Pendant longtemps, la chirurgie était le seul moyen de soigner les maladies thyroïdiennes, en particulier les gros goitres et l’hyperthyroïdie (lire BAS 6/03). C’est d’ailleurs un Suisse, Théodore Kocher, qui a mis au point une technique de thyroïdectomie plus simple, ce qui lui valut le prix Nobel de médecine en 1909. Aujourd’hui, les traitements médicaux sont nettement plus évolués et ont diminué les indications chirurgicales.
Voici comment on soigne en général les principaux désordres de la glande thyroïde.
Traitements
>L’hyperthyroïdie: quelle que soit la cause de ce dérèglement (surproduction d’hormones), il est en général combattu par un traitement médical qui freine l’activité de la glande. Il est administré pendant 12 à 18 mois, avec des adaptations régulières du dosage. En cas d’échec, la chirurgie (lire plus loin) permet en général la guérison rapide.
>L’hypothyroïdie: ce trouble (sous-production d’hormones) est soigné par la prise quotidienne, à vie, de lévothyroxine. A part devoir avaler ces pilules tous les jours, il n’y a pas d’effets indésirables, puisqu’on remplace simplement l’hormo-ne thyroïdienne manquante. Toutefois, il faut régulièrement faire contrôler si le dosage est toujours adapté.
Ce dysfonctionnement peut aussi être dû à la prise d’un autre médicament. Il suffit alors d’arrêter ce traitement pour que la glande reprenne son fonctionnement normal après quelques mois.
>La thyroïdite: cette inflammation est traitée par la prise d’anti-inflammatoires (cortisone si nécessaire). Une inflammation chronique risque d’entraîner une hypothyroïdie définitive.
>Le goitre (augmentation de la taille de la thyroïde, soit de toute la glande, soit à cause d’un ou plusieurs nodules), sans dérèglement des fonctions thyroïdiennes, se traite aussi avec de la lévothyroxine, mettant la glande au repos. Mais le goitre réapparaît dès l’arrêt du traitement. S’il devient trop gros, l’ablation partielle peut être nécessaire.
Quand opérer
L’opération reste une partie essentielle du traitement pour plusieurs maladies thyroïdiennes ou lorsque les médicaments n’ont pas l’effet escompté, en particulier:
>En cas de nodules (petites tumeurs) de la glande thyroïde, notamment parce qu’ils peuvent être malins ou augmenter le volume de la glande et peser sur la trachée et le tube de déglutition.
>Si le patient souffre d’hyperthyroïdie, notamment accompagnée de nodules.
L’opération se fait sous anesthésie générale, par une petite incision dans la portion centrale inférieure du cou.
Elle est simple, mais nécessite une expérience importante. Selon l’affection, en particulier lorsque il s’agit de nodules bénins, seule une partie (la moitié ou plus) de la thyroïde est ôtée. L’analyse des tissus se fait pendant l’intervention, afin de n’avoir pas à réopérer. Le restant de la glande est enlevé immédiatement s’il s’agit d’un cancer. Dès lors le médecin vérifie encore si la tumeur s’est étendue aux ganglions lymphatiques du cou. Cela peut
nécessiter leur ablation, entraînant un léger changement de la fonction thyroïdienne.
Si les deux lobes ont augmenté de volume, causant une oppression, il peut également être nécessaire d’ôter la majorité de la glande.
Deux jours après l’opération, les points de suture sont enlevés. Le patient peut en général rentrer chez lui après quelques jours. Les personnes ayant subi une telle intervention se rétablissent vite.
Ensuite, il est recommandé de prendre un substitut d’hormones thyroïdiennes, pour prévenir une éventuelle hypothyroïdie, l’apparition de tumeurs ou une récidive de goitre.
Si le patient était atteint d’un cancer, il devra probablement encore suivre un traitement au iode radioactif. Mais le traitement chirurgical du cancer thyroïdien est exceptionnellement efficace et le taux de guérison particulièrement élevé. Après la convalescence, les patients devraient donc pouvoir jouir d’une bonne santé.
Ellen Weigand
En savoir plus: http://perso.wanadoo.fr/evl2000/thyro.htm
Après l’opération
Mal de gorge passager
Immédiatement après l’opération, le patient ressent, à l’endroit de la cicatrice une enflure du cou, un mal de gorge et il a de la peine à avaler. Il peut aussi avoir la nuque raide pendant quelques jours ou semaines, à cause de la position du cou, tête en arrière, durant l’intervention. Lorsque (parfois) du liquide s’accumule sous l’incision, elle est vidée à l’aide d’une seringue. Dans de rares cas, il faut rouvrir l’incision pour cela.
La voix du patient sera légèrement déréglée, à cause d’un genre de laryngite (causé par l’irritation due au tube anesthésique). Ces symptômes disparaissent en quelques semaines ou quelques mois.