Alléchée par la publicité exagérément prometteuse du cours à distance de Culture et Formation, une lectrice nous écrit qu’elle regrette aujourd’hui d’avoir laissé ses économies à cette école. Surtout après avoir lu les nombreux forums qui dénoncent la société sur internet.
Pour ceux qui ne l’auraient pas reconnue, Culture et Formation fait fréquemment de la publicité dans les magazines, où l’on voit une femme en blouse blanche, au sourire radieux et affublée d’un improbable bandeau d’infirmière dans les cheveux. Une image qui correspond peut-être davantage à une assistante médicale, profession officiellement reconnue, contrairement aux secrétaires médicales. Et l’école en rajoute encore en parlant de débouchés nombreux et bien rémunérés.
Obscurité totale
Nous nous sommes donc naturellement rendus sur le site web de l’école afin d’en savoir un peu plus. Là, le manque de transparence est évident, alors même que cela constitue le premier critère de qualité de toute école sérieuse (lire l’encadré). Impossible, par exemple, de connaître le prix et la durée exacte de la formation, soit, selon nos renseignements, 3800 fr. pour dix mois à cinq ans.
Pas si réputée
Face à de telles lacunes, le directeur de l’école, Michaël Studer, ne s’émeut guère: «Il n’est pas difficile d’obtenir des informations. Il suffit de laisser ses coordonnées et tous les renseignements seront fournis par téléphone». Mais si on ne souhaite pas donner d’indications personnelles et risquer de se faire rappeler inlassablement, on n’obtient rien. Nous l’avons d’ailleurs vérifié, d’abord par courrier, puis par téléphone et même en nous rendant à la direction, à Fribourg: il faut laisser son numéro de téléphone pour en savoir plus.
D’après son propre site, Culture et Formation serait «en étroite relation» avec le monde médical. Réaction du gros employeur qu’est le CHUV: «Nous n’avons pas de contacts particuliers avec cette école, dont nous ne connaissons pas le contenu des cours».
Pour se donner encore plus de crédit, l’école consacre toute une rubrique de son site à ses contacts avec les grandes agences de placement Adecco, Job One, Kelly Services et Manpower (mais aussi Ideal-Job, pourtant disparue en 1992 déjà). Nous les avons toutes contactées et leur réaction est pour le moins déconcertante: aucune d’entre elles n’a de réels contacts avec cet établissement. Certaines vont même jusqu’à refuser d’emblée les candidates sortant de cette école, jugeant leur formation insuffisante (aucune aptitude en dactylographie, faible vocabulaire médical, etc.).
Enfin, nous ne parlerons pas du corps professoral, aux qualifications parfois étranges, mis en avant sur la documentation: que viennent faire dans cette formation un ingénieur physicien, un informaticien ou un licencié en sciences financières? Et la liste des bizarreries ne s’arrête pas là. Il convient donc de bien réfléchir avant de céder aux promesses visiblement surfaites de Culture et Formation.
Yves-Alain Cornu
Conseils pratiques
Pour s’assurer d’être à bonne école
Comment choisir une bonne école en six points, par la Fédération suisse des écoles privées:
- L’école existe depuis plusieurs années. Elle met à disposition des noms de personnes de référence pouvant renseigner sur l’établissement. Elle fournit des chiffres: nombre de diplômés, taux de réussite, etc.
- L’école est affiliée à une fédération ou à une organisation sérieuse (ce n’est pas une garantie absolue de qualité, mais cela indique qu’elle répond au moins aux exigences de l’organisation).
- La direction doit être à l’écoute des questions et requêtes; la consultation doit être sérieuse et les conditions d’admission claires.
- Les candidats devraient pouvoir visiter l’école, suivre quelques cours pour se faire une idée et aussi se renseigner sur les qualifications des enseignants.
- Le contrat doit clairement stipuler les exigences d’admission, la forme et la durée exacte de la formation, le nombre d’heures de cours, la valeur du diplôme et les frais (matériel et examens compris).
- Les candidats devraient comparer les offres de formation de plusieurs écoles avant de se lancer.