Confier son véhicule à un garagiste peut quelquefois réserver de mauvaises surprises. Mais se faire rouler n’est pas qu’une affaire de malchance, certaines précautions permettent de diminuer les risques.
Le bon choix
Vous n’avez rien à reprocher à votre garagiste auquel vous confiez votre automobile depuis des années. Pourquoi en changer? Par contre, si vous n’avez pas de garage attitré ou s’il vous a déçu, il est recommandé de préférer un concessionnaire officiel. A défaut, tenez compte, dans la mesure du raisonnable, de la réputation des uns et des autres.
Avant et pendant la réparation
Il est essentiel de s’exprimer clairement et de se mettre d’accord sur la réparation. Dans le cas où vous n’entretiendriez pas une relation de confiance avec le garagiste, nous vous conseillons de lui remettre, en toute amabilité, un ordre de réparation écrit avec mention d’un prix maximal. Stipulez-y que vous devez fournir votre accord en cas de dépassement des coûts.
Lors de réparations importantes, demandez un devis écrit. Ce dernier est en principe gratuit, faute de quoi son prix doit vous être communiqué à l’avance. Cela n’a pas été fait? Vous êtes en droit de refuser de payer l’établissement du devis*.
Lors de travaux supplémentaires, le garagiste doit demander votre accord. Des travaux tels que remplacer les plaquettes de frein ou le câble d’allumage peuvent cependant être effectués sans avertissement dans le cadre d’un service, pour autant que cela soit pertinent. Il serait par exemple inapproprié de changer des plaquettes en excellent état qui n’ont que quelques milliers de kilomètres à leur actif. De manière générale, en cas de doute sur le bien-fondé de certaines réparations, exigez de voir, au besoin de prendre (elles vous appartiennent), les pièces qui ont été changées. Un bon garagiste devrait de toute façon montrer spontanément les éléments remplacés.
Après réparation
Un devis ne peut être dépassé que de 10% et ce, uniquement si la majoration correspond à des dépenses imprévues. Au-delà, le client a le droit de refuser de payer le montant facturé en trop.
Si un désaccord subsiste, envoyez une réclamation écrite et ne réglez que la partie de la facture qui vous semble justifiée. A noter que certaines protections juridiques de circulation couvrent les litiges avec les garagistes. Les membres de certaines associations d’automobilistes ont aussi droit à une consultation auprès d’une agence afin de vérifier la facture contestée.
Si la réparation échoue
Beaucoup d’automobilistes l’ignorent: les travaux effectués par un garagiste bénéficient d’une garantie d’une année. Quand ce dernier veut restreindre ou supprimer cette protection, il doit en convenir à l’avance avec son client et lui faire signer une décharge, par exemple dans le cadre du devis. Après coup, il ne peut limiter sa garantie par un simple avis sur la facture. Cette pratique, pourtant assez courante, est illégale.
Que faire si la réparation échoue ou lâche dans l’année? Vous avez le droit de demander que le garagiste refasse les travaux à ses frais, dans la mesure où cela est possible sans dépenses excessives (art. 368 al. 2 CO). En cas d’impossibilité, vous avez le droit de résilier (art. 368 al. 1er CO), autrement dit de reprendre votre véhicule et de ne pas payer la facture de la réparation échouée.
Si la réparation lâche après plusieurs mois, vous pouvez demander le remboursement d’une partie de la facture initiale, mais il faut modérer vos revendications au prorata de la durée de fonctionnement. En cas de refus, faites appel à votre protection juridique. A défaut, vous pouvez toujours évaluer la pertinence de mettre la pression sur le garagiste en évoquant la mise en poursuite.
Dernier cas de figure: le garage a tenté, sans succès et à plusieurs reprises, une réparation. Vous êtes en droit de confier le travail à une tierce personne tout en envoyant la facture au premier garage. Il faut cependant fixer d’abord un délai pour une ultime tentative et expliquer clairement votre intention à l’échéance du délai. (art. 366 al. 2 CO).
Sébastien Sautebin
* Lire notre hors-série «Acheter sans se faire arnaquer»