Les contribuables du canton de Zoug paient – et de loin – les impôts les plus bas de Suisse, mais doivent, en revanche, faire face à des loyers très élevés. Exactement l’inverse des Jurassiens, qui bénéficient d’un parc immobilier avantageux, mais subissent de lourdes charges fiscales.
Ces deux exemples démontrent qu’il est illusoire de considérer l’attrait financier d’un canton ou d’une commune en fonction d’un seul critère. La récente actualisation d’une étude référentielle de Credit Suisse* vient nous le confirmer, en ajoutant, pour la première fois, les coûts de la mobilité dans les frais à déduire.
Revenu disponible
La meilleure façon pour ne pas comparer des pommes et des poires, c’est, en effet, de se référer au «revenu librement disponible», soit le budget exact à disposition d’un même profil (même état civil, même revenu, même fortune, etc.), une fois déduits tous les frais variant en fonction des régions, soit:
- les prélèvements obligatoires:
- les impôts sur le revenu et la fortune (carte 2);
- les cotisations aux assurances sociales et au 2e pilier;
- les primes de l’assurances maladie obligatoire, en tenant compte des éventuels subsides (carte 4);
- les frais fixes:
- les frais de logement (location ou propriété) (carte 5) et les autres dépenses qui y sont liées (élimination des ordures, eau, etc.);
- l’énergie et l’électricité;
- les frais de mobilité vers le lieu de travail (centre le plus proche), déductions fiscales incluses (carte 3).
Ce revenu correspond, dès lors, au montant que les ménages peuvent réellement affecter, chaque fin de mois, à la consommation et à l’épargne (carte 1).
Entre Genève et Lausanne
Prenons l’exemple fictif d’un Genevois célibataire doté d’un revenu annuel de 75 000 fr. et d’une fortune (héritage) de 50 000 fr., locataire d’un appartement de 60 m2 au centre-ville, travaillant à plein temps à Lausanne.
Après déduction des prélèvements obligatoires, il lui reste 47 900 fr, mais, une fois les frais fixes déduits (sans frais de mobilité), il dispose d’un revenu libre de 25 700 fr, desquels il convient encore de déduire 2385 fr. pour l’abonnement de parcours CFF lui permettant de se rendre à son lieu de travail.
S’il déménage à Lausanne, et pour autant, bien sûr, qu’il trouve un même appartement, il va non seulement économiser une heure de trajet, mais aussi 14% (5985 fr.) de son revenu disponible, qui se montera, dès lors, à 29 300 fr.
Entre Lausanne et Monthey
Imaginons maintenant que ce même célibataire (donc répondant au même profil) habite de l’autre côté du Léman, à Monthey. Sans frais de déplacement, son revenu librement disponible se monte à 36 500 fr. (42% de plus qu’à Genève!), ramené à 34 600 fr. à cause des transports publics jusqu’à Lausanne. Il perd donc deux heures de temps par jour de travail (ce qui n’est pas rien…), mais économise 5300 fr. en conservant son domicile valaisan plutôt que de déménager dans la capitale vaudoise.
Ce bénéfice va, pourtant, se transformer en perte si notre célibataire décide de prendre la route pour se rendre sur son lieu de travail. Même avec une petite voiture et la taxe de circulation la plus basse de Suisse, il va certes gagner 40 minutes par jour (par rapport au train), mais ramener son revenu disponible à 26 900 fr., soit 2400 fr. de plus que s’il habitait Lausanne!
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Ces informations, Credit Suisse les a calculées pour les 2700 communes suisses de plus de 500 habitants. Chaque fiche contient, de surcroît, le revenu disponible des 30 communes environnantes, avec ou sans les frais de déplacement vers le centre le plus proche. A commander gratuitement à l’adresse www.credit-suisse.com/research -> Economie suisse -> Régions. Lors de notre essai, les trois fiches nous ont été envoyées (par courrier électronique) 20 minutes après notre demande!
*Mobilité résidentielle et mobilité pendulaire: où la vie est-elle la moins chère? Le revenu disponible en Suisse. A télécharger sur www.credit-suisse.com/research
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.