Du porc dans le veau!
Des produits à base de viande de veau peuvent contenir jusqu’à 49% de porc – sans compter le lard.
Sommaire
Bon à Savoir 02-1998
18.02.1998
Ellen Weigand
Regina et Erwin ont acheté un pâté de veau à 20 fr. les 500 grammes chez Globus Delicatessa. Mais ils se sont aperçus que le pâté ne contenait que 12% de veau. Dans la liste des ingrédients, la viande de porc, moins chère, était d’ailleurs mentionnée avant le veau. Donc, le pâté contenait plus de porc que de veau. Car, selon l’ordonnance fédérale sur les denrées alimentaires, les ingrédients sont à déclarer par ordre décroissant de quantité – de l’ingrédient le p...
Regina et Erwin ont acheté un pâté de veau à 20 fr. les 500 grammes chez Globus Delicatessa. Mais ils se sont aperçus que le pâté ne contenait que 12% de veau. Dans la liste des ingrédients, la viande de porc, moins chère, était d’ailleurs mentionnée avant le veau. Donc, le pâté contenait plus de porc que de veau. Car, selon l’ordonnance fédérale sur les denrées alimentaires, les ingrédients sont à déclarer par ordre décroissant de quantité – de l’ingrédient le plus abondant
au moins présent dans le
produit.
L’ordonnance fixe aussi la composition: «Si la désignation d’un produit carné contient un nom d’animal, la part de viande de cet animal – dans le cas précis du veau – doit constituer plus de 50% du total de viande du produit», explique Pierre Heimann du service des denrées alimentaires d’origine animale de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Ce qu’Andreas Wöllner, de l’Association des maîtres-bouchers, confirme: «Ne pas respecter cette ordonnance est illégal et revient à tromper le consommateur.»
Le sort du lard
Malgré cette ordonnance, le pâté de Globus n’est pas une exception: lors d’un petit tour au centre de Zurich, les confrères de notre partenaire alémanique K-Tip ont trouvé cinq produits dits de veau, qui, selon l’étiquette, contenaient davantage de porc: respectivement deux chez Coop et Jelmoli et un autre chez Globus. Rien de tel, en revanche, dans les magasins Epa et Migros visités.
Coop, Jelmoli et Globus parlent d’«erreurs regrettables», qui, après notre critique, auraient immédiatement été corrigées. Tous soulignent que seules les étiquettes étaient fausses, mais que la recette du produit était correcte, avec plus de viande de veau que de porc.
Autre problème: la saucisse de veau contient également du lard, que les bouchers ne considèrent pas comme de la viande. Ils n’en tiennent donc pas compte lorsqu’ils calculent la proportion de viande de porc. Ce que désapprouve l’OFSP. Quant aux chimistes cantonaux, chargés de l’exécution de l’ordonnance, ils ne sont pas d’accord entre eux. Pour l’heure donc, une seule chose est sûre: l’ordonnance nécessite encore quelques aides d’interprétation.
Ce genre de tricherie est plus répandue qu’on pourrait le croire, comme l’a démontré un contrôle au Tessin, en été 1996. Il s’agissait de vérifier si le «vitello tonnato» était vraiment à base de veau. Résultat surprenant: 11 des 37 magasins vendaient du porc et même de la dinde à la place du veau. Sans déclaration!