Le courrier électronique est rapide, simple et presque gratuit: un envoi par e-mail ne coûte qu’un centime environ contre près d’un franc pour un envoi similaire par la poste. Malheureusement, cette quasi-gratuité encourage des envois massifs d’e-mails publicitaires non sollicités (ou spams). Selon Ferris Research, un cabinet de recherche spécialisé dans les messageries électroniques, le spam aurait connu une croissance de 450% en 2002 et atteindrait 60% des e-mails envoyés.
Achat d’adresses
Près de la moitié des e-mails non sollicités proviendrait de sociétés, petites ou grandes, tout à fait respectables. Il est en effet aisé pour une entreprise de rassembler, d’acheter ou de louer des adresses e-mail d’internautes.
Parfois, ces adresses ont été obtenues d’une manière correcte, c’est-à-dire avec un consentement préalable et sans équivoque des intéressés désireux de recevoir des of-fres commerciales sur des sujets précis. Malheureusement, la majorité des courtiers d’adresses e-mail usurpent sans scrupule ces adresses en les aspirant avec des logiciels spéciaux à partir de sites web, de forums de discussion ou d’annuaires virtuels.
Les parades
Mais les parades existent et sont d’autant plus efficaces si l’on agit en amont. La règle d’or est de divulguer le moins possible son adresse e-mail sur Internet (sites web, forums de discussion, formulaires). Au besoin, on peut utiliser deux e-mails: une adresse «publique» (à changer fréquemment) et une adresse confidentielle
(à ne communiquer qu’au compte-gouttes). Mais si le mal est déjà fait et que votre messagerie est submergée par des courriers indésirables, voici comment lutter contre ce fléau.
• Ne réagissez pas aux spams si les expéditeurs vous sont inconnus: le simple fait de vous désabonner d’une liste de distribution indique au spammeur que votre adresse e-mail est bien active.
• Ne cliquez jamais sur un lien contenu dans un spam, car cela sera probablement interprété comme une preuve de votre intérêt par le spammeur qui ne vous lâchera plus. Au besoin, saisissez manuellement le lien dans votre navigateur.
Logiciel antispam
• Utilisez un logiciel anti-spam, par exemple MailWasher (téléchargeable gratuitement sur le site www.
mailwasher.net), lequel efface les messages non désirés sans les rapatrier sur votre disque dur et envoie aux spammeurs des messages d’erreur pour faire croire que votre adresse est invalide.
• Si un spammeur identifié résidant en Suisse refuse de vous désabonner d’une liste de distribution, vous pouvez informer votre fournisseur d’accès, voire déposer une plainte civile et alerter le préposé fédéral à la protection des données (www.edsb.ch).
• Ecrivez à l’Association Suisse de Marketing Direct (SDV-Robinsonliste, Riedstrasse 1, case postale, 6343 Rotkreuz) et indiquez que vous ne souhaitez pas recevoir de publicité. Par conséquent, un astérisque sera apposé à côté de votre adresse dans différentes bases de données, notamment dans le fameux Twixtel (l’un des CD-rom qui contient la totalité des bottins téléphoniques suisses et qui est une des sources préférées des spammeurs helvètes).
Philippe D. Monnier
situation légale
Vers un durcissement bienvenu
En Suisse, selon la Loi fédérale sur la protection des données (LPD), «il est actuellement possible d’envoyer en toute légalité des e-mails non sollicités à un grand nombre de destinataires, déplore Kosmas Tsiraktsopoulos, membre de la direction auprès du préposé fédéral à la protection des données. Il faut toutefois que le contenu de ces e-mails soit licite et que les destinataires aient la possibilité d’être rayés gratuitement de la liste d’envoi, et encore que les prescriptions de la Commission suisse pour la Loyauté soient respectées».
En Europe, la législation est plus sévère et exige depuis peu le consentement préalable des internautes. Heureusement, avec les modifications en préparation de la Loi fédérale sur les télécommunications (LTC) et de la Loi fédérale contre la concurrence déloyale (LCD), Kosmas Tsiraktsopoulos estime qu’il est «probable que le spam devienne clairement illégal en Suisse durant le courant de l’année 2004».