Face aux tarifs de dédouanement différenciés pratiqués par La Poste, le consommateur avait de quoi s’arracher les cheveux. Pour un colis ou une lettre de valeur identique, ses trois canaux de distribution (La Poste et ses deux filiales EMS et GLS) facturaient des frais distincts. Grâce à l’accord trouvé l’an dernier entre le surveillant des prix et le géant jaune, les choses ont changé. Depuis le 1er mars, le calcul est le même pour les trois prestataires.
Taxation progressive
Alors que l’ancienne grille tarifaire était étalonnée par paliers, la nouvelle mouture sera progressive. Pour tous les envois en provenance des pays limitrophes, il faut désormais débourser 12 fr., plus 3% de la valeur du contenu. Pour les colis venant de toutes les autres nations, la taxe est de 16.50 fr., à laquelle on ajoute également 3% de la valeur. Et, dans tous les cas, les frais sont plafonnés à 70 fr. par envoi.
Cette unification des prix profitera avant tout aux importations qui passent par GLS (envois commerciaux normaux) et EMS (envois commerciaux urgents). Globalement, ces deux canaux factureront le dédouanement moins cher que par le passé; le gain est spécialement intéressant pour les objets de moindre valeur. C’est donc tout bénéfice pour le consommateur qui passe commande à l’étranger, sur des sites d’achat notamment.
Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que GLS et EMS ne représentaient respectivement que 35,3% et 14,7% du marché en 2010. Ce qui signifie que la moitié des expéditions transitait par La Poste, canal destiné aux particuliers. Or, la nouvelle tarification n’est pas tendre avec cette filière. En prenant l’exemple d’un envoi d’une valeur de 500 fr., le client paie le dédouanement 50%, voire 75% plus cher qu’auparavant!
Petites valeurs favorisées
Si impressionnants soient-ils, ces écarts doivent néanmoins être relativisés. Car, comme le rappelle Marcel Chavaillaz, porte-parole de la Surveillance des prix, l’évolution s’avère favorable au plus grand nombre: «Il ne faut pas oublier que les envois d’une valeur inférieure à 200 fr., représentent près de 70% du trafic en provenance des pays voisins. Or, dans ce cas, les nouveaux frais de dédouanement sont moins élevés.»
La Surveillance des prix relève d’ailleurs qu’une grande partie des doléances concernaient les tarifs appliqués par GLS et EMS pour les envois de moindre valeur. GLS facturait notamment 43 fr. pour tous les colis importés d’une valeur inférieure à 62.50 fr., alors que l’opération est devenue gratuite. Pour la majorité des consommateurs, le nouveau système va dans le bon sens. Et il a l’avantage de réduire quelque peu les entraves à l’importation directe, en accentuant la pression sur les prix affichés en Suisse.
Yves-Noël Grin
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