Des chaussettes antidérapantes sont un accessoire indispensable pour un enfant qui commence à marcher. Pour lui éviter de glisser, les semelles de ces alternatives aux pantoufles sont pourvues de pastilles en PVC. Or, parfois les fabricants y ajoutent des phtalates pour leur donner souplesse et adhérence. Des substances soupçonnées d’endommager le foie, les reins et les organes de reproduction. Et comme les enfants adorent mâchouiller tout ce qui leur tombe sous la main, y compris leurs chaussettes-pantoufles, celles-ci, censées les protéger, peuvent aussi leur nuire.
Quelles socquettes antidérapantes offrent donc le meilleur maintien à Junior sans contenir d’ingrédients nocifs? Pour y répondre, Bon à Savoir en a fait tester dix paires. Les experts de l’Institut allemand Hohenstein se sont penchés sur les capacités antidérapantes et le maintien de la forme après lavage. Quant aux phtalates, ils ont été traqués par des spécialistes du laboratoire environnemental Wierz-Eggert-Jörissen.
Phases du test
• Phtalates: pour l’analyse chimique, les chercheurs se sont basés sur l’Ordonnance fédérale sur les objets usuels. Elle limite à 0,1% maximum (1 g/kg de PVC) le taux de produits nocifs entrant dans la composition des objets pour enfants souvent portés à la bouche, tels que biberons et lolettes. Mais certains objets ne sont pas pris en compte, telles les chaussettes. Une autre limitation officielle, fixée par le label textile Eco-Tex Standard 100, garantit également un taux maximal de 0,1% de substances toxiques.
• Forme: les chaussettes ont été enfilées sur la plus grande pointure donnée (exemple: un 21-24 a été mis sur un 24). Ces examens ont été effectués avant de laver les chaussettes, puis après cinq lavages.
Les meilleurs
Principal constat de notre test: l’usage des assouplissants nocifs reste fréquent. Seules deux marques sur dix ont donc mérité la mention «bon»:
• les H&M Socks, qui ne contiennent pas de phtalates, mais se déforment au lavage;
• les Baby Club de C&A, qui en renferment une quantité inférieure à 0,1% et ne se déforment pas. Elles ne sont classées que deuxièmes à cause des traces d’assouplissant trouvées.
Mais, selon les experts, il s’agit clairement d’une contamination extérieure, car il serait sans aucune utilité d’en mettre si peu.
Les plus nocifs
Tous les autres produits contenaient des phtalates en quantité trop importante. Avec un constat particulièrement inquiétant fait pour les chaussettes Ergee, vendues par Jelmoli: ses pastilles contiennent 20% de phtalates alors que le produit porte le label Eco-Tex-100! Selon Ergee, il doit s’agir d’une ancienne cargaison de chaussettes, pourvues par erreur d’étiquettes Eco-Tex. Pour Jean-Pierre Haug, du laboratoire suisse Testex et également organe de certification d’Eco-Tex, cette explication est inacceptable.
La plupart des pastilles antidérapantes testées contiennent environ 20% (soit 200 g/kg) de phtalates (voir tableau), et même 39% dans le cas des chaussettes Falke Catspads!
Les réactions des fabricants et des détaillants à ces résultats montrent qu’ils sont conscients du problème. Selon leurs dires, ils ne fabriqueront bientôt plus que des produits sans ces assouplissants nocifs.
• L’allemand Dobotex a retiré du marché toutes les chaussettes Puma. A l’avenir, on ne devrait pouvoir trouver que des socquettes de la marque sans phtalates.
• Migros dit avoir décidé l’automne dernier de ne vendre plus que des produits sans phtalates. Mais les anciens stocks sont encore en vente. La nouvelle génération a été annoncée pour ce mois.
• Coop a décidé en février de ne plus utiliser de phtalates dans les produits Naturaline, et au maximum 0,1% dans d’autres articles. Les nouveaux textiles apparaîtront en automne.
• Falke et le fabricant d’Ewers, Malerba, soulignent que les phtalates dans les chaussettes pour enfants sont sans danger. Malgré tout, ils auraient changé leur mode de fabrication et Bon à Savoir a dû acheter des chaussettes plus anciennes (ndlr: nous les avons achetées fin janvier dernier).
Un certain nombre de distributeurs, dont l’importateur de la marque Lollipop, avancent qu’il n’existe aucune limite légale à l’usage de phtalates des chaussettes antidérapantes.
• Storlek Nowali n’a pas
réagi à nos résultats.
Parties au lavage
Au test de forme après lavage, les Baby Club de C&A ont remporté les meilleurs résultats. A l’inverse, les Ewers Janosch, déjà à peine assez grandes avant la lessive, sont devenues bien trop étroites après.
Les chaussons Coop Fashion Socks, pour leur part, ont un autre point faible: leurs pastilles se sont décollées après cinq passages en machine. Pourtant, les instructions de lavage avaient été scrupuleusement respectées.
Rolf Muntwyler / vke