La moitié des jeunes filles entre 14 et 19 ans, mais 80% des femmes souhaitent maigrir. Dans la jargon du marketing, on appelle cela un «créneau». Un créneau que des petits malins exploitent en faisant preuve d’une imagination débordante. L’algue qui absorbe les graisses et l’emporte avec elle hors du corps, les aliments à calories négatives (plus vous en mangez, plus vous maigrissez), les semelles massant les pieds au point stratégique – que ne propose-t-on pas à grands coups du pub? Des idioties que n’importe qui balayerait d’un revers de la main, si elles ne proposaient fallacieusement la voie de la facilité: perdre rapidement du poids sans privations!
Que les choses soient claires: si un tel moyen existait, cela se saurait. Or, même lorsqu’il s’agit de régimes s’appuyant sur des principes diététiques fondés, il y en a peu qui tiennent la route. En effet, selon une récente étude de l’Association suisse pour l’alimentation (ASA), seuls
2 régimes sur les 23 scientifiquement analysés sont «très recommandés» (1).
C’est une évidence: les kilos en trop, accumulés tranquillement depuis des années, ne peuvent pas disparaître pour toujours en quelques semaines. Tous ceux qui ont tenté de multiples régimes éclairs le savent: après une rapide et encourageante perte de poids les premiers jours, la volonté de respecter les restrictions diminue inévitablement. Les mauvaises habitudes alimentaires reviennent alors, avec en sus un fort sentiment de culpabilité: le régime est bon, mais j’ai tout gâché par mon manque de caractère.
Eh bien non! Dans l’écrasante majorité des cas, c’est le régime, et non votre volonté, qui est défaillant.
La preuve chiffrée
Une femme entre 25 et 50 ans, avec une activité physique moyenne, a un besoin énergétique de 2000 k/cal par jour, un homme de 2400 k/cal. S’ils mangent plus, le corps met le surplus en réserve sous forme de graisse. S’ils mangent moins, ce même corps ira chercher la différence dans la graisse, qui va donc diminuer. Or, un kilo de graisse représente 7000 k/cal. Même en vous astreignant à un régime de 1000 k/cal par jour, ce qui est déjà très dur, vous ne perdrez qu’un kilo de graisse par semaine. On est donc loin des 4-5 kilos promis par certaines publicités!
Et pourtant, diront certains, j’ai en effet perdu 3 à 4 kilos en une semaine. Peut-être bien, mais pas 3 à 4 kilos de graisse! Et c’est là tout le problème: de nombreux régimes vous font perdre avant tout de l’eau et du muscle. Ce n’est dès lors qu’un leurre: non seulement vos bourrelets ne diminuent presque pas, mais votre corps doit obligatoirement retrouver son poids d’eau s’il veut préserver sa santé. Et en diminuant vos muscles, vous allez à contre-courant, puisqu’ils sont, en action comme au repos, de gros consommateurs d’énergie, donc de calories!
Les régimes sérieux ne peuvent ainsi proposer un amaigrissement supérieur à un kilo par semaine. Et comme il est extrêmement difficile de suivre une diète aussi restrictive (1000 k/cal par jour) sur plusieurs semaines, mieux vaut planifier une perte maximale de un à deux kilos par mois. Pour ce faire, plutôt que d’enrichir des rigolos ou des pseudo-scientifiques, utilisez l’excellent matériel proposé par l’ASA. Par exemple, la brochure «Maigrir en bonne santé» (2), qui explique de façon très didactique tous les enjeux d’un régime avant de vous guider dans votre combat contre les graisses superflues.
Christian Chevrolet
(1) «Régimes amaigrissants: pour faire le bon choix», 15 fr.
(2) «Maigrir en bonne santé», 16 fr.
A commander à ASA, CP 8333, 3001 Berne. ((031) 385 00 00.
publicité douteuse
Les promesses dont il faut se méfier
L’ASA lance un appel à la prudence vis-à-vis de tous les régimes:
• proposant un apport quotidien inférieur à 1000 k/cal;
• se fondant sur un choix d’aliments déséquilibré et unilatéral, ou lorsque certaines combinaisons sont interdites;
• promettant une perte de poids supérieure à un kilo par semaine
• jurant qu’il n’induit aucune modification de vos habitudes alimentaires;
• vantant sa méthode à l’aide de photos «avant et après»;
• garantissant le succès, souvent en ajoutant des phrases comme «vous ne regrossirez plus jamais»;
• recourant à des noms clinquants de scientifiques ou d’institutions médica-
les inconnus, ou à des dénominations fantaisistes telles que «Régime Hollywood»;
• reposant exclusivement sur l’achat de produits.