A la fin du mois de février, Rudolf Bruhin, âgé de 80 ans, apprend que sa rente du 2e pilier est fortement diminuée. Victime d’un découvert important, sa caisse de pension, celle de Swissmetal, se voit en effet dans l’obligation de réduire temporairement les rentes de ses 285 anciens employés. Pour notre lecteur, cela signifie une réduction de 822 fr. par mois. Alors qu’il recevait 5469 fr., il doit désormais se contenter de 4647 fr.
«Depuis ma mise à la retraite, tout est devenu bien plus cher, raconte Rudolph Bruhin. J’étais satisfait de voir que ma rente s’adaptait au renchérissement de la vie. Mais, aujourd’hui, Swissmetal renverse la logique et diminue ses prestations, alors qu’il faudrait au contraire que l’AVS et les caisses de pension permettent aux retraités de poursuivre leur mode de vie habituel.» Au surplus, notre lecteur se demande si de telles restrictions sont légales.
En cas d’indexation
La réponse est malheureusement affirmative, mais à certaines conditions (lire encadré). En effet, seuls les retraités qui ont bénéficié d’une augmentation spontanée dans les dix dernières années peuvent voir leurs rentes diminuer. Ces adaptations sont généralement accordées pour compenser la hausse des prix, comme pour notre lecteur qui a bénéficié d’une adaptation de 10% en 2000 et de 7% en 2001.
Commentaire de Jörg Gurtner, chef du Service de la surveillance des caisses de pension du canton de Berne: «Un examen complet n’est bien sûr possible qu’une fois le rapport annuel disponible. Mais, sur la base des documents qui me sont accessibles, j’ai l’impression que la caisse de pension de Swissmetal agit correctement. Je ne vois aucun indice qui me permettrait d’en douter.»
Trop de rentiers
Le véritable problème de cette caisse, c’est qu’elle se retrouve avec 477 rentiers contre 456 cotisants. Or, ces rentiers ont d’autant plus de poids qu’ils détiennent à eux seuls deux tiers du capital vieillesse! Pour Werner Riegert, président du conseil de fondation, «il est difficile et même quasiment impossible d’assainir la situation sans la contribution des rentiers. La prévoyance professionnelle est un système solidaire. Chaque partie doit faire des sacrifices: les employeurs, les employés et les retraités.»
Dans le cas présent, l’employeur – Swissmetal – paie cette année une contribution d’assainissement de 2% des salaires assurés. Les employés fournissent, quant à eux, 1% supplémentaire. Leur capital vieillesse n’ayant en outre rien rapporté l’année passée, ils ne recevront en 2010 qu’un maigre intérêt de 1%.
Espoir en vue
La crise ne devrait toutefois pas se prolonger: le taux de couverture de la caisse de pension de Swissmetal était en effet de 97% à la fin de mars. Le déficit pourrait donc être surmonté dans une année ou deux. Et, dans ce cas, les mesures d’assainissement seront supprimées et notre lecteur pourra recouvrer sa rente complète. Mais, d’ici là, les retraités continueront de passer à la caisse.
Silvio Bertolami /MT
Conditions requises
Une caisse de pension peut diminuer ses rentes si les quatre conditions ci-dessous sont remplies.
- Elle est en sous-couverture (la fortune d’une caisse de pension ne couvre plus ses engagements).
- Cette clause est prévue dans le règlement.
- Les prestations minimales légales restent garanties.
- Elle a spontanément augmenté ses rentes par le passé (lors d’une hausse des prix par exemple), pour autant que cette augmentation ait eu lieu au cours des dix dernières années.