La nouvelle est plutôt bonne: les parents peuvent désormais passer sans complexe des après-midi fabuleux avec un matériel minimal. «Apprendre en jouant avec trois fois rien» (*) est même le titre de l’un de ces ouvrages à même de convaincre les plus récalcitrants: le jeu ne requiert pas nécessairement des objets sophistiqués.
Car c’est bien avec les objets usuels et qui les environnent que les enfants créent les univers les plus fantastiques. Deux piquets, une couverture et une poignée de pincettes suffisent par exemple à ériger le château qu’ils doivent défendre et dans lequel ils habiteront jusqu’au goûter. Le bâton qu’ils ramassent se transforme naturellement en baguette magique qui conjure les mauvais sorts, chasse les sorcières et aurait le pouvoir de transformer maman en crapaud ou à zapper son discours sur glaces et chocolat à 10 h le matin. Dans ces jeux-là, l’enfant est toujours partie prenante et son imagination galope.
Tas de sable
Dans la région morgienne, la jardinière d’enfants Elise Joder a réhabilité avec ses collègues le tas de sable. «Pas celui où l’on joue à côté ou au bord, non: celui dans lequel on descend», explique la jeune femme. Qui a elle-même creusé à l’extérieur de son lieu d’accueil pour y mettre du sable, non sans y plonger quelques tuyaux coudés ou non récupérés dans les chantiers. «Une amenée d’eau et c’est bon: ils jouent pendant des heures.»
Il y a aussi ces petites boîtes de pellicule photo dans lesquelles Linda, mère de famille, met à chaque fois plus ou moins de grain de riz: à sa petite fille de les remettre dans l’ordre, suivant le son émis quand on les secoue. Le «truc» est simple, mais sait capter l’attention. Mais faire des tableaux dans des boîtes de chocolat vides avec ce que l’on a ramassé sur le chemin de la promenade ou confectionner des habits d’Indiens dans du drap en peignant de larges bandes colorées sont d’autres idées à même «d’emballer» les gosses.
A l’approche des vacances, nous vous proposons six jeux qui s’inscrivent dans ce que l’on pourrait appeler la tradition populaire. Ils s’interprètent à bien plaire dans le temps et l’espace, se conjuguent à l’infini et peuvent se jouer à deux comme à cinq, dix ou plus encore.
Gabrielle Desarzens
encadré1
La maison des petits nains
• Matériel: rien de spécifique, si ce n’est ce que les participants trouveront autour d’eux – de la racine à l’écorce en forêt, du coquillage au galet au bord du lac.
• Déroulement: les joueurs se rendent en pleine nature, déterminent un lieu propice à la construction miniature. Puis chacun s’attelle à la tâche: toit d’écorces, murs en pives, bancs de pignons. Les petites mains ratissent un espace devant la maison. Des bordures de cailloux délimitent les plantations de glands et de brindilles. Le jeu s’étire à bien plaire: on peut faire des dépendances, un chalet de vacances à quelques mètres…
• Objectif: passer un agréable moment à l’extérieur en créant quelque chose de joli qu’on laissera derrière soi. «L’éphémère est aussi quelque chose à cultiver», commente Marinette Maharjan, conseillère pédagogique.
encadré2
La pêche miraculeuse
• Matériel: un bâton, de la ficelle, des gobelets en plastique et des pincettes.
• Déroulement: les joueurs doivent d’abord confectionner leur canne à pêche. Puis un meneur de jeu les envoie «pêcher» de l’eau dans la rivière ou dans une bassine préalablement remplie. Il s’agit ensuite de suivre un circuit en évitant de renverser le liquide contenu dans le gobelet pendu au bout du fil. Là, le jeu s’adapte au terrain: en ville, l’enfant fera une fois le tour du parc, montera debout sur le banc public ou, en forêt, longera un tronc d’arbre, passera sous une branche… Pour augmenter la difficulté, munissez-vous d’un chronomètre!
• Objectif: exercice de motricité par excellence, le jeu mobilise l’agilité des jeunes participants.
encadré 3
Le goûter des monstres
• Matériel: du pain, un couteau, des pâtes à tartiner aussi originales que du dentifrice, de la mayonnaise ou du Nutela. Moins sournois, le jeu peut se faire aussi avec de simples épices, des confitures ou des plaques de chocolat. Choc blanc, aux amandes, au miel? Pour cette variante, il est judicieux de bander les yeux à celui qui doit reconnaître la saveur dégustée.
