Feux trop puissants?
Les feux au xénon sont-ils réellement aveuglants, ou faut-il seulement s’y habituer?
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Bon à Savoir 11-2001
07.11.2001
Blaise Guignard
Dernier raffinement technologique en matière d’éclairage automobile, les phares au xénon sont parés de toutes les vertus par les constructeurs: économiques, ils consomment jusqu’à 30% d’énergie en moins que les halogènes, sont plus durables (ils sont censés survivre à
la voiture qu’ils équipent…) et sont bien plus puissants.
Tellement puissants que certains les accusent de mettre en danger les autres usagers de la route. «Il y a toujours des gens qui nous écr...
Dernier raffinement technologique en matière d’éclairage automobile, les phares au xénon sont parés de toutes les vertus par les constructeurs: économiques, ils consomment jusqu’à 30% d’énergie en moins que les halogènes, sont plus durables (ils sont censés survivre à
la voiture qu’ils équipent…) et sont bien plus puissants.
Tellement puissants que certains les accusent de mettre en danger les autres usagers de la route. «Il y a toujours des gens qui nous écrivent pour se plaindre d’éblouissement lorsqu’ils croisent des voitures équipées de phares au xénon», continue Jean-Marc Thévenaz, de la Sécurité routière du Touring Club Suisse (TCS).
Chef de clinique à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin à Lausanne, le Dr Thomas Wolfensberger ne juge pas
la situation alarmante: «Ce n’est en tout cas pas une question d’actualité parmi les ophtalmologues. Il est vrai, en revanche, que les personnes âgées développent souvent une petite cataracte, qui les rend très sensibles aux sources de lumière.»
Controverse
A l’époque de leur introduction, en 1997, les feux au xénon ont pourtant déclenché une petite controverse: s’appuyant sur l’opinion d’un éminent ophtalmologue allemand, le Pr Bernhard Lachenmayr, qui relevait leur caractère aveuglant, des parlementaires socialistes ont demandé au Conseil fédéral de «prendre des mesures pour remédier à cette dangereuse évolution». Demande rejetée par les Sept Sages, estimant que les défauts des feux de première génération avaient été corrigés, notamment par les normes européennes prescrivant un système de réglage automatique du faisceau lumineux.
Dans sa réponse, le Conseil fédéral imputait les plaintes recensées à la «perception inaccoutumée du rayonnement lumineux», soulignant que l’introduction, vingt ans auparavant, des feux halogènes blancs avait également fait l’objet de contestations, «jusqu’à ce que la nouvelle lumière perde de son intensité pour les usagers de la route». Explication que le Dr Wolfensberger juge assez plausible pour la reprendre à son compte.
En tout état de cause, la question ne préoccupe guère le Bureau de prévention des accidents (BPA): «Le caractère dangereux des phares à xénon n’a toujours pas été démontré», explique Béatrice Rückstühl, porte-parole du BPA. Lequel reste pourtant prudent: «En l’absence de statistique, on ne peut pas non plus affirmer que leur puissance accroît la sécurité des conducteurs», nuance Béatrice Rückstühl.
Blaise Guignard