Le célèbre chameau persiste et signe

Camel fait campagne auprès des surfeurs, en offrant un bon de réduction de dix francs sur des remontées mécaniques. Un scandale légal.

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Bon à Savoir 03-1997

03.12.1997

Ellen Weigand

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Sur un coupon, glissé dans les paquets de Camel light, un dromadaire portant lunettes de soleil et bonnet de surfeur offre un bon de réduction de 10 francs aux adeptes de glisse. Il est valable pendant l’hiver 97/98 sur le prix des cartes journalières ou demi-journalières de remontées mécaniques alémaniques et aux Diablerets.
Une campagne dénoncée vertement par les milieux de la prévention: «C’est un véritable scandale, s’insurge Richard Müller, directeur de l’ISPA (Institut suisse
de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies).
On cible très clairement les jeunes, et même les très jeunes, si nombreux à faire du snowboard et à s’identifier directement à l’image véhiculée par cette action. Cette campagne dépasse largement ce qu’on peut qualifier de publicité responsable de la part des cigarettiers. Je ne comprends pas que les autorités n’interviennent pas.» Avis partagé par Verena El Fehri, directrice de l’AT (Association suisse pour la prévention du tabagisme): «Toutefois, comme cette offre s’adresse aux 18 ans révolus, elle reste formellement légale et nous ne pouvons pas réagir. Ce serait aux consommateurs, aux parents de
s’insurger contre cette campagne auprès des enfants.»
Côté fabricant, on se dit surpris: «Nous ne nous adressons pas du tout aux
mineurs. Le texte du coupon parle clairement des 18 ans révolus, réplique Helmut Fritsch, membre de la direction de R.J. Reynolds Tobacco SA. Et le personnel des stations d’hiver a reçu l’instruction de ne faire bénéficier de cette action que les personnes majeures. C’est donc tout à fait légal. D’ailleurs, la plupart des surfeurs ont entre 18 et 24 ans. C’est parmi eux que nous trouvons la majorité des fumeurs. C’est donc à eux que nous nous adressons, avec pour seul objectif d’enlever des clients à d’autres marques, car la publicité n’a aucune influence sur la décision de commencer à fumer.»
Ce que conteste le directeur de l’ISPA: «La publicité est un facteur qui pousse à fumer, même si ce n’est pas le seul: la société et l’entourage jouent aussi un rôle important.
Or 80% des fumeurs commencent à l’adolescence, avant 20 ans. C’est évident que c’est là que l’industrie du tabac tente de recruter le plus de nouveaux consommateurs.»
D’ailleurs, comment expliquer que l’industrie du tabac dépense 80 à 120 millions par an pour la publicité, alors qu’un fumeur change rarement de marque...
Ellen Weigand

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