En revenant de vacances, Hans-W. Schmidtkunz brûle d’impatience de rafraîchir ses souvenirs grâce aux nombreuses photographies faites sur place. Son plaisir est gâché lorsqu’il découvre que, sur plusieurs rouleaux, le dernier négatif (correspondant à la 37e pose souvent disponible sur les films 36 poses) est coupé, donc perdu. Il envoie une réclamation au service photo de la Migros, qui s’excuse et lui fait parvenir des films vierges et des bons pour un développement gratuit. M. Schmidtkunz décide toutefois de changer de laboratoire, du moins croit-il le faire.
Toutes les coopératives Migros de Suisse romande (celle du Jura bernois exceptée) sous-traitent, en effet, le développement de leurs photos avec le laboratoire Kodak, à Renens. Hans-W. Schmidtkunz fait donc de même en lui confiant directement ses films! Et là encore, rebelotte: lors d’une récente livraison, une demi-douzaine de négatifs manquent ou ont été détruits, toujours à l’extrémité des rouleaux.
Le dernier négatif
Nouvelle réclamation, à laquelle Kodak répond en envoyant une circulaire type, expliquant que les films «sont, en principe, vendus pour le nombre de poses précisé sur la cartouche (12, 24, 36), l’excédent de longueur étant réservé aux besoins du traitement en laboratoire. Celui-ci se fait en rouleaux de plusieurs films, collés les uns aux autres au moyen d’une étiquette thermo-adhésive. En cas de prises de vue supplémentaires, le dernier négatif peut être partiellement recouvert par ladite étiquette. De ce fait, ce négatif ne pourra plus être copié, ou alors manuellement seulement.»
Hans-W. Schmidtkunz n’est pas satisfait: quatre négatifs ont en effet été détruits, et ne peuvent plus être copiés, même manuellement. Il réclame donc quatre films vierges, plus une indemnisation pour perte subie. Kodak lui demande les films endommagés. Il refuse: «Je n’avais ni le temps, ni la patience, ni la confiance», nous confiera-t-il plus tard.
Un mystère
Pour les spécialistes de Kodak, les ennuis de M. Schmidtkunz restent en effet un mystère. «Nous tirons près de 150 millions de copies par an, commente André Cambier, directeur de production. Nous ne pouvons donc éviter quelques ennuis techniques. Mais autant de problèmes reportés sur un seul client, c’est presque incroyable.» Et effectivement, il est courant qu’un film développé contienne 37, voire 38 ou 39 négatifs. Bon à Savoir l’a constaté lors d’une visite du laboratoire le 28 mai dernier.
Les codes imprimés sur les pochettes dans lesquelles les films sont retournés permettent cependant de remonter la filière et éventuellement de mettre le doigt sur les causes de l’incident, mais notre enquête a révélé que cette recherche n’a pas été faite avec les pochettes retournées par M. Schmidtkunz, ce qui met Kodak dans l’embarras. En revanche. André Cambier regrette que notre lecteur n’ait pas retourné les films comme cela lui avait été demandé: «Nous aurions pu éventuellement réparer le film ou même faire de nouveaux négatifs à partir des tirages. Mais sans matériel, nous ne pouvons rien faire.»
Finalement, après relance, M. Schmidtkunz a reçu les films vierges demandés, mais pas d’indemnités. Car tous les producteurs de films photographiques se protègent contre de telles exigences en précisant, aussi bien sur les emballages du film que sur la pochette de développement, que leur responsabilité se limite au remplacement du film perdu ou détérioré. Sauf accord spécial: en Belgique, par
exemple, une grande surface a signé un accord avec Kodak, ce dernier s’engageant, en cas de perte d’un film dans ses laboratoires, à payer le voyage au client lésé pour qu’il retourne immortaliser ses souvenirs!
Christian Chevrolet
CONSEILS
Souriez!
Facile de peser sur le bouton d’un appareil automatisé. Mais voici quelques conseils qui vous éviteront de croire le contraire...
• Si un film a été accidenté, signalez-le au laboratoire: il sera traité spécialement.
• N’utilisez pas les poses excédentaires pour vos plus belles photos: leur qualité n’est pas garantie.
• Utilisez la première pose (0) pour photographier votre carte de visite: si votre film est éventuellement égaré, le laboratoire saura ainsi à qui il appartient.
• Ne sortez les films de leur emballage d’origine qu’au dernier moment: ils seront ainsi protégés d’une humidité excessive (plus de 50%: risque de moisissure) ou insuffisante (moins de 15%: risque de cassure).
• Conservez vos films vierges à une température ne dépassant pas 21°C. Le frigo ne leur fera pas de mal, mais ce sont les films professionnels qu’on recommande de conserver au-dessous de 13°C.
• Ne conservez pas les films vierges ou non développés dans des armoires ou d’autres meubles neufs: les solvants de peinture, la laque ou d’autres émanations pourraient causer une dégradation de l’équilibre des couleurs.
• Lors d’un voyage en avion, ne laissez jamais vos films dans les bagages à soute. Ils risquent en effet de passer sous les faisceaux du terrible CTX5000, ce nouveau détecteur qui équipe déjà une vingtaine d’aéroports (mais pas celui de Genève ni celui de Zurich), et qui arrive à bousiller une pellicule, quelle que soit la protection imaginée! Rangez-les dans votre bagage de cabine.