Un bol de corn-flakes, du lait, et hop! Le petit-déjeuner est prêt. Pratiques, ces céréales ne constituent toutefois pas un repas des plus sains. C’est ce que nous avons découvert en comparant le contenu des pétales de maïs et de céréales complètes vendus dans les supermarchés romands.
Avec nos partenaires de l’émission On en Parle (RSR, La Première), nous nous sommes penchés sur les boîtes de corn-flakes les plus simples, dont la composition est peu ou prou identique dans tous les magasins. En même temps, nous avons sélectionné les mêmes pétales dans leur version «complets». Pour dresser le bilan, nous avons fait appel à Corinne Kehl, enseignante en diététique à la Haute école de santé de Genève.
Plus salés que les chips
Le premier constat est effarant: les céréales étudiées contiennent jusqu’à 3 g de sel pour 100 g. C’est trois fois plus que les chips nature (1 g/100 g)! Et contrairement aux chips, que l’on consomme occasionnellement, les amateurs de corn-flakes en mangent tous les jours. Quand on sait que notre corps n’a besoin que de 1,5 g à 2 g de sel par jour, et que celui-ci devient néfaste au-delà de 5 à 6 g, il y a de quoi s’alarmer. En effet, l’excès quotidien de sel contribue à l’hypertension, l’obésité et l’insuffisance cardiaque.
La teneur en sel des céréales Casino Premiers Prix, Ondilège nature, Prix Garantie et surtout Denner Cornflakes, est jugée inacceptable par Corinne Kehl (voir tableaux). Une seule portion (50 g) des Cornflakes de Denner apporte déjà quasiment la quantité de sel nécessaire pour toute la journée. Ajoutée aux nombreuses autres prises de sel encore plus importantes (soupe, fromage, pain, charcuterie, plats industriels, etc.), la portion de céréale contribue à dépasser le seuil critique. De fait, en Suisse, on consomme en moyenne deux fois la quantité de sel tolérée.
Céréales pas si complètes
Deuxième constat: les corn-flakes nature sont pauvres en fibres alimentaires (entre 3 et
5 g / 100 g), qui améliorent le transit intestinal, augmentent la satiété et préviennent certaines pathologies digestives. Les consommateurs soucieux de leur bien-être se voient donc attirés par les pétales dits «complets», dont l’emballage évoque généralement la santé et le bien-être.
Pourtant, comme le fait remarquer Corinne Kehl, aucune de ces céréales ne contient vraiment beaucoup de fibres: «Tous ces pétales sont composés de riz et blé complet. On constate que le mot complet est au singulier, car seul le blé est complet. En général, ces produits contiennent davantage de riz, pauvre sur le plan nutritionnel.» Du coup, la teneur en fibres n’est guère plus intéressante que celle des corn-flakes de base (entre 3,5 g et 8 g/100 g), alors qu’ils coûtent souvent plus cher. Une portion de fibres n’est intéressante que lorsqu’elle atteint au moins 5 g. Il en faudrait donc au minimum 10 g pour 100 g de céréales.
Enfin, troisième constat: ces céréales «bien-être» sont jusqu’à quatre fois plus sucrées que les corn-flakes nature. C’est toujours bien moins que les céréales sucrées pour enfants (qui ont jusqu’à 50% de sucre!), mais cela ternit l’image «light» qu’on pourrait prêter à cet assortiment.
Réponses des fabricants
Interpellés sur ces constats, les fabricants affirment s’attacher à réduire progressivement les teneurs en sel de leurs produits, mais rappellent que les corn-flakes ne font pas partie des plus gros contributeurs de l’apport en sel. En outre, ils précisent que le sel demeure nécessaire au bon goût des aliments.
Concernant la rareté des fibres dans les céréales «bien-être», Kellogg’s indique qu’il propose d’autres produits plus riches en fibres, et Nestlé prévoit d’augmenter la part de blé complet. Casino avoue que son produit Ondilège n’est pas plus sain qu’un autre. Tout le contraire de Denner, pour qui les 8% de fibres constituent un produit sain et complet.
Que les amateurs du bol de céréales se rassurent néanmoins, il demeure possible
d’en manger tout en améliorant l’équilibre de ce repas*. Mais il reste encore un point à éclaircir: l’importante quantité de vitamines ajoutées dans ces produits (lire notre enquête complémentaire).
Yves-Alain Cornu
BONUS WEB: Manger des céréales de façon équilibrée
Pour télécharger le tableau comparatif des produits, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Sel: des chiffres qui font peur
- 2 g/jour: c’est le besoin réel en sel de notre organisme.
- 5 à 6 g/jour: limite au-delà de laquelle on considère que le sel augmente le risque de maladies cardiovasculaires!
- 10 g/jour: la consommation moyenne en Suisse. Les trois quarts de ce sel proviennent des aliments préparés industriellement.
Télécharger les tableaux comparatifs des pétales de céréales complètes et de maïs