Avec plus de 6500 fonds de placement autorisés à la vente publique en Suisse, faire le bon choix n’est pas une mince affaire. Surtout lorsqu’on est novice en la matière!
D’abord, c’est quoi, au juste, un fonds de placement? Une sorte de corbeille avec de nombreux titres (actions, obligations, etc.), gérée par des professionnels mais ouverte au public, qui peut ainsi injecter de l’argent pour acquérir des parts de ce méga-portefeuille. Avec l’avantage d’une bonne diversification, mais aussi une gestion spécialisée et des prix de gros qui vont avec elle.
En théorie, aucun investissement minimum n’est requis. Dans la pratique, certaines banques demandent toutefois un placement minimum qui peut aller jusqu’à 1000 fr.
Le prix d’une part – soit la valeur nette d’inventaire (VNI) – correspond à la fortune du fonds divisée par le nombre de parts. Elle est calculée chaque jour par la direction du fonds. Exemple: pour un fonds qui a émis un million de parts et dont la fortune est estimée à 100 millions de francs, chaque part vaut 100 fr.
Comme tout investissement financier, ces fonds comportent des avantages (possibilité – excepté pour les fonds immobiliers – de se défaire de ses parts à tout moment, répartition des frais sur tous les investisseurs, protection en cas de la faillite, etc.), mais aussi de nombreux risques (lire encadré).
Plusieurs fonds
Un portefeuille bien diversifié permettra de limiter les pertes sur le long terme. Les professionnels recommandent d’investir dans trois à cinq fonds pour un investissement allant jusqu’à 100 000 fr., dans 10 jusqu’à 250 000 fr. et dans 15 à 25 au-delà de cette somme. On veillera encore à placer son argent dans différents secteurs, monnaies, pays et classes d’actifs: acheter cinq fonds en actions suisses ne contribue pas, par exemple, à la diversification.
En fonction de ses objectifs, de son horizon de placement mais aussi des risques qu’on est prêt à assumer, on aura le choix entre plusieurs catégories de fonds: en actions, en obligations, immobiliers, du marché monétaire, indiciels, fonds de hedge funds, etc.
- Pour les débutants et les petits investisseurs (jusqu’à 100 000 fr.), les professionnels préconisent les fonds d’allocations d’actifs. Ce type de portefeuille combine en effet différents produits (actions, obligations, immobiliers, etc.), équilibrés différemment en fonction du profil de risque (conservateur, agressif, modéré, etc.) ne demandant pas un suivi régulier des marchés.
- Plus rentables sur le long terme mais aussi plus risqués, les fonds en actions s’adressent, quant à eux, plutôt aux investisseurs avertis, dont l’horizon de placement est de 5 ou de 10 ans au moins, et qui peuvent donc se permettre de voir leur fortune évoluer (en bien comme en mal) au gré des aléas boursiers.
Critères de choix
Avant d’opter pour un fonds en particulier, plusieurs critères doivent être analysés.
- Dans quels secteurs ou entreprises le fonds investit-il et quelle est la stratégie poursuivie?
- Sa fortune est-elle suffisamment importante (50 millions au minimum) pour que les frais soient répartis sur un grand nombre d’investisseurs? Plus un fonds est petit, plus le coût des parts est en effet élevé. Sans compter qu’il risque d’être liquidé, faute de rentabilité.
- Quelle est sa performance sur une période d’au moins cinq ans par rapport aux autres fonds de même catégorie? Tout en n’oubliant pas que les performances passées ne garantissent aucunement celles du futur…
- Quelles sont les fluctuations (baisses ou hausses) des cours du fonds sur une période donnée? Plus elles sont nombreuses, plus l’investissement est risqué.
Gare aux coûts!
On ne négligera pas non plus les frais prélevés. Les commissions d’émission et plus rarement de rachat, le droit de garde, le droit de timbre pour les fonds de droit étranger, la commission de gestion, les frais de courtage, voire la commission de performance dans certains cas, peuvent en effet en grever le rendement. Les montants prélevés varient considérablement selon les établissements, il vaut donc la peine de comparer. Exemple: une commission d’émission n’est acceptable, selon les spécialistes, que si elle est comprise entre 1% et 2%. Or, elle atteint parfois 5%!
Problème toutefois: les frais facturés ne sont pas tous clairement visibles pour l’investisseur, certains d’entre eux étant prélevés directement sur la fortune du fonds. Un indice, le Total Expense Ratio (TER) – pourcentage du total des frais prélevés sur une année par rapport à la fortune du fonds – permet cependant de faire une bonne évaluation (lire TCF 05/2009). Il est établi chaque année et varie en fonction de la complexité du fonds: un produit en actions nécessite plus d’interventions et sera par conséquent plus gourmand en frais qu’un autre en obligations.
Cet indice est un bon indicateur pour comparer deux fonds de même catégorie, certes. Mais choisir systématiquement le TER le plus bas n’est pas forcément judicieux, les fonds dont les frais sont les moins élevés étant aussi les moins performants…
Enfin, pour discerner le bon grain de l’ivraie, on peut s’en remettre à son banquier ou consulter la presse et les sites internet spécialisés ainsi que les agences de notation, en ne retenant que les ratings (notes) les plus élevés. Ou lire encore le prospectus du fonds, censé fournir des informations sur sa politique de gestion et son organisation. Plutôt ardu! Enfin, on peut se fonder sur la liste des 100 meilleurs fonds du moment, remise tous les mois à jour sur le site de Tout Compte Fait, et commentée tous les trimestres dans votre magazine préféré.
Chantal Guyon
Le risque existe
Le risque des fonds de placement est considéré comme faible, mais pas nul, loin s’en faut. Notons notamment.
- Risque de marché – Les fonds ne sont pas à l’abri de grosses turbulences, personne n’étant en mesure de prédire l’évolution d’un marché ou d’un secteur.
- Risque de change – Lorsqu’une plusvalue est réalisée en dollars, par exemple, alors que, parallèlement, ce même dollar se déprécie par rapport au franc suisse, on s’expose à des pertes parfois désastreuses.
- Risque de taux d’intérêt – Les fonds de placement à revenus fixes, comme les obligations, perdent de leur valeur lorsque les taux d’intérêt augmentent. Les fluctuations peuvent s’avérer très fortes.
- Risque de liquidité – Lorsque les parts ne peuvent être revendues à tout moment en obtenant un prix adéquat, on parle de placement non liquide. Le gestionnaire est donc obligé de baisser le prix de vente et le risque existe alors, pour l’investisseur, de ne pas récupérer la totalité du capital investi.