«Unique en Suisse: l’assurance vie liée à des fonds sans examen de santé pour les personnes âgées de 50 ans et plus.» Voici une offre, a priori tentante, adressée dernièrement par Generali aux séniors utilisant la carte M-Cumulus, la conclusion du contrat donnant droit, en plus, à 2500 points Cumulus.
«Privilège», c’est son nom, est donc une assurance vie mixte liée à des fonds de placement permettant à la fois d’assurer le risque décès et de constituer une épargne, avec garantie pour les nouveaux clients d’être acceptés sans examen de santé ni réserves. Mieux vaut pourtant y regarder à deux fois avant de signer.
Certes, le client ne doit pas se soumettre au traditionnel questionnaire de santé. En revanche, l’assureur impose une restriction de versement de capital durant les deux premières années d’assurance si le décès est dû à une maladie. Dans ce cas, seules les primes versées jusqu’alors, majorées de 10%, seront restituées. Une clause qui ne figure pas dans les contrats d’assurance vie traditionnels.
Autre point négatif: durant les deux premières années toujours, si le décès est consécutif à un accident, il devra survenir dans les 90 jours! Au-delà, le versement du capital n’est, encore une fois, pas garanti. Interpellé, l’assureur prétend que, «au-delà de 90 jours, il se peut que le décès soit en partie dû à une maladie. Dans ce cas, les prestations seront alors servies selon les quotes-parts correspondantes.» Une clause qui ne figure pas non plus dans les contrats d’assurance vie standard.
Exemple: une personne atteinte d’un cancer est blessée dans un accident de voiture. Les blessures ne sont pas graves, mais une opération est tout de même nécessaire. Cette personne décède d’une défaillance multiple des organes. Tant l’accident que la maladie jouent ici un rôle dans la mort de l’assurée, argumente Generali. Une opération n’aurait pas été requise si l’accident n’avait pas eu lieu. Et, sans le cancer, la personne aurait survécu à l’opération. La détermination de la proportion due à la maladie et à l’accident sera faite au cas par cas, précise toutefois l’assureur.
Epargne peu intéressante
L’assurance Privilège est présentée ensuite comme un produit adapté aux personnes désireuses d’«atteindre un objectif d’épargne sûr». Dans les faits pourtant, l’assuré risque bien de faire la soupe à la grimace à l’échéance du contrat. En effet et par exemple, pour un homme de 52 ans, qui verserait chaque année 6000 fr. pendant 15 ans, Generali garantit un capital de 84 500 fr.
Or, l’assuré aura versé, lui, 90 000 fr. au total! Soit 5500 fr. de plus. Pourquoi? Parce que, en réalité, sur la totalité de la prime versée chaque année, seule une petite partie sera consacrée à l’épargne, et donc rémunérée. Le reste servira à couvrir le risque de décès et les frais divers (gestion et administration). Et, plus l’assuré est âgé, plus la part réservée à la couverture décès est importante. Ce qui réduit d’autant le montant consacré à l’épargne.
Selon Cedric Zermatten de VZ Insurance Services, de manière générale, les assurances vie mixtes ne sont pas un bon placement. Il est préférable de conclure une assurance vie couvrant le risque de décès uniquement et de placer son épargne ailleurs.
Et mieux vaut ne pas compter non plus sur la participation aux excédents pour faire gonfler son bas de laine. Ces plus-values extraordinaires que l’assureur réalise sur les marchés avec l’argent des assurés ne sont, rappelons-le, jamais garanties.
Au moment de faire son choix, on sera enfin conscient qu’il ne pas facile de se libérer d’un tel contrat avant l’échéance, sans perdre de l’argent. Une résiliation moins de trois ans après la signature entraînera ainsi la perte totale des montants versés, la loi n’imposant pas aux assureurs d’accorder un rachat avant ce délai.
Chantal Guyon