Les déodorants en spray garnissent les rayons des grandes surfaces. Mais sont-ils totalement inoffensifs pour la santé? Afin de le savoir, nous en avons acheté douze de différentes marques, dont cinq destinés aux femmes, trois unisexes et quatre pour hommes, que nous avons envoyés à deux laboratoires. Le premier a analysé le diamètre des particules vaporisées. Le second a recherché des substances préoccupantes comme les composés polycycliques et les parfums allergènes (lire encadré).
Les résultats
Seul le produit Lavera a pleinement convaincu les experts et obtient l’appréciation «très bon». Deux déodorants féminins, le Pink Passion de Fa et le Pure Invisible de Nivea, sont «bon». Par contre, sept produits s’avèrent «peu satisfaisant» en raison principalement de la présence élevée de particules fines. Une partie des gouttelettes vaporisées par la plupart des sprays sont en effet si fines qu’elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons. Et ce n’est pas toujours anodin pour la santé. Le pneumologue zurichois Karl Klinger conseille ainsi de renoncer à utiliser un spray chaque fois que cela est possible: «Ils constituent juste un moyen confortable d’appliquer un produit. Pour les déodorants, il existe d’autres systèmes permettant d’arriver au même résultat.»
Silence des fabricants
Le Lavera, leader du test, obtient les meilleurs résultats d’émission de microparticules avec un taux très bas de 0,6%. Ce spray possède un système de pompe. Tous les autres fonctionnent avec un gaz propulseur et projettent ainsi davantage de microparticules. Les experts ont même relevé des valeurs alarmantes dans Rexona Women Cotton Dry, Rexona Girl Tropical Power et Nivea For Men Dry Impact 24 h. Les pulvérisations de ces trois produits contiennent plus de 60% de microparticules. Le spray Prix Garantie ne fait guère mieux avec 59,2%.
Il est pourtant possible de fabriquer des sprays à gaz propulseurs contenant beaucoup moins de microparticules, la preuve: Fa Pink Passion et Niveau Pure Invisible affichent, chacun, un taux inférieur à 15%, soit quatre fois moins que les valeurs les plus élevées décelées par le laboratoire.
Nous avons contacté les fabricants pour les confronter aux résultats du test. De manière assez stupéfiante, aucun d’entre eux n’a souhaité commenter nos résultats.
Parfums allergènes
Généralement, les sprays contiennent un ou plusieurs parfums pour lutter contre les mauvaises odeurs. Or, les substances aromatiques peuvent être responsables de réactions allergiques. Les trois déodorants pour hommes Axe African Bodyspray, Nivea For Men Dry Impact 24 h et Adidas Action 3 Intensive contiennent un parfum avec un haut potentiel allergène. Nous les avons donc pénalisés de 0,5 point sur leur note finale.
Nous avons trouvé des composés de muscs polycycliques dans Rexona Men Cobalt, Axe African Bodyspray et Adidas Action 3 Intensive. Ces muscs sont susceptibles d’agir sur le système hormonal. Raison pour laquelle leur présence a entraîné une pénalité de 0,5 point (moins de 100 mg/kg) ou de 1 point (plus de 100 mg/kg).
Sels d’aluminium
La transpiration, en elle-même, est inodore. Elle a pour but de régulariser la température du corps. Seules les sécrétions des glandes apocrines, situées aux aisselles et à l'aine, dégagent une odeur, qui est encore plus prononcée lorsque les sécrétions sont colonisées par des bactéries. Comme les parfums ne protègent qu’imparfaitement contre ces odeurs, les fabricants ajoutent des substances tueuses de bactéries. Trois déodorants contiennent ainsi de l’alcool, qui a des propriétés antibactériennes: Fa Pink Passion, Lavera et Axe African Bodyspray.
Tous les autres contiennent des sels d’aluminium. Efficaces, ces derniers peuvent toutefois provoquer des irritations de la peau et des démangeaisons chez les personnes sensibles (lire encadré). Leur présence varie fortement selon les sprays: Rexona Women Cotton Dry, Nivea Pure Invisible, Rexona Men Cobalt et Adidas Action 3 Intensive en contiennent moins de 5%. Les déos Dove Silk Drive, Rexona Girl Tropical Power, M-Budget Deo Spray, Prix Garantie Spray déodorant et Nivea For Men Dry Impact 24 h en contiennent plus de 5%. Le record est détenu par le Dove Silk Dry avec 9,3% de sels d’aluminium.
Jeannette Büchel / séb.
Les critères du test
La société Wori, à Bobritzsch (Allemagne), a analysé la taille des gouttelettes diffusées par les déodorants en spray. Les mesures ont été effectuées à 15 centimètres du vaporisateur avec un laser optique.
- Microparticules inhalables – Les particules dont le diamètre est inférieur à 10 millièmes de millimètre pénètrent profondément dans les poumons où elles peuvent provoquer des inflammations responsables de toux et d’expectorations. Pour les personnes fragiles, cela peut mener à un rétrécissement des voies respiratoires susceptible d’entraîner des crises d’étouffement.
Le laboratoire Eurofins Consumer Product Testing, de Hambourg, a, lui, traqué les matières préoccupantes. - Substances aromatiques allergènes – Depuis 2007, les fabricants doivent déclarer séparément
26 substances hautement allergènes quand leur présence dépasse 10 mg/kg. - Composés de muscs polycycliques – Ils s’accumulent dans le corps humain ainsi que dans l’environnement et se décomposent mal. Ils sont notamment accusés de perturber le patrimoine héréditaire et d’influencer le taux hormonal. La loi ne fixe pourtant pas de limites maximales.
- Sels d’aluminium – Ils rétrécissent les pores et réduisent la formation de sueur. Les personnes sensibles réagissent par des irritations de la peau et des démangeaisons.
Pas plus d’une application par jour
Beaucoup de déodorants contiennent des sels d’aluminium. Ces derniers ont la propriété de resserrer les pores de la peau et donc de limiter la transpiration. Leur efficacité est avérée, mais ils peuvent provoquer des irritations de la peau, et des démangeaisons chez les personnes sensibles. Il est donc conseillé de les utiliser avec parcimonie, pas plus d’une fois par jour. Les personnes qui transpirent beaucoup et en sont incommodées peuvent s’adresser à un dermatologue. Celui-ci prescrira un déodorant dont la teneur en sels d’aluminium est supérieure à celle des produits vendus dans le commerce. Certains sites internet font état d’un lien entre le cancer du sein et les sels d’aluminium. La Ligue suisse contre le cancer estime qu’il s’agit d’une information erronée. Selon elle, il n’existe pas, à ce jour, de preuves scientifiques permettant d’affirmer que les déodorants peuvent être à l’origine de cancers du sein. Ce point de vue est partagé par l’American Cancer Society.