Alors que le nombre d’enfants en surpoids ne cesse d’augmenter, la plupart des parents restent désemparés lorsqu’ils sont confrontés à cette situation. Pire: selon une étude publiée récemment dans le British Medical Journal, 75% d’entre eux ne remarquent même pas que leur progéniture prend de l’embonpoint. Et lorsqu’il s’agit d’obésité, 30% des mères et plus de la moitié des pères refusent de le reconnaître...
Un constat qui ne surprend guère le Dr Michel Cauderay, co-fondateur de la Fondation USCADE, l’Unité de santé cardio-vasculaire de l’enfant et de l’adolescent. «L’obésité est encore considérée comme un simple excès adipeux et non comme une maladie qui, dans l’enfance déjà, peut affecter le foie, les muscles, le cœur, les vaisseaux, la résistance à l’insuline ou encore le moral», déplore-t-il.
Politique de l’autruche ou réelle ignorance? Difficile de répondre. Pourtant, les courbes de croissance, établies par les pédiatres dès la naissance, permettent de comparer le poids et la taille d’un enfant par rapport à ses camarades du même âge.
Et d’autres instruments de mesure plus précis, tel que l’indice de masse corporelle, servent à évaluer la masse grasse en fonction de l’âge et du sexe de l’enfant.
Une aide extérieure
Lorsque le diagnostic d’obésité est posé, il faut agir vite, très vite même. Car si aucun traitement n’est entrepris, la probabilité pour un enfant de 5 ans de rester obèse toute sa vie est de 50%. Pour un adolescent de 13 ans, elle s’élève même à 85%!
Face à cette menace, quelques organismes proposent leur aide en Suisse romande (lire encadré ci-dessous). Parmi eux: la Fondation USCADE, déjà présente à Yverdon et sur la Riviera vaudoise, et prochainement à Lausanne et Payerne. En cinq ans d’existence, elle a vu défiler plus de trois cents enfants et adolescents obèses de 4 à 18 ans.
Pour les plus jeunes, la Fondation favorise les rencontres individuelles, où médecin et parents passent en revue les activités physiques et sédentaires de l’enfant, ainsi que la composition de ses repas. Le spécialiste essaie de comprendre la dynamique de la famille et d’aider les parents à repenser leur comportement.
Etapes de la prise en charge
Pour les enfants plus âgés, le travail s’effectue en groupe. Il démarre à 11 ans pour les filles et à 12 ans pour les garçons. Il se divise en quatre grandes étapes planifiées sur un an, durée moyenne d’une prise en charge.
> Lors d’une première consultation, le médecin s’entretient avec le jeune patient, écoute son histoire et ses éventuelles souffrances, et mesure sa motivation.
> S’ensuit le bilan médical et nutritionnel d’entrée, qui consiste, d’une part, à déceler certaines maladies comme les troubles cardiovasculaires et le diabète, d’autre part à analyser les habitudes alimentaires. Une diététicienne va alors coacher l’enfant et lui fixer des objectifs. Des rencontres du même type sont programmées toutes les six semaines.
> Les cours d’aquagym en groupe débutent un à deux mois plus tard et ont lieu toutes les semaines. Les frais de participation personnels s’élèvent à 300 fr. par année.
> Le bilan de sortie, enfin, englobe les examens médicaux finaux et affiche la satisfaction des uns, tout comme la déception des autres, puisque 60% des enfants suivis ont, à ce jour, réussi à baisser leur index de poids, 20% à le stabiliser et 20% n’ont malheureusement retiré aucun avantage de leur travail.
Mais la fin de ce traitement, dans la plupart des cas entièrement pris en charge par l’assurance maladie, ne signifie pas pour autant l’arrêt total de la thérapie, puisque plusieurs consultations médicales auront lieu au cours de l’année suivante.
Marisa Dürst
utile
Adresses en Suisse romande
Voici les coordonnées de quelques centres et projets romands prenant en charge les enfants ayant un excès de poids:
> Berne: Programme WIM, géré par le Service nutritionnel cantonal tél. 031 632 81 31.
> Genève: Projet d’activités physiques pour enfants obèses. Renseignements: Dr Laetitia Keller, tél. 022 382 45 93.
> Fribourg: Programme «Fri-move». Renseignements: Françoise Guillaume, tél. 026 347 39 65, e-mail:
[email protected].
> Jura: Programme «Am Stram Grammes». Renseignements: Daniel Brosy tél. 032 420 54 10
e-mail: [email protected].
> Neuchâtel: Concept «Eq’ kilo».
Renseignements: Esther Richardtél. 032 967 61 91,
e-mail: [email protected]
> Valais: Projet à l’étude à Martigny. Renseignements: Martine Tristan, tél. 027 721 26 80.
> Vaud: Programme USCADE. Renseignements auprès de la Fondation,
tél. 021 907 67 12,
e-mail: [email protected].