Chaque perle constitue un joyau unique par sa forme, son lustre et la subtilité de ses couleurs. Dès lors, la valeur d’un collier dépend de nombreux critères, liés non seulement à la qualité des perles, mais aussi aux goûts des consommateurs. Difficile dès lors, pour un amateur, de juger si le prix proposé est correct.
Valeur incertaine
Est-ce toujours le cas? «En principe, le marché suisse est cohérent», estime Peter Fischer, directeur de l’entreprise Golay Buchel & Cie SA, spécialisée dans les perles.
Or, l’expérience de Margrit Zimmermann permet d’en douter. Il y a moins d’une année, cette lectrice de Bon à Savoir a en effet acheté un collier de perles de culture Akoya pour sa sœur établie à Zurich (lire encadré). Prix affiché dans la bijouterie lausannoise: 5800 fr. Mais comme le magasin était en liquidation, elle l’a finalement obtenu pour 2500 fr. – en comptant un fermoir d’une valeur de 200 fr. Curieuse de savoir ce que vaut réellement ce collier, la sœur de notre lectrice l’a fait expertiser par quelques bijoutiers de la place zurichoise. Leurs estimations varient entre 1500 et 2500 fr. Mauvaise surprise pour Margrit Zimmermann, qui croyait avoir fait une bonne affaire: elle réalise que le collier ne vaut, au mieux, pas plus que le prix soldé, et se sent, bien sûr, flouée.
Comme les anciens propriétaires de la bijouterie concernée sont à l’étranger, il s’est révélé impossible de leur demander à quoi correspondaient leurs prix. Pour en savoir plus, nous avons donc sollicité l’avis de quelques spécialistes. «Le prix de 5800 fr. paraît surfait, reconnaît Peter Fischer, de Golay Buchel, après avoir examiné le collier qu’il estime valoir actuellement environ 3000 fr. Finalement, notre lectrice aurait donc quand même fait une bonne affaire. Autre hypothèse: «Il est possible que ce collier soit resté longtemps en stock et qu’il valait bien 5800 fr. au moment où il a été acquis par la bijouterie», remarque René Lauper, directeur adjoint de Frieden Creative Design. En effet, les prix ont beaucoup baissé ces dernières années.
Critères d’expertise
«Et attention aux expertises, met en garde Catherine Devincenti, gemmologiste et membre active de la Société suisse de gemmologie (SSG): beaucoup de bijoutiers manquent de compétences pour évaluer les perles. Mieux vaut s’adresser à un membre de la SSG», conseille-t-elle.
Encore faut-il demander à quoi correspond exactement l’expertise:
• A la valeur d’assurance (la plus haute), qui correspond à la valeur de remplacement?
• A la valeur vénale, c’est-à-dire la valeur de rachat en tenant compte du marché?
• Ou à la valeur de succession (la plus basse): situation de liquidation?
Conclusion: l’achat d’un collier de perles est avant tout une affaire de confiance. Mais rien n’empêche de comparer ce qui existe sur le marché et de demander au bijoutier de justifier ses prix en expliquant quels sont les qualités et les défauts de ses différents modèles. Sophie Reymondin
fixation des prix
Plus une perle est rare, plus son prix est élevé
Le prix des colliers de perles ne varie pas seulement selon des critères objectifs de qualité, mais aussi en fonction de l’offre et de la demande:
• Critères objectifs
Golay Buchel & Cie SA a défini cinq critères pour l’attribution de son label de qualité: surface de la perle, épaisseur de la nacre, lustre, harmonie des couleurs et type de perles. Mais attention: d’autres marques ont établi leur propre label. Et il est difficile de les comparer entre eux, même s’ils répondent à des critères relativement similaires.
• Critères subjectifs
La forme de la perle est
très importante, puisque les rondes — qui représentent moins de 10% de la production — sont en général préférées aux baroques (perles de forme irrégulière). Important aussi: la couleur (préférence pour les blanches). Enfin, la rareté est un critère essentiel: plus le diamètre de la perle est élevé, plus elle est chère. Le type de la perle est donc primordial, puisque c’est lui qui va influencer ces différents critères. Il existe notamment cinq types de perles sur le marché, toutes d’élevage:
• Les perles Akoya du Japon de couleur blanche, légèrement rosée, bleutée ou jaune (entre 3 et 9 mm de diamètre environ).
• Les perles blanches des mers du Sud, aux reflets argentés, roses, bleus, gris ou verts (jusqu’à 15 mm de diamètre).
• Les perles de Tahïti noires ou grises avec des reflets rouges, bleus ou verts (entre 8 et 15 mm).
• Les perles d’eau douce blanches, rosées, pêches ou violettes (2 à 12 mm de diamètre environ).
• Et les perles Keshi: perles sans noyau de formes irrégulières. Toutes régions, variétés d’huîtres et couleurs.