Les amateurs de chasse savent distinguer, dans leur assiette, la selle du civet, mais pas forcément le type de gibier servi. Nous avons donc vérifié si les morceaux annoncés comme du chevreuil n’étaient pas, en réalité, du cerf, bien moins cher. A une exception près, les résultats sont réjouissants.
Restons dans la chasse, mais celle – moins réjouissante – qui se pratique sur le terrain de l’assurance maladie. Notre enquête démontre comment les comparateurs commerciaux affichent une vision tronquée de la réalité, afin de cibler les bons risques. Elle explique aussi comment ils servent, en priorité, les intérêts des caisses, contrairement à ce qu’ils laissent entendre, à coups de publicités et de communiqués de presse.
En utilisant ces plateformes, les consommateurs – et parmi eux des parlementaires – ignorent que l’affichage par défaut n’est qu’une vue réduite des primes disponibles. Qui se limite, pour l’essentiel, aux caisses partenaires et même aux modèles qu’elles souhaitent privilégier.
Malgré des tarifs exorbitants et l’existence d’un outil neutre et officiel, les comparateurs commerciaux bénéficient du soutien d’une majorité des assureurs. L’explication est à chercher du côté des complémentaires que ces derniers cherchent à placer sous couvert d’une simple demande d’offre pour l’assurance maladie de base.
Seule la caisse publique ou le contre-projet du Conseil fédéral, lequel prévoit une séparation claire entre la base et les complémentaires, permettra de mettre fin à ces pratiques douteuses. Or, un simple coup d’œil sur la longue liste des lobbyistes présents sous la Coupole, à Berne, laisse songeur…
Qui a dit que la saison de la chasse touchait à sa fin?
Zeynep Ersan Berdoz