Nous sommes tous des consommateurs d’aspartame. Cet ersatz du sucre se trouve en effet dans moult produits ingurgités au quotidien, comme des édulcorants de table, des boissons, des multivitamines, des yaourts, etc. Or, le produit causerait des symptômes préoccupants, allant de pertes de mémoire jusqu’à des tumeurs au cerveau. C’est du moins ce que dénonce le revue américaine Nexus ou le site Internet de l’association Mission possible international, à laquelle sont affiliés des membres actuels et démissionnaires de la FDA américaine (Food and Drug Administration), l’administration chargée d’autoriser ou d’interdire l’apparition de nouveaux produits sur le marché nord-américain.
Inquiétudes
«Or, je prends tous les jours du zucritam dans mon thé, s’inquiète Gabriel Ruedin. Car à mon âge, j’aime surveiller mon poids.» Et comme le zucritam comprend 18 mg d’aspartame par comprimé, ce lecteur de Bon à Savoir s’est senti interpellé par ces allégations pour le moins alarmantes, relayées par le journal français Sport et Vie. Il a donc fait part de son inquiétude à Migros, en lui demandant de se prononcer sur l’éventuelle toxicité du zucritam que l’on trouve dans ses rayons. Il n’a pas encore reçu de réponse, mais les porte-parole du géant orange ont d’ores et déjà indiqué à Bon à Savoir qu’ils considèrent le produit sans danger.
Ils ne sont pas seuls. En Suisse, tous les supermarchés vendent des marchandises qui mentionnent l’aspartame dans leur composition. Une mention d’ailleurs obligatoire. Au contraire de l’indication de la teneur, sauf en ce qui concerne les édulcorants. Pour ces derniers, l’ordonnance fédérale sur les additifs alimentaires stipule en effet que le type et la quantité par comprimé ou unité de conditionnement doivent être clairement indiqués.
Est-ce à dire qu’il existe réellement un danger? «Selon nos sources, répond Hugo Kupferschmidt, chef de ser-vice du Centre suisse d’information toxicologique, l’aspartame est considéré comme peu toxique. Cela signifie que la toxicité aiguë ou chronique n’existe pas avec cet édulcorant, sauf en cas de prise très élevée.» Même son de cloche à Lausanne, auprès de Jacques Diezi, chef de l’Unité de toxicologie de la Faculté de médecine, qui rappelle que la FDA a publié plusieurs prises de position au cours de ces trois dernières années, notamment en réponse aux allégations des sites Internet: «La FDA a maintenu l’autorisation d’utilisation aux Etats-Unis qu’elle avait décidée en 1981, et se tient à l’évaluation toxicologique faite à cette époque. Elle estime que l’ensemble des affirmations visant à attribuer une toxicité majeure à l’aspartame est dénuée de base scientifique, notamment les accusations d’effets cancérigènes.
C’est vrai: les ouvrages de référence en matière de toxicologie mentionnent l’existence de controverses persistantes à propos de la sécurité d’emploi de l’aspartame. Mais la conclusion générale reste que, pour des consommations ne dépassant pas la dose journalière admissible (40 mg par kilo et par jour), l’aspartame n’induit pas de toxicité que l’on puisse clairement attribuer au composé. Réserve faite pour les enfants atteints de phénylcétonurie (n.d.l.r.: déficience d’un enzyme qui entraîne une arriération mentale et qui touche un enfant sur 16 000).
Recommandations de l’OMS
C’est l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a émis des recommandations chiffrées: 40 mg/kg de poids corporel/jour pour l’aspartame, 5 mg/kg/jour pour la saccharine, et 11 mg/kg/jour pour le cyclamate. Cela veut dire qu’un adulte de 70 kilos est censé pouvoir consommer 155 comprimés de zucritam, 19 d’assugrine et 11 de zucrinet par jour sans danger apparent.
La Suisse est plus floue. Elle a certes établi des normes, reprises dans l’ordonnance fédérale sur les additifs alimentaires. Elles concernent la composition des bonbons et chewing-gums, les boissons, les nectars de fruit, les limonades et eaux de table (pour lesquelles seul le cyclamate est limité à 0,8 g/l) et les conserves de fruits, de légumes et au vinaigre. Or, les doses d’aspartame n’y sont jamais limitées.
Gabrielle Desarzens
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