On en avalerait presque son digestif de travers: près de la moitié des 74 échantillons d’eaux-de-vie suisses ou étrangères achetées récemment dans quatre cantons romands n’étaient pas conformes à l’Ordonnance fédérale sur les boissons alcooliques. Les analyses, dirigées par le Service de protection de la consommation genevois, ont mené à un premier constat: si le contenu de votre verre a bon goût, ce n’est pas forcément un signe de qualité. Cinq échantillons (sur 42 testés, soit 11%) contenaient ainsi des arômes synthétiques, ce qui est interdit dans les eaux-de-vie de fruits. Pas de danger pour la santé, mais il s’agit quand même d’une «tromperie», souligne le service genevois.
D’autres tests, menés sur la teneur en alcool, en méthanol, en uréthane et sur la somme des alcools supérieurs ont également réservé de mauvaises surprises. Pour certaines de ces substances, la loi détermine des valeurs dites de tolérance. En gros, vous ne risquez pas grand-chose quand elles sont dépassées.
Pour le méthanol et l’uréthane, c’est une autre histoire. A haute dose, l’uréthane est un poison cancérigène alors que le méthanol peut provoquer la cécité et même la mort. L’alcool frelaté au méthanol fait régulièrement son lot de victimes aux quatre coins de la planète. Pas étonnant dès lors que le législateur ait fixé des valeurs dites limites à respecter strictement. Or, à l’analyse, quatorze échantillons présentaient des teneurs trop importantes pour l’une ou l’autre de ces deux substances.
Risquer la mise en bière en consommant de l’eau-de-vie, voilà qui serait de bien mauvais goût! Olivier Zali, chimiste cantonal genevois, tempère ces craintes: «Il s’agit dans les cas présents de légers dépassements justifiant un retrait des produits du commerce, mais pas un rappel auprès de la population. Il n’y a pas lieu d’affoler cette dernière.»
Fédéralisme oblige, les dossiers ont été envoyés aux chimistes cantonaux des régions où sont basés les producteurs concernés afin que les mesures adéquates soient prises. Quant à nous, impossible d’en savoir davantage sur les marques concernées:
le Service de protection de la consommation genevois manque de transparence et ne fournit pas de précisions sur ce point.
Au final, un petit arrière-goût amer dans la bouche et une bonne occasion de rappeler que quand on abuse de l’alcool, c’est notre santé qui trinque.
Sébastien Sautebin