Son nom a le mérite d'être explicite: nobanco. Ou comment passer outre le système bancaire tout en profitant de ses avantages, promet le communiqué de presse que nous a récemment transmis l'un de nos lecteurs. On y découvre une offre originale de paiement et d’encaissement bientôt disponible sur internet, proposée par «la première communauté dédiée aux opérations financières». Une offre «low cost», sans frais de gestion, qui s’adresse «à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas utiliser les services d’une banque ou d’un intermédiaire financier traditionnel». Autrement dit aux interdits bancaires, aux personnes sans papiers ou sans domicile, ou encore aux gens préférant rester discrets sur leurs transactions. Aïe, rien pour rassurer! Etabli en France, le système sera pourtant accessible depuis la Suisse, puisque tous les services sont rendus en ligne.
Voyons dès lors son fonctionnement. Un e-mail et un mot de passe suffiront à ouvrir un compte client gratuitement. Le membre, ou quelqu’un d’autre, pourra alors l’approvisionner par les moyens de paiement classiques. Mais l’argent n'est pas déposé sur un compte de dépôt ou de paiement, nobanco en devient provisoirement le propriétaire. Ce qui pose un problème: en cas de faillite, les client n'auront que leurs yeux pour pleurer, contrairement aux dépôts faits dans les banques où l'épargne est garantie jusqu'à 100 000 fr. par compte, en Suisse du moins.
En revanche, selon Pierre Favier, le fondateur de nobanco contacté par notre rédaction, les sommes déposées ne seront pas placées, mais resteront en permanence à disposition pour répondre aux demandes des membres. Comment alors la société peut-elle rémunérer son travail? Par des frais demandés pour presque chaque transaction, pas nécessairement plus avantageux que ceux prélevés par les banques classiques. Pour utiliser une carte Mastercard prépayée (impossible de dépenser plus que l'argent versé au préalable), le client devra par exemple débourser 1,50 euro par transaction et 2% pour un retrait au bancomat.
Dès lors, qu'est-ce qui peut bien pousser le quidam à adopter ce type de concept? Strictement rien, même si nobanco met en avant l’aspect économique des paiements directs entre membres, gratuit jusqu’à 100 euros. Les interdits bancaires ou les clandestins pourraient en revanche y trouver une planche de salut, mais l'est-elle vraiment? Du moment qu'ils doivent verser l'argent à l'avance, c'est qu'ils l'ont. A partir de là, vu les frais et les risques pris dans ce type d'opération, ne vaut-il pas mieux payer cash ce qui peut l'être et faire ses paiements depuis un guichet postal par exemple?
Réane Ahmad