• Déroulement: le jeu oppose deux équipes, l’une qui fait deviner à l’autre le secret de bouts de tartine. Il n’est pas rare que la mère de famille soit le seul membre de l’équipe qui s’occupe de la confection de ce goûter particulier.
• Objectif: développer les papilles de ces chères têtes blondes et asticoter leur curiosité.
encadré 4
Les stars
• Matériel: un sac à déguisements truffé de vieilles chemises, de ceintures, de chapeaux, de foulards, de colliers et autres babioles. Eventuellement du maquillage.
• Déroulement: les joueurs farfouillent dans le sac et s’attifent comme bon leur semble, souvent de la manière la plus extravagante possible. Au bout d’un temps déterminé, seul ou accompagné d’un acolyte, l’enfant se produit sur une scène improvisée et «fait la star». Le meneur de jeu cote les productions. Variante: les productions en question sont des programmes télévisés. Le meneur de jeu les présente à une tierce personne et zappe à bien plaire, «essayons celle-là», et hop, l’enfant qui était en train de chanter s’arrête net dans sa chanson et garde la pose.
• Objectif: s’essayer à l’improvisation, laisser libre cours à l’imagination de chacun.
encadré 5
Le feu du bûcheron
• Matériel: des allumettes et quelques choses de comestible à brûler.
• Déroulement: on ramasse des brindilles, du petit bois et on fait le feu. Puis chacun cherche un «bâton pique», au bout duquel il mettra du pain beurré, une pomme, des mushmallows. Au moment de grignoter, chaque joueur
à son tour raconte une histoire. Une histoire «de sa tête», ou à partir d’un thème donné.
• Objectif: s’imprégner d’une atmosphère, d’une odeur qui n’a rien du barbecue, écouter et se laisser emporter par l’histoire du voisin.
encadré 6
La soupe aux sorcières
• Matériel: du crayon et du papier, un nombre de récipients équivalent à celui des joueurs, des bâtons.
• Déroulement: une personne dirige le jeu et donne à chaque participant une liste d’ingrédients à trouver, de la limace à l’aiguille de sapin. Le premier qui a trouvé l’entier de la liste peut commencer – de façon fictive, s’entend... – la mixture.
Interdit de manger!
• Objectif: jeu de rapidité et de débrouillardise. Il n’est pas toujours facile de trouver un escargot ou de reconnaître une feuille de laurier.
en rayon
Quelques bons livres
On pouvait reprocher aux livres de jeux et bricolages de présupposer beaucoup de matériel et de savoir-faire; la vapeur est aujourd’hui renversée. Aux rayons des librairies, nous vous proposons la sélection suivante:
• Apprendre en jouant avec trois fois rien (éd. Castermann, 111 p., 30,50 fr.) est une bible en la matière. Les parents réapprendront à jouer avec des cartons et du papier journal ou avec la corbeille à linge. Une véritable aubaine!
• Le grand livre des grands-parents (éd. Castermann, 125 p., 30,50 fr.) propose jeux, bricolages comme des recettes de cuisine. Boîtes en papier, bourses en toile cirée, comment organiser un jeu de piste en ville ou jouer avec un dico: l’ouvrage est truffé de bonnes idées.
• Jouer en voyage (éd. Marabout, 254 p., 21,80 fr.,) comprend plus de 1000 jeux d’observation, devinettes, jeux de lettres et petits bricolages.
• Le copain des bois (éd. Milan, 300 p., 45,40 fr.) est un grand classique et donne des pistes sur moult activités à faire en nature.
• Activités, bricolages et créations, le livre des 6 à 10 ans (éd. Fleures, 250 p., 29,50 fr.) ne réclame aucun matériel extravagant.
A noter encore que les éditions Mil tiennent toute une collection de livres jeux très demandée (27,50 fr. l’exemplaire). Et que le petit atelier Castermann propose une série d’ouvrages de jouets à faire soi-même, avec des matériaux simples et des explications fournies pas à pas (17,10 fr. l’exemplaire).