La balade tourne mal
Chaque année, quelque 700 promeneurs sont accidentés dans nos montagnes. Et en 1997, plus de 50 ont déjà trouvé la mort. Souvent, personne n’est responsable, mais les exceptions existent.
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Bon à Savoir 01-1997
08.10.1997
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En randonnée dans la région de Malters (LU), un enfant de 6 ans a été grièvement blessé en tombant d’un pont sans barrières. La commune de Malters doit-elle prendre en charge les frais médicaux sous prétexte que le pont n’était pas assez sûr pour les promeneurs? De telles questions et des aspects préventifs sont abordés dans une brochure (*) de l’Office fédéral de l’environnement, de la forêt et des paysages (OFEP). A l’approche des vacances d’automne, propices aux...
En randonnée dans la région de Malters (LU), un enfant de 6 ans a été grièvement blessé en tombant d’un pont sans barrières. La commune de Malters doit-elle prendre en charge les frais médicaux sous prétexte que le pont n’était pas assez sûr pour les promeneurs? De telles questions et des aspects préventifs sont abordés dans une brochure (*) de l’Office fédéral de l’environnement, de la forêt et des paysages (OFEP). A l’approche des vacances d’automne, propices aux balades, Bon à savoir fait le point.
Toujours attentif
Dans le cas de l’accident de Malters, la réponse est évidente: oui, la commune est responsable. Mais la situation n’est pas toujours si claire. Souvent, le promeneur accidenté ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Car les responsables des chemins pédestres balisés, que ce soit les communes ou les cantons, peuvent partir du principe que les randonneurs sont raisonnables et prudents.
Ainsi, les responsables des tracés ne sont pas tenus de supprimer les difficultés typiques du terrain pouvant être remarquées et surmontées par un promeneur attentif. Ce dernier doit donc doit à tout moment s’attendre à trouver des pierres, des racines ou des changements brusques de direction. Et s’il pose quand même le pied dans un trou et se foule la cheville, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. La responsabilité personnelle du promeneur est d’autant plus grande que la route choisie est exigeante: celui qui présume trop de ses forces ou part sans équipement adéquat ne peut espérer de dédommagements en cas de pépin.
Situation différente en cas de «pièges», à savoir des dangers imprévisibles pour le promeneur ou qu’il ne peut pas reconnaître à temps. Exemple récent: celui de la commune de Provence (VD), où l’entrepreneur André Schenk a trouvé la mort après être tombé dans un gouffre aux abords mal entretenus. Son corps n’a été retrouvé que deux semaines plus tard. Ici, la commune peut être tenue pour responsable, s’il est prouvé que l’accident du malheureux sexagénaire est dû à ce défaut d’entretien. Car l’autorité compétente doit veiller à ce que les chemins ne présentent pas de danger exceptionnel et qu’ils soient aménagés, balisés et entretenus correctement.
Cela implique également la suppression rapide d’éventuels défauts. Si cela nécessite de grands travaux, le sentier doit être barré ou du moins muni d’un avertissement. Par exemple, en cas de chute de pierres: lors d’un danger moindre, un panneau enjoignant le promeneur à passer rapidement suffit. En cas de risque accru, des constructions de sécurité (filets, détournement du chemin, toiture) s’imposent. Si ce n’est pas réalisable ou trop cher, il ne reste qu’à fermer la route.
Pas de garantie
Et lorsque la chute de pierres est déclenchée par des averses et surprend le promeneur à un passage apparemment sans danger? C’est alors la faute à pas de chance et il ne reste plus qu’à prendre le chemin de son assurance accidents. Car personne n’est responsable en cas d’événements naturels. Il en est ainsi d’une personne se blessant en montagne parce qu’elle s’est perdue dans le brouillard.
Cela vaut aussi pour d’autres cas particuliers. Les excursionnistes qui montent sur un sommet en téléphérique sans chaussures adéquates: ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Si, de là-haut, ils décident spontanément de faire une promenade, l’accident est souvent préprogrammé.
L’OFEP ne reste pourtant pas les bras croisés. Elle conseille aux responsables des remontées mécaniques d’aménager des zones protégées près des stations supérieures, où le promeneur peut se mouvoir en toute sécurité. Et elle exige également que des panneaux d’avertissement en plusieurs langues, voire des pictogrammes, rendent les voyageurs attentifs aux risques encourus hors de ces zones. Exemple d’information: «Descente raide et exposée (risque de vertige)!»
Mais sachant que l’unique façon d’éviter tout accident de montagne consiste à ne pas s’y rendre, un seul principe prévaut pour jouir de sa promenade: partir avec un minimum de bon sens et de prudence.
(*) Cahier de l’environnement No 266. Commande: OFEP, Documentation, 3003 Berne.