Le pickpocket était trop gentil
«Voler à la tire» ou «détrousser»: l’assurance fait la différence. Alfred Pauli ne sera pas indemnisé.
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Bon à Savoir
06.06.2002
Eric Jaquier / Joy
Alors qu’Alfred Pauli fait son marché à Lausanne, un jeune homme le bouscule. Agé de 73 ans et marchant à l’aide d’une canne, il est un peu choqué. Néanmoins il ne prête pas trop attention à l’incident.
C’est seulement de retour chez lui qu’il constate que son portefeuille a disparu. Il téléphone aussitôt à sa compagnie d’assurance pour raconter sa mésaventure.
A La Vaudoise on lui répond: «Pas de problème, vous êtes couvert pour le «détroussement»...
Alors qu’Alfred Pauli fait son marché à Lausanne, un jeune homme le bouscule. Agé de 73 ans et marchant à l’aide d’une canne, il est un peu choqué. Néanmoins il ne prête pas trop attention à l’incident.
C’est seulement de retour chez lui qu’il constate que son portefeuille a disparu. Il téléphone aussitôt à sa compagnie d’assurance pour raconter sa mésaventure.
A La Vaudoise on lui répond: «Pas de problème, vous êtes couvert pour le «détroussement». Il vous suffit de déposer plainte et de nous adresser les différents justificatifs, notamment la liste des frais occasionnés par le vol.» Ils se montent à plus de 400 fr., frais de blocage des cartes de crédits et argent liquide compris.
M. Pauli effectue alors toutes ces démarches et attend sereinement d’être remboursé.
Mais, à sa grande surprise, l’assurance refuse de payer. Elle l’informe que seul le «détroussement» est pris en charge, mais pas le vol à la tire dont il a été victime. Cherchez la différence!
Son épouse se demande si l’assurance ne joue pas sur les mots… En fait, la réponse est dans le dictionnaire: «détrousser» quelqu’un signifie le dépouiller de ce qu’il porte en usant de la violence. Pratiquer le «vol à la tire» consiste à tirer quelque chose d’une poche ou d’un sac à main.
La distinction est bien connue des assureurs qui la font figurer dans leurs conditions générales. Celles de La Vaudoise définissent le «détroussement» comme un vol commis par un acte de violence ou une menace. De plus, il est précisé que le vol à la tire n’est pas considéré comme tel.
Au téléphone, l’employé a sans doute cru que l’assuré avait été détroussé, avant de découvrir, dans le rapport de police, qu’il s’agissait d’un vol à la tire. Alfred Pauli n’a donc plus rien à espérer.
On peut comprendre que les assurances fassent la nuance et n’acceptent de rembourser l’argent volé, jusqu’à concurrence d’un montant préétabli, que s’il y a eu agression avec menaces, coups ou blessures. Dans cette situation, l’assuré s’aperçoit immédiatement du délit et peut en apporter la preuve. En revanche, lorsqu’il est victime d’un pickpocket, il ne s’en rend pas tout de suite compte et peut difficilement le prouver. Dans ce cas, si l’assurance acceptait d’entrer en matière, on pourrait aussi aisément déclarer sans preuve la perte d’un portefeuille truffé de billets… Même si, comme M. Pauli, on est de bonne foi!
Eric Jaquier