Grâce à Top-Mela, vous vivrez jusqu’à 30 ans de plus, promet un certain Docteur Jacques Durandeau. Cette publicité pour des produits à base de plantes, censés prolonger l’existence en stimulant la production interne de mélatonine, est diffusée par NutriTop. Prix: 49 fr. la cure d’un mois, 89 fr. pour deux mois et 119 fr. pour trois mois. Public cible: les personnes du troisième âge.
Herbert Mooser s’est d’ailleurs laissé séduire. «Mais peut-on se fier à ces produits?» s’interroge notre lecteur, sceptique. Des doutes légitimes, car l’effet du Top- Mela n’est pas prouvé, sa vente est interdite et l’existence du médecin cité en référence reste à prouver!
En octobre dernier déjà, l’Office intercantonal de contrôle des médicaments sommait NutriTop de retirer le Top-Mela de la vente. «Il est interdit de vendre des produits non homologués par l’OICM en leur prêtant des vertus thérapeutiques, relève Jean-Christophe Méroz, porte-parole de l’OICM. Pour que le Top-Mela soit autori-sé, NutriTop devrait prouver l’action de la mélatonine et la possibilité d’en stimuler la production interne.»
n Médecin inconnu
Or, ce n’est que le 15 mars dernier que NutriTop a réagi à la sommation de l’OICM, en affirmant avoir obtempéré. Une lectrice de Bon à Savoir a pourtant pu en commander le 17 mars encore! «J’ai donné des instructions pour que le Top-Mela ne soit plus livré, tente de justi-
fier Joël Schindler, directeur
de Postscriptum Consulting, l’agence de marketing mandatée par NutriTop. Mais quelques commandes ont pu passer entre les gouttes.» De son côté, Michel Exertier, gérant de la société NutriTop a refusé de répondre à nos questions par téléphone.
Autre point litigieux: le médecin cité n’a jamais étudié à l’Université de Strasbourg comme l’affirme la publicité! Le doyen de la Faculté de médecine de Strasbourg envisage d’ailleurs d’engager des poursuites contre NutriTop pour cette référence mensongère à son institution. De plus, se rapporter à des médecins pour vendre des produits non contrôlés viole les règles suisses de loyauté en matière de publicité.
Mais Nutri Top vend aussi le Top Prosta sans autorisation. Ce remède serait une référence pour traiter les troubles de la prostate. «C’est carrémment dangereux, commente Jean-Christophe Méroz, car ces troubles doivent faire l’objet d’une consultation médicale avant toute médication!» L’OICM va donc aussi faire retirer le Top Prosta de la vente.
Parallèlement, Bernard Klein, chimiste cantonal vaudois a transmis le dossier à son homologue valaisan. Qui a entamé des procédures pénales et administratives contre NutriTop, dont le service de commandes se trouve à Nyon, mais l’adresse postale à Sion. «Ce genre d’entreprises se cache sous l’anonymat des boîtes postales et agit depuis plusieurs cantons, ce qui complique la répression», commente Jean-Christophe Méroz.
Si la plainte aboutit, l’entreprise devra verser le montant des gains réalisés avec ces produits à l’Etat et une amende pouvant aller jusqu’à 20 000 francs.
Les personnes qui auraient acheté du Top-Mela ou du Top Prosta peuvent exiger d’être remboursées par NutriTop. Mais si l’entreprise refuse, le seul recours est de porter plainte auprès du juge d’instruction. Sophie Reymondin
manger sainement
Inutiles compléments alimentaires
En vente libre aux Etats-Unis, la mélatonine est notamment utilisée pour combattre les méfaits du décalage horaire. En Suisse, cette hormone, assimilée à un médicament, est interdite, car elle n’a jamais fait l’objet d’études toxicologiques sérieuses.
On lui prête de nombreuses autres vertus thérapeutiques: lutte contre le vieillissement, le cancer, le sida, la maladie d’Alzheimer, etc. Des assertions qui ne reposent sur aucune base scientifique.
Quant au Top-Mela, censé stimuler la production de cette hormone, il s’agit d’un simple complément alimentaire, composé de vitamines et de sels minéraux. «Ces compléments sont inutiles lorsque l’on mange de manière équilibrée, souligne Doris Favre-Ecoffey, diététicienne diplômée. Les compléments vitaminiques ne devraient être prescrits que par le médecin ou le diététicien, qui peut évaluer d’éventuelles carences.» En tant que compléments alimentaires, ces produits doivent d’ailleurs aussi faire l’objet d’une autorisation de l’Office fédéral de la santé publique.