Une étude du WWF révèle que les ménages britanniques jettent plus de 8 millions de tonnes de nourriture et de boissons à la poubelle chaque année, alors que 60% de ces déchets alimentaires auraient pu être consommés. En Suisse, ce sont 250 000 tonnes qui seraient jetées chaque année par les commerces, dont 10% pourraient être tout à fait consommables! Les données concernant les ménages ne sont pas connues.
Les denrées alimentaires vendues en Suisse doivent porter une date de durabilité. Seuls font exception quelques produits comme le vinaigre, le sel, le sucre sous forme solide, le miel, les glaces en emballage individuel, les fruits et légumes frais non travaillés, etc. La loi distingue deux types d’aliments: ceux qui sont réfrigérés, et qui doivent porter la mention «à consommer jusqu’au…», et ceux, peu périssables, qui ne se conservent pas au frais, devant porter l’indication «à consommer de préférence avant fin…» ou «à consommer de préférence jusqu’au…».
Afin d’y voir plus clair, nous avons sélectionné plusieurs groupes d’aliments et les avons classés dans les catégories dites «sensibles» et «de garde».
Aliments sensibles
Cette première catégorie contient le plus grand nombre de denrées. Une interruption de la chaîne du froid peut les rendre impropres à la consommation, avant même d’avoir atteint leur date limite.
> Viande et plats cuisinés: date limite à respecter pour éviter un risque de toxi-infection. Conservés dans de bonnes conditions, ils peuvent être consommés 24 heures après la date limite.
> Viande hachée: date limite à respecter rigoureusement! Celle achetée en boucherie doit être consommée le jour même.
> Jambon cuit, charcuterie à la coupe, terrines, pâtés, rillettes: date limite à respecter. Une fois entamés, à consommer dans les deux jours.
> Charcuterie sèche: jusqu’à deux semaines après la date limite, si elle a été placée au frais. Une fois l’emballage ouvert, à utiliser rapidement.
> Poissons et fruits de mer: date limite à respecter rigoureusement.
> Yogourts: jusqu’à une semaine si l’emballage est intact et l’opercule non gonflé. Leur goût peut être plus acide.
> Lait pasteurisé: un à deux jours après sa date limite, pour autant qu’il n’ait pas tourné.
> Fromages à pâte dure, comme le gruyère ou à pâte molle: jusqu’à deux semaines après la date limite, sauf en cas de moisissure ou d’odeur désagréable. A garder dans l’emballage d’origine ou dans du papier cellophane. Ceux à la coupe (donc sans date limite) se gardent deux semaines après l’achat.
> Fromages frais à tartiner: mieux vaut respecter la date limite et, une fois ouverts, à consommer dans la semaine.
> Œufs: entreposés au frais et sans fêlure, ils peuvent être gardés deux semaines après leur date limite, à condition de les utiliser pour la pâtisserie ou de les cuire.
> Surgelés: la congélation n’éradique pas les bactéries, mais «gèle» leur prolifération. Le respect de la chaîne du froid est donc primordial. Dans de bonnes conditions, ils peuvent être cuisinés quelques mois au-delà de la date limite.
Aliments de garde
Cette seconde catégorie regroupe les denrées «de garde» et ne pose pas de problème particulier, sauf en cas de signes inquiétants.
> Pâtes, riz, purées déshydratées, farine, café, épices, etc.: conservés au sec, ils peuvent être utilisés bien après leur date limite. Leur saveur risque d’être altérée.
> Conserves: plusieurs années au-delà de la date limite, pour autant que les boîtes ne soient ni rouillées ni bombées (risque mortel de botulisme)!
> Biscuits et chocolat: le chocolat peut être consommé quelques mois après la date limite, en particulier le noir. Mais son goût sera peut être altéré. Idem pour les biscuits, dont la texture risque d’être dégradée.
> Lait UHT: jusqu’à dix jours après la date limite. Avant de l’utiliser, il faut contrôler que l’emballage ne soit pas gonflé. Une fois ouvert, il est aussi fragile qu’un lait pasteurisé qui doit être placé au frais et utilisé rapidement.
Garder son bon sens
Les femmes enceintes, les personnes âgées ou fragiles ainsi que les jeunes enfants doivent respecter les dates limites de consommation des produits frais.
Rappelons aussi qu’un aliment qui présente des traces de moisi doit être jeté. L’erreur fréquente, avec les confitures par exemple, consiste à n’enlever que la partie moisie, pour consommer celle qui semble intacte. Mais il faut savoir que la moisissure envoie en profondeur des substances invisibles qui peuvent être toxiques.
Enfin, il ne faut pas oublier que la règle d’or reste le bon sens! Avant de consommer un aliment dont la date est dépassée, il convient d’observer sa couleur, sa consistance, de sentir son odeur, voire de le goûter, afin de se faire une idée de sa «fraîcheur».
Doris Favre,
diététicienne diplômée