Sans rêver de la coupe bouffante des Jackson Five, d’aucuns se morfondent devant leurs cheveux plats, voire raplapla. La parade, à en croire l’industrie cosmétique, ce sont les shampoings «volume» qui promettent une chevelure tonique à faire pâlir les plus grandes stars. Bon à Savoir a tenu à le vérifier en mandatant deux laboratoires qui ont examiné l’efficacité de douze produits, tout en y décelant les substances problématiques (lire encadré).
Près de douze fois moins chers!
Comme le reflètent les résultats, inutile d’attendre des miracles, puisque aucun shampoing n’a été considéré comme «très bon». Petit réconfort s’il en est, seuls trois produits contenaient des substances indésirables. Et, une fois encore, le prix n’est pas un gage de qualité. Certes, le Lavera, deuxième article le plus cher du lot, caracole en tête du classement. Mais des concurrents beaucoup plus avantageux le talonnent de très près. C’est le cas des produits vendus chez Lidl et Aldi qui sont près de douze fois moins coûteux au millilitre!
Si les shampoings sont essentiellement composés d’eau et de tensides, ils contiennent aussi des principes actifs nécessaires au soin et au parfum du cheveu. Lorsque ce dernier est fin, un produit efficace doit à la fois le nourrir et donner de l’ampleur à la chevelure. Il absorbera aussi la graisse de manière que les cheveux se détachent au mieux les uns des autres. Mais les effets ne doivent pas être disproportionnés, sous peine de dessécher la chevelure et la rendre cassante.
Tout est dans le compromis
C’est pour cette raison que les fabricants ajoutent des agents de soins dans la composition. Ils visent à redonner de l’éclat aux cheveux et à faciliter leur coiffage et leur démêlage. Mais les dosages seront subtils pour ne pas alourdir la chevelure et, par conséquent, diminuer son volume. En résumé, l’industrie cosmétique doit concocter des recettes pour obtenir le meilleur compromis possible entre volume et soin capillaire.
On comprend dès lors pourquoi aucun des douze produits n’a «cassé la baraque» sur le seul critère du volume. L’unique à se distinguer est le Panthène Prov-V qui a récolté 5.1 points aussi bien pour le volume, la brillance que le coiffage. Il sort d’ailleurs en tête du classement intermédiaire avec la note globale d’utilisation la plus élevée. Le hic, c’est qu’il recèle des composants critiques, comme des muscs polycycliques et du formaldéhyde. D’où les pénalités qui le relèguent en dernière place du test, juste derrière les produits de Wella et de L’Oréal, également concernés par une composition problématique.
A la lecture des résultats, quelques fabricants ont réagi. Chez Rausch, échantillon le plus cher, Catherine Schneider estime qu’il est difficile de tirer des conclusions à partir d’un seule application. Pour Peter Eichenberger, de la maison Henkel, le shampooing Syoss est élaboré avant tout pour apporter du volume, justifiant ainsi la modeste note (4.5) obtenue pour le coiffage et le démêlage. Bonne nouvelle enfin, du côté de Lavera, qui a décidé de ramener le prix de son produit de 14.10 fr. à 11.50 fr. dès ce mois d’octobre.
Jeannette Büchel / yng
EN DÉTAIL
Les critères du test
L’Institut Dr. Schrader Creachem, à Holzminden, en Allemagne, a testé les douze shampoings pour les critères d’utilisation. Des coiffeu-ses et des coiffeurs professionnels ont appliqué chaque shampoing sur 22 personnes. A deux reprises, les cheveux ont été lavés, puis séchés. Les points suivants ont été appréciés.
1 - Volume: quelle ampleur et quel volume la chevelure a-t-elle pris? Les cheveux deviennent-ils électrostatiques? Se laissent-ils coiffer facilement?
2 - Brillance: les cheveux ont-ils de l’éclat, paraissent-ils soignés?
3 - Coiffage et démêlage: lorsqu’ils sont mouillés ou secs, se laissent-ils aisément démêler et coiffer? Sont-ils doux au toucher?
4 - Facilité d’application: le shampoing est-il simple à doser? Son application est-elle commode?
5 - Mousse: est-elle fine et durable? Est-ce que le produit mousse convenablement?
6 - Facilité de rinçage: le shampoing se rince-t-il facilement sans laisser de résidus?
Substances critiques
Le Laboratoire Eurofins Consumer Product Testing, à Hambourg, a recherché les composants problématiques cachés dans les produits.
7 - Formaldéhyde: substance qui migre par les voies respiratoires et la peau. Elle est cancérigène lorsqu’elle est respirée et considérée comme hautement allergène.
8 - Parfums très allergènes: il existe 26 parfums qui doivent être déclarés lorsqu’un produit en contient plus de 100 mg/kg. Ils sont répertoriés en quatre classes, en fonction de leur potentiel allergène. Les catégories A et B sont les plus critiques.
9 - Composés de muscs polycycliques: ils s’accumulent dans l’organisme et se dégradent difficilement. Ils sont considérés comme des perturbateurs endocriniens et certains sont même suspectés de modifier le patrimoine génétique.