En Suisse, quelque 350 000 personnes souffrent de diabète. Outre le contrôle de la glycémie ou l’importance d’avoir une bonne hygiène de vie, la maladie exige une attention particulière aux pieds. Ceux-ci doivent être régulièrement contrôlés et soignés adéquatement pour écarter tout risque de complications (lire encadré). En consultant des personnes compétentes, comme des podologues diplômés, les problèmes peuvent être évités. Or, la LAMal ne prend pas en charge les soins prodigués par ces spécialistes.
Podologues non reconnus
L’ordonnance sur les prestations dans l’assurance obligatoire des soins en cas de maladie (OPAS) prend en charge ce genre de traitement à des conditions très strictes: ils doivent être prescrits par un médecin et dispensés par des infirmiers, des organisations de soins et d’aide à domicile ou par des établissements médicosociaux.
Or, les pédicures et les podologues indépendants n’appartiennent pas à ce groupe. Par ailleurs, ils ne figurent pas sur la liste des fournisseurs de prestations reconnus par l’assurance obligatoire, à l’instar des physiothérapeutes, des logopédistes ou des diététiciens.
Les diabétiques doivent payer de leur poche
Pour être remboursées par leurs caisses maladie, les personnes diabétiques doivent donc être suivies par des professionnels qui n’ont pas toutes les compétences en la matière. Si elles veulent recourir à des spécialistes, elles n’ont pas d’autre choix que de payer de leur poche. A moins d’avoir souscrit une assurance complémentaire: Helsana, par exem ple, prend en charge les soins de podologues jusqu’à 90 fr. par heure. La couverture Global Solution du Groupe Mutuel participe entre 20% (niveau 1) et 90% (niveau 3). Swica, avec sa Complet Top, assume 90% du traitement (jusqu’à 30 fr. par séance), la Natura Confort de Wincare (Sanitas) 90% aussi (max. 500 fr. par an) et Visana couvre 50% des frais jusqu’à six fois par année, après étude des cas.
Une motion est en cours
Au mois de mars, le conseiller national jurassien Pierre-Alain Fridez (PS) a déposé une motion pour que la LAMal reconnaisse les prestations des pédicures-podologues diplômés pour les traitements prodigués aux patients diabétiques.
De l’avis du Conseil fédéral, ces soins sont effectivement d’une importance majeure pour empêcher la survenue de plaies chroniques qui peuvent mener à l’amputation. Il est donc disposé à élargir la liste des fournisseurs pour y intégrer les pédicures-podologues. Et propose au Conseil national d’accepter la motion.
Demi-lueur d’espoir
C’est une lueur d’espoir pour ces spécialistes dont le travail serait reconnu, et surtout pour les diabétiques. Avec un bémol toutefois: en 1998 déjà, la socialiste genevoise Liliane Maury Pasquier avait déposé une motion allant dans le même sens. Mais, à l’époque, le Conseil fédéral avait encouragé la Chambre basse à la rejeter. Ce qui avait été le cas quelques mois plus tard.
Marie Tschumi
CONTRÔLER SES BLESSURES
Le pied diabétique
Les pieds des personnes qui souffrent de diabète sont un danger permanent. Car, avec le temps, la sensibilité à la douleur est réduite (neuropathie): le malade ne sent plus les blessures (brûlures, ampoules, crevasses, durillons, cors, etc.) et ne se rend pas compte de leur aggravation. La circulation du sang peut également être perturbée (lésions artérielles), ce qui engendre une mauvaise cicatrisation et, par là même, des infections. Selon l’Association suisse du diabète, il faut donc:
> contrôler les pieds tous les jours (plan tes et espaces entre les orteils);
> ne pas les baigner plus de 5 minutes et seulement avec de l’eau tiède;
> les sécher soigneusement, y compris entre les orteils;
> éviter de porter des chaussettes et des chaussures trop serrées et vérifier qu’aucun caillou ne s’y est glissé;
> ne pas soigner soi-même les ampoules et les cors, mais faire appel à un spécialiste.