Martin Kammermann de Horgen (ZH) en est resté baba: en payant le prix de son stationnement dans le parking de l’Hôtel de Ville de Berne avec sa carte EC, il n’a pas eu à entrer son code. L’automate a prélevé le montant dû sur son compte, sans vérifier si l’utilisateur du parking était bien le propriétaire légitime de la carte. De retour chez lui, M. Kammermann a aussitôt relu les conditions d’utilisation de la carte EC: il n’y est signalé nulle part qu’elle peut être utilisée sans code ou signature. Et dans deux filiales de l’UBS, on lui a répondu que c’était tout simplement impossible!
Pourtant, nul besoin de code dans une quarantaine de parkings couverts de Suisse, dont quatre en Suisse romande: ceux de Bellefontaine et de la Navigation à Lausanne, ainsi que les deux parkings couverts de Montreux. Justification: il s’agit d’automates fréquemment sollicités, devant lesquels se formeraient des files d’attente si tous les utilisateurs devaient y introduire leur code. «Ce sont toutefois les seules exceptions, atténue Jacques F. Bischoff de la direction d’Europay SA, qui commercialise la carte EC pour les banques. Comparé aux quelque 45 000 commerces acceptant cette carte en Suisse, c’est un nombre infime.»
Mais pourquoi les détenteurs de cartes EC n’ont-ils pas été informés de cette possibilité d’utilisation supplémentaire? Et pourquoi aucune banque ne le mentionne dans ses conditions générales? «Tout ceci est très ennuyeux, admet M. Bischoff. Nous ne voulions pas en faire grand cas pour 40 parkings couverts. Et nous ne voulions pas non plus exiger des banques un changement des conditions générales.»
Par ailleurs, utiliser l’EC sans code fait double emploi avec la nouvelle fonction Cash. Depuis deux ans, Europay investit des sommes énormes pour promouvoir ce porte-monnaie électronique à la puce dorée. Explication de M. Bischoff: Europay aurait introduit la possibilité d’utiliser l’EC sans code depuis 4 à 5 ans déjà, alors que Cash n’existait pas encore. «Mais nous allons essayer de convaincre les quarante exploitants des parkings couverts concernés d’utiliser une solution plus moderne. Je veux dire par là: soit la carte EC avec fonction Cash, soit la carte EC avec code.» Une telle adaptation implique cependant des investissements, et ne devrait donc pas avoir lieu du jour au lendemain.
Pour Martin Kammermann, il serait pourtant grand temps d’agir. «Si l’on peut désormais payer sans code avec la carte EC, elle ne m’intéresse plus, car sa sécurité n’est tout simplement plus garantie.» Il a raison. La personne qui trouve ou qui vole une carte perdue peut sans autre s’en servir au parking. Et comme les automates ne sont pas reliés directement au bureau central d’Europay, le blocage de la carte peut tarder, par exemple lors du week-end.
A noter cependant que, selon Jacques F. Bischoff, l’exploitant du parking ou le fonds de dédommagement des banques assumerait un prélèvement résultant d’une utilisation abusive de la carte EC dans un parking. A condition que le détenteur ait donné l’ordre du blocage au bureau central des cartes bancaires ((01) 271 22 30.
Maestro aussi sans code
Et quand bien même, un jour, on ne puisse plus utiliser la carte EC sans code en Suisse, le risque d’abus persistera à l’étranger. Car depuis peu, l’EC inclut la fonction Maestro. Elle permet, dans le monde entier, de retirer de l’argent liquide ou de payer dans les commerces affichant le logo Maestro en introduisant son code ou, comme avec une carte de crédit, au moyen de sa signature. Naturellement contre paiement d’une commission. Mais la fonction Maestro peut, elle aussi, parfois s’utiliser sans code, par exemple dans des péages autoroutiers français. Ce qui n’est pas spécifié dans les conditions générales.
«Nous n’avons malheureusement aucune influence là-dessus, remarque M. Bischoff. Il appartient aux banques de chaque pays de déterminer où la saisie du code est nécessaire et où elle ne l’est pas.» Conclusion pour les détenteurs de l’EC: gardez votre carte aussi précieusement que de l’argent liquide. Conseil également valable pour les cartes de crédit telles que Diners-Club, Eurocard et Visa, qui permettent par exemple de payer le téléphone et l’essence sans code.