ou accidents, dans certains pays hors UE/AELE coûteux (p. ex. Etats-Unis) et permet de bénéficier de prestations non couvertes par l’assurance maladie, comme le rapatriement.