Idée Toni, mauvaise idée

Le nouveau pot de verre Toni est transparent, mais perdu. C’est le consommateur qui paie pour son élimination…

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Bon à Savoir 12-2000

06.12.2000

Blaise Guignard

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Idée Toni, idée Jojo: tout au long de l’année, les affiches pour le yogourt en pot de verre ont fleuri sur les murs. Le message est passé: désormais, le fabricant ne reprend plus le fameux petit pot. Au consommateur de payer pour le recycler.
C’est en octobre 1999 que Swiss Dairy Food, propriétaire de Toni, a remplacé le pot de verre brun reremplissable de son produit phare (55 millions d’unités vendues en 2000) par un pot de verre blanc perdu. En cause, une chute des taux de retour au magasin (moins de 50% la dernière année selon Toni) et, bien sûr, les «goûts du consommateur», censé juger le verre transparent «plus attractif». Bref, un changement dont le consommateur serait l’unique responsable.
Il en paie en tout cas les conséquences: en lui confiant le sort de ces petits pots de 100 g de verre blanc, Toni se débarrasse par la même occasion des coûts de récupération, de lavage et de remplissage des pots. A la collectivité de payer! Car le yogourt n’étant pas une boisson, son emballage n’est pas soumis
à l’Ordonnance sur les emballages pour boissons (OEB). Swiss Dairy Food n’a donc pas à payer de redevance finançant le recyclage de ses déchets. Même si ceux-ci sont en verre. Même s’il s’agit de
la plus grande entreprise laitière du pays (plus de 60% de la production nationale). Et même si le principe du «pollueur-payeur» est inscrit dans la loi.

Pollueur, pas payeur
Dérangeant, estime Peter Gerber, adjoint à la Section emballages et biens de consommation de l’Office fédéral de l’environnement: «Si le producteur ne veut pas se plier au principe, et qu’il n’y est pas contraint par voie d’ordonnance, nous ne pouvons l’y forcer. En l’occurrence, nous avons le sentiment que Toni en profite sciemment.»
«Ce n’est pas nous qui faisons la loi, et les pots de yogourt ne sont qu’une infime proportion de la quantité totale de verre perdu», rétorque en substance Susanne Schawalder, porte-parole de Swiss Dairy Food. Est-ce une raison pour reporter le coût de son élimination sur les consommateurs? La contribution gracieuse de ces derniers à l’élimination des déchets de Toni pourrait d’ailleurs ne pas être acquise: selon Peter Gerber, le champ d’application de l’Ordonnance sur les emballages de boissons pourrait être étendu d’ici à quelques années.
Blaise Guignard

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