Conduire une voiture exige de nombreuses compétences, dont une particulièrement importante en hiver: savoir monter des chaînes à neige. Or, cette tâche est souvent mal maîtrisée par les automobilistes. Pour leur faciliter le travail, certains fabricants font depuis quelques années un effort en rendant leurs produits plus «visuels», par exemple en colorant les éléments à assembler, ou en illustrant leur mode d’emploi de grandes photos.
Bon à Savoir et l’équipe d’On en parle (RSR) ont décidé de vérifier si mettre une chaîne était enfin devenu un jeu d’enfant. Nous avons donc fait monter cinq modèles à cinq personnes.
Disons-le d’emblée: ce n’est pas forcément une partie de plaisir. Mais les efforts de certains fabricants portent leurs fruits: les produits conçus pour faciliter le travail au conducteur arrivent en tête.
Ainsi, la chaîne Milz Easy, très colorée, a été montée en moyenne en 4,48 minutes. Elle est donc première du classement (voir tableau ci-dessous). En revanche, les participants ont eu besoin de près du double de temps, soit 9,08 minutes, pour démêler les chaînes unicolores Pewag Sportmatik et les placer correctement sur une roue. Celles-ci arrivent donc en cinquième – et dernière – position.
Déroulement de l’essai
Les enquêteurs ont pris pour référence le test «chaînes à neige 2004» du TCS, dans lequel le montage et la maniabilité comptaient pour 40% de la note finale. Les modèles à montage rapide n’ont pas été pris en compte, car certains exigent la pose d’un adaptateur et leur prix est élevé (entre 390 et 533 fr.). En outre, leur tenue sur neige et glace est nettement moins bonne que celle des chaînes classiques.
Nous avons donc choisi les cinq produits traditionnels arrivés en tête du classement général du TCS:
> König Fly;
> Milz Easy;
> Ottinger Speedspur Maxi;
> Pewag Brenta-C;
> Pewag Sportmatik.
Le TCS a mis à notre disposition cinq Renault Clio (dimension des pneus: R14 165/65), ainsi qu’un local dans son centre d’entraînement à Cossonay (VD). C’est là que cinq personnes ont participé à l’essai (voir ci-contre), dont deux (Sandra Pralong et Gianluca Sorrentino) n’avaient encore jamais monté de chaînes. Chacun a dû mettre en place, l’une après l’au-tre, une chaîne de chaque marque sur l’une des roues avant. A chaque fois, le temps a été chronométré, avec une limite maximale fixée à 15 minutes par chaîne. Par ailleurs, l’ordre de montage a également été pris en compte, afin de juger tous les modèles de manière équitable. En effet, après avoir mis les premières chaînes, l’expérience aidant, le temps nécessaire pour les autres s’est réduit chez pratiquement tous les testeurs.
L’importance du mode d’emploi
Premier constat: l’importance du mode d’emploi. S’il est rédigé dans un langage simple et illustré de photos explicites, il facilite vraiment le montage. Ainsi, les intervenants ont apprécié le dépliant plastifié du modèle Milz Easy – pratique à ouvrir dans la neige! Et ses photos détaillées, avec des flèches montrant le sens du mouvement à effectuer, suffisent déjà à placer juste la chaîne. Par ailleurs, l’image indique clairement qu’il faut d’abord glisser la chaîne derrière la roue: un geste pas évident, que les autres modes d’emploi ne signalent pas, ce qui a parfois fait perdre du temps aux évaluateurs.
Autres problèmes rencontrés: une traduction française approximative pour les instructions des chaînes Ottinger Speedspur Maxi, et des termes trop techniques pour les Pewag Brenta-C. Quant au mode d’emploi des Pewag Sportmatik, également en plastique, il cumule néanmoins deux défauts importants: il est trop grand, donc compliqué à manipuler; et les explications fournies, peu précises, sont difficilement applicables. Au point que deux participants conseillent de les lire d’abord dans le détail chez soi!
Montage et démontage
Aux essais de montage, c’est aussi la marque Milz Easy qui est sortie grande gagnante (voir tableau ci-dessous). Ces chaînes sont légères, faciles à manier, et elles possèdent des éléments en couleur qu’il suffit de réunir. Par ailleurs, les larges crochets facilitent la fixation et la partie élastique de la chaîne permet de mieux ajuster le tout sans effort.
Les mêmes remarques valent pour les chaînes classées deuxièmes de l’essai, les König Fly, dont un évaluateur critique néanmoins la petite taille des crochets, qui seront difficiles à fixer avec des doigts gourds.
Avec le modèle Ottinger Speedspur Maxi, les monteurs ont dû faire preuve non seulement d’intuition pour placer la chaîne correctement et accrocher les premiers éléments, mais aussi de force pour fixer les derniers crochets.
Quant aux Pewag Sportmatik, au mode d’emploi quasi inutile, elles aboutissent en dernière place: chaînes trop lourdes qui s’emmêlent, pas d’éléments en couleur excepté de petits crochets rouges difficiles à fixer. Un de nos testeurs a abandonné, un autre a dépassé le temps limite. Complication supplémentaire: il est quasi impossible de ranger ces chaînes dans leur boîte, trop ajustée. Bref, au total, une perte de temps phénoménale et beaucoup d’énervement!
Réactions des distributeurs
Confronté à nos résultats, Marc Hefti, chef de vente d’Isofer AG, distributeur des chaînes Pewag, estime lui-même que la Sportmatik est «compliquée à monter». Il souligne toutefois que ce produit est sorti premier lors de tests effectués en Allemagne et en Autriche. Par ailleurs, il s’étonne que la Brenta-C, qui se vend très bien sur le marché suisse, n’arrive qu’en quatrième place.
De son côté, Gino Olivito, chef de vente de Willy Erny, promet qu’il avertira l’entreprise Ottinger des problèmes de traduction du mode d’emploi.
Conseils pratiques
Conclusion de notre essai: il est vivement conseillé ne pas attendre d’être bloqué par la neige pour apprendre à monter ses chaînes. Afin d’éviter un scénario catastrophe, mieux vaut effectuer au préalable quelques essais chez soi, au chaud, au sec et sur sol plane, en prenant son temps. Mieux encore: avant l’achat de chaînes, demander au vendeur d’effectuer une démonstration. Cela permet de visualiser le produit et de déterminer s’il sera facile à monter ou non, dans des conditions autrement plus pénibles.
Véronique Kipfer
Montage en 5 étapes
Le montage est moins compliqué lorsqu’on procède avec méthode. Les phases principales:
1 Arranger la chaîne sur le sol, avec le câble proche de la roue. Cela permet de visualiser les différentes parties et d’éviter qu’elles ne s’emmêlent lors du montage. 2 Glisser le câble derrière la roue, tirer les extrémités à hauteur du pneu et les accrocher. Puis disposer la chaîne sur la roue, de manière bien centrée, en vérifiant que la partie du pneu reposant sur le sol se situe entre les losanges formés par les maillons. 3 Fermer la chaîne latérale en fixant le dernier maillon au crochet. Vérifier que le câble fermé est bien placé derrière la roue. 4 Accrocher l’élastique de tension au dernier crochet libre et le fixer à la chaîne latérale en serrant au maximum. 5 Enfin, fixer la chaîne de tension au clip de la chaîne latérale.