Sommaire
- la presse jeunes en quelques jalons13 millions de petits lecteursLa «presse jeunes» est presque contemporaine de la presse tout court: la première publication destinée à la jeunesse, Le journal d’éducation, paraît en 1768. Trois siècles et demi plus tard, elle touche plus de 13,5 millions de lecteurs francophones âgés de 18 mois à 19 ans, par l’intermédiaire d’une centaine de titres diffusés à plus de 100 millions d’exemplaires par an.Un beau succès, qui s’explique par l’engouement des jeunes lecteurs (plus de 9 enfants et ados sur 10 consomment de la presse jeunes) et les efforts des éditeurs, intéressés à se partager un chiffre d’affaires de 337 millions de francs, réalisé pour moitié par la vente au numéro, pour moitié par les abonnements. Ce qui explique la concurrence acharnée entre éditeurs, perceptible dans des stratégies d’expansion particulières (voir encadré page suivante), par le renouvellement constant des formes et des titres – et aussi par l’ajout régulier de «gadgets» destinés à attirer les lecteurs.Propre également à cette presse, l’impossibilité pour les éditeurs de compter sur la fidélité à un titre, du fait que les publications visent un lectorat d’une tranche d’âge particulière. Ce découpage date d’une cinquantaine d’années, lorsque l’«épanouissement de l’enfant» est revenu au centre des objectifs éditoriaux après des décennies de suprématie des illustrés récréatifs comme le Journal de Mickey. Tous les éditeurs proposent aujourd’hui une chaîne de titres couvrant toute l’évolution de leurs lecteurs: 2-6 ans, 7-11 ans, 12-14, 14-18 ans – avec quelques variations, la tranche la mieux servie étant celle des 10 à 12 ans (plus de 35 titres).Dernier avatar de la presse enfantine: la spécialisation des titres en fonction des intérêts particuliers des jeunes lecteurs, datant d’une vingtaine d’années. Les magazines touche-à-tout ont tendance à s’éclipser au profit des titres consacrés à la nature, aux animaux, à la science, à la lecture (les plus grosses diffusions), et depuis trois ou quatre ans… aux petites filles.2e encadrésous l’œil des adultesUne analyse raisonnéeLes 15 titres retenus forment une palette représentative de la presse destinée aux 7 à 15 ans, à l’exception des magazines consacrés exclusivement à la bande dessinée et des hebdomadaires d’information pour jeunes.Chacun d’eux a été envoyé à cinq experts: Sylvie Matthes et Olivier Manzini, tous deux parents de deux enfants, Katia Furter et Laurence Junier, bibliothécaires spécialisées et membres d’AROLE (Association romande pour la littérature enfantine), ainsi que Françoise Payot, psychologue pour enfants à Genève. Jointe à chaque journal, une grille d’analyse demandait des appréciations sur les trois critères retenus: couverture, contenu rédactionnel, qualité des illustrations.CritèresOnt notamment été jugés, par des notes de 1 à 5:• pour la couverture: son aspect esthétique, l’adéquation avec le contenu et la clarté de sa présentation;• pour le contenu rédactionnel: l’intérêt pédagogique, le langage utilisé, la variété des sujets et l’originalité de leur traitement; • et enfin, les illustrations ont été appréciées sur leur beauté, la variété des techniques utilisées et leur adéquation avec l’âge ciblé par le journal. Les notes figurant dans le tableau font la moyenne de ces critères.3e encadrésous l’œil des enfantsLire, une aventure passionnanteC’est un cliché, mais tant pis: à l’analyse intellectuelle des experts répond l’intuition des enfants, leur entrée spontanée dans la lecture, ou leur refus tout aussi immédiat. La séance de lecture organisée par Bon à Savoir et On en parle avec Sven (9 ans), Chloé (8 ans), Laure et Anna (12 ans chacune) en a apporté la preuve, en particulier pour les plus jeunes de nos lecteurs: ceux-ci regardent d’abord les images, s’arrêtent au texte — si l’illustration les accroche — et se laissent absorber par lui autant qu’ils l’absorbent. La superficialité de cette lecture n’est qu’apparente.Autre surprise: l’engouement des «petits» pour les magazines de lecture. Chloé ne décrochera plus des «P’tites sorcières», pendant que Sven explique doctement que «la longueur du texte n’a pas d’importance, si l’histoire est bien». Le petit gars a des lettres, il en tire deux exemples: «Harry Potter, c’est long, et Max et Lili, ce sont de courtes histoires. Mais j’aime autant l’une que l’autre.» CQFD.4e encadrédiffusion et distributionDes stratégies propres à la presse enfantineDifficile de trouver l’ensemble des titres de la presse jeunes dans les kiosques romands même les mieux fournis. L’exemple de Kodi, édité par Eiselé SA, est révélateur: «Pour l’ensemble de la Suisse romande, Naville en distribue cent exemplaires, expose André Eiselé. La politique de Naville est de prendre à l’essai un certain nombre de numéros, puis de pondérer ce premier choix en fonction des ventes réalisées.»Cela avantage fatalement les «best-sellers» — et explique pourquoi les éditeurs tentent d’attirer l’œil par des gadgets. Mais ces tactiques de colonisation des kiosques n’assurent pas une diffusion suffisante pour la viabilité des titres. Les éditeurs ont donc depuis longtemps leur stratégie particulière: le démarchage des écoles par des animatrices spécialisées.Bayard compte ainsi sur un réseau de 250 représentantes en France et à l’étranger, contre une centaine pour Milan et environ 35 chez Fleurus. Intégré àla tradition dans l’Hexagone, le concept se heurte à de grosses réticences en Suisse: «Nous l’avons tenté à plusieurs reprises, et avons dû y mettre un terme en raison des réactions très négatives des directions scolaires», raconte André Eiselé, également distributeur des titres de Milan. L’éditeur envoie pourtant chaque année un demi-million de prospectus, ainsi que des exemplaires de ses publications à des classes de 2e et 3e année primaire. Cela tout en sachant que ce type de publicité doit franchir de multiples barrières (concierges, directeurs, enseignants…) pour atteindre son objectif.Pour les parents, restent les occasions spéciales comme le Salon du livre, le Comptoir suisse, etc., ainsi que les brochures de promotions d’abonnements envoyées en tous-ménages. Ou le contact direct avec les éditeurs, qui ne rechignent évidemment pas à envoyer de la documentation.• Milan Presse: c/o André Eiselé SA, tél. 021 623 63 50, www.eisele.ch• Bayard: ( 022 349 13 67, www.bayardpresse.com• Fleurus: c/o Sefico, • tél. 027 722 36 63• La Petite Salamandre:tél. 032 710 08 25, www.salamandre.ch
Rien de mieux à attendre d’une boîte aux lettres que la livraison de son journal préféré. C’est encore plus vrai pour les enfants. Oui, mais quel journal?
L’accroissement effarant du nombre de journaux n’épargne pas les titres destinés aux jeunes, au contraire. Le choix en devient difficile, surtout pour ceux qui ont en règle générale le dernier mot – les parents. Difficile, et important, ne serait-ce qu’en regard du prix moyen d’un abonnement à un mensuel (la p...
